Fonction publique québécoise, SAQ, débardeurs du port de Montréal, et maintenant Postes Canada… Les grèves connaissent une montée fulgurante au Québec et au Canada depuis deux ans, dans un mouvement propulsé par l’augmentation du coût de la vie.
En 2023, le Canada a enregistré près de 6,6 millions de jours-personnes (le nombre de jours multipliés par le nombre de personnes) non travaillés en raison de conflits de travail, le plus élevé depuis 1986, selon Statistique Canada.
Le nombre de jours-personnes non travaillés en raison de conflits du travail a augmenté ces dernières années.
Photo : Radio-Canada
Cette tendance à la hausse s’explique par un taux de chômage faible et surtout une hausse extraordinaire de l’inflation
C’est l’opinion de Claudette Carbonneau, ancienne présidente du CSN.
Même son de cloche pour le professeur en relations industrielles à l’Université du Québec à Trois-Rivières Jean-Claude Bernatchez. Le syndicalisme est dans une stratégie de rattrapage […] pouvoir d’achat
il résume.
La rareté de la main d’œuvre – accentuée par le départ des baby-boomers du marché du travail – constitue un levier de négociation important, selon M. Bernatchez.
A ce facteur s’ajoute un changement de valeurs
au sein d’une main-d’œuvre jeune, qui souhaite assurer un bon équilibre entre travail et vie personnelle, ajoute le professeur. Les jeunes ne pensent plus comme le pensaient les baby-boomers. Ils ne travaillent plus comme des fous. Ils veulent travailler moins, mais mieux
il explique.
Le télétravail et l’intelligence artificielle sont aussi des éléments qui contribuent à un monde du travail en mutation, note M. Bernatchez.
De la même manière, la multiplication des grèves n’est peut-être pas près de s’essouffler, suggère-t-il.
Je prédis que la tendance que nous observons se maintiendra probablement pendant 5 à 10 ans. […] C’est un changement de valeurs, un mouvement générationnel, c’est une révolution à laquelle on assiste actuellement.
La grève, un outil de pression rentable
Le Front commun, qui représentait près de 420 000 travailleurs de la fonction publique québécoise lors des négociations de l’automne 2023, a obtenu une augmentation salariale de 17,4 % en 4 ans, soit près du double de ce qui était initialement proposé. ’employeur.
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Des milliers de membres du Front commun syndical participent à une manifestation devant le Parlement, à Québec, en novembre 2023.
Photo: Radio-Canada / Colin Côté-Paulette
Ces gains impressionnants ont peut-être inspiré d’autres mouvements syndicaux, estime Claudette Carbonneau. Nous sommes conscients que ce n’est que par une action collective que nous parviendrons [à des gains]. Et de ce côté-là, oui, cela redonne ses lettres de noblesse à l’action syndicale.
Un mouvement syndical fort dans le secteur public
Selon Statistique Canada, le taux de syndicalisation dans le secteur public est en hausse depuis 25 ans, et s’établissait à 76,7 % en 2023, alors qu’il a diminué dans le secteur privé, pour atteindre 15,5 %.
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Au Canada, le taux de syndicalisation du secteur public est en hausse depuis 25 ans.
Photo : Radio-Canada
Par ailleurs, les salariés du secteur public ont davantage cessé leur travail en 2023 : en moyenne, 54 heures de travail ont été perdues pour 1 000 salariés du secteur public, contre un peu plus de 9 heures dans le secteur privé.
Les femmes – plus nombreuses dans le secteur public – ont également passé plus de temps en grève que les hommes l’année dernière, une tendance à l’opposé de celle des 50 dernières années.
Avec les informations de Jean-Philippe Hughes
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