Un Montréalais qui a travaillé trente ans dans une banque a failli se retrouver à la rue en dilapidant ses économies dans des loyers devenus trop chers à cause de la crise du logement.
« Je ne pouvais rien demander de mieux que de payer mon loyer. Mais il faut avoir de l’argent», souffle Frédéric Bussières, rencontré par La Revue dans son minuscule appartement de trois ans et demi du quartier Milton-Parc à Montréal.
L’homme de 56 ans a failli le perdre à la fin de son bail le 1est August, incapable de payer son loyer de 1 060 $ par mois.
Cela représente 55 % de ses revenus, soit bien plus que le seuil de 30 % recommandé par la Société canadienne d’hypothèques et de logement.
Même sans voiture et en se serrant la ceinture, il a rapidement épuisé les 1 975 $ de pension qu’il reçoit par mois pour la nourriture, l’électricité et le transport, s’il veut aller voir ses parents au Québec de temps en temps.
Licencié
Tout a commencé à se détériorer en 2018, lorsqu’il a perdu son emploi à la Banque Laurentienne.
Il se remettait de problèmes rénaux et hépatiques lorsqu’il apprit que son employeur n’avait plus besoin de lui, préférant un guichet automatique.
«Ça a été un choc», raconte celui qui n’a jamais réussi à retrouver un emploi équivalent depuis.
L’ancien employé de banque n’a eu d’autre choix que de puiser dans ses économies pour maintenir son niveau de vie et payer son ancien loyer de 1 650 $ par mois.
Il y a seulement trois ans, il a enfin réussi à trouver un logement plus petit et moins cher.
« Au début, ça avait l’air bien, je pouvais relativement bien vivre, mais tout augmente. Nourriture, électricité… J’aurais dû avoir le temps d’atteindre l’âge de la retraite à taux plein », estime-t-il.
Aide au loyer
Pour éviter l’expulsion, M. Bussières n’a eu d’autre choix que de demander de l’aide.
Il a obtenu un prêt de 3 000 $ de la Banque d’aide au loyer, un projet pilote de la Maison du père pour prévenir l’itinérance (voir ci-dessous).
Un ouvrier l’aide à gérer le peu de revenus dont il dispose.
« Vous restez chez vous et nous vous aidons à payer. Cela évite de changer d’environnement et de payer le déménagement », souligne-t-il.
Il porte désormais un regard différent sur les personnes contraintes de vivre sous des tentes. “C’est effrayant… C’est peut-être égoïste, mais tu ne veux pas que cela t’arrive.”
La banque d’aide au loyer, une solution ?
La Maison du père a mis en place une banque d’aide au loyer en raison de l’explosion des demandes d’aide liées à un risque d’expulsion, pas moins de 500, rien qu’en 2024.
« On a vu le profil des personnes qui sont venues chez nous changer. Il s’agit de personnes qui n’ont jamais connu l’itinérance, de personnes âgées de plus de 50 ou 55 ans qui sont déplacées lors d’un moment de vulnérabilité, lors d’un séjour à l’hôpital par exemple », explique Alexandre Clément, directeur financier.
L’organisation veut intervenir en amont, pour éviter que des personnes ne tombent à la rue. Grâce à une subvention de 45 000 $ du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, des intervenants pourront venir en aide à 15 personnes à risque de perdre leur logement comme M. Bussières.
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