Volkswagen lutte contre les vols orchestrés par ses propres salariés. Parmi les cas notables, un réseau criminel interne a détourné plus d’un million d’euros de pièces détachées, révélant des failles dans les mécanismes de contrôle du constructeur automobile.
Quand des failles internes ouvrent la porte à un réseau criminel
L’affaire a de quoi faire grincer les rouages d’un géant comme Volkswagen. Entre janvier et juin 2024, la marque a ouvert 81 procédures disciplinaires contre ses propres salariés pour vol ou fraude, précise Autobild. Mais derrière ces chiffres inquiétants se cache une affaire spectaculaire : un réseau de six hommes, tous liés à VW, a détourné des pièces automobiles d’une valeur de plus d’un million d’euros du centre logistique de Harvesse, en Basse-Saxe. La procédure avait tous les atouts d’un scénario hollywoodien. Deux membres du groupe, propriétaires de garages automobiles, ont utilisé leurs réseaux en Pologne et en Russie pour identifier les pièces nécessaires à leurs activités. Une fois la liste des « commandes » établie, elle a été remise à un complice, employé comme magasinier chez VW. Cette dernière avait pour mission de charger les pièces sur des camions destinés à approvisionner l’usine de Braunschweig. Mais en chemin, le convoi a fait un détour : les chauffeurs ont transféré la cargaison dans un autre camion, sous la surveillance d’un sixième complice.
Au total, 13 déplacements de ce type ont été réaliséspermettant de détourner des centaines de pièces. Une logistique parfaitement huilée qui, un temps, est passée sous le radar des contrôles internes. Lorsque l’affaire a été portée devant le tribunal régional de Braunschweig, les aveux des accusés ne laissaient aucun doute sur la véracité des faits. Les peines, bien que lourdes, tenaient néanmoins compte de plusieurs circonstances atténuantes : aucun des prévenus n’avait de casier judiciaire, les faits remontaient à plusieurs années, et surtout, les lacunes des contrôles internes de Volkswagen ont grandement facilité leur entreprise criminelle. Vitaly H., le principal organisateur du réseau, et Eugen M., l’employé de VW impliqué, ont chacun reçu trois ans et neuf mois de prison. Les propriétaires des garages ont été condamnés à des peines allant de deux ans et neuf mois à trois ans et quatre mois. Les chauffeurs, de leur côté, ont également été condamnés à des peines de prison, tandis que l’assistant logistique a été condamné à une peine avec sursis.
Comment restaurer la confiance ?
Lors de l’audience, le juge a souligné l’absence de contrôles chez VW à l’époque des faits. Malgré des inventaires réguliers qui ont révélé des incohérences, les mesures correctives semblaient inexistantes. « Nous leur avons rendu la tâche extrêmement facile »dit-il. Conscient de la gravité de ces événements, Volkswagen a réagi en mettant en œuvre une série de mesures visant à renforcer sécurité et prévenir de tels abus à l’avenir. L’entreprise a mis en place un système d’alerte anonyme permettant aux salariés de signaler en toute confidentialité tout comportement suspect. En outre, des mécanismes de contrôle supplémentaires ont été mis en place pour combler les lacunes identifiées. Les chiffres démontrent une politique disciplinaire renforcée : 708 salariés ont été licenciés et 2 151 ont reçu un avertissement pour violation du règlement intérieur au cours du premier semestre 2024. Un rapport qui montre la volonté de Volkswagen de ne pas laisser ces problèmes s’enraciner.
Mais ces mesures suffiront-elles à redorer l’image d’un constructeur déjà fragilisé par d’autres crises ? Pour VW, l’enjeu va au-delà de la simple correction de défauts. Il s’agit de restaurer la confiance au sein de l’entreprisemais aussi envers les partenaires et les clients. Si cette affaire touche particulièrement Volkswagen, elle résonne bien au-delà de ses murs. Elle met en lumière la vulnérabilité des grandes entreprises au vol interne, souvent facilité par la complexité des chaînes d’approvisionnement et les défaillances humaines.
Dans un secteur où la compétitivité repose autant sur la qualité des produits que sur l’efficacité des opérations, les entreprises n’ont plus le luxe d’ignorer ces enjeux. Volkswagen, en divulguant ces incidents et en agissant de manière transparente, envoie un message fort : il est temps de prendre la sécurité au sérieux.
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