Des citoyens mettent en demeure la MRC de Joliette pour avoir signé une entente – sans en informer la population – dans laquelle elle s’engage avec l’entreprise EBI à favoriser l’agrandissement de son site d’enfouissement sur des terres agricoles où se trouvent des milieux humides. La MRC prévoit modifier le zonage du terrain ce mercredi lors d’une séance extraordinaire qui a lieu deux semaines avant que Québec n’applique des exigences environnementales plus strictes en matière d’aménagement.
La MRC aurait déployé un « stratagème comparable à de la fraude afin de soustraire le projet » [d’agrandissement] à tout débat public concernant les impacts environnementaux, agricoles et urbains du projet », a écrit un groupe de citoyens dans la mise en demeure envoyée ce mercredi aux représentants de la MRC de Joliette, dont le préfet et maire de Joliette Pierre-Luc Bellerose. La presse obtenu une copie.
Le groupe demande à la MRC de relancer l’étude de l’agrandissement du site d’enfouissement en consultant la population. Ils déplorent que la MRC et la petite municipalité de Saint-Thomas aient signé des ententes avec le gestionnaire du site d’enfouissement Dépôt Rive-Nord – propriété du géant EBI – sans en avoir informé la population.
La presse a révélé en septembre l’existence d’une entente entre EBI et la MRC de Joliette dans laquelle l’entité municipale s’engage à « favoriser la réalisation du projet » et a renoncé à son « droit d’inspection » quant à la quantité et à l’origine des déchets enfouis sur son territoire, pour une durée de 25 ans.
En échange, l’entreprise confirme qu’elle versera à la MRC 250 000 $ lors de la modification de son plan d’aménagement et le même montant si la Commission pour la protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) donne le feu vert au projet. .
EBI a établi une entente similaire avec la municipalité de Saint-Thomas dans laquelle elle s’engage à verser à la municipalité de 3 500 habitants des sommes qui totaliseront plus de 1,8 million de dollars si le projet d’agrandissement est réalisé.
« Il paraît pour le moins discutable que le vote des élus soit secrètement monétisé au profit d’une entreprise privée », lit-on dans la mise en demeure. Le versement de « sommes importantes » lors du changement de zonage « soulève d’importantes questions éthiques pour les élus et représentants qui ont participé à ces discussions sans la transparence requise par la loi. »
Cela évoque les discussions entre le MRC et l’EBI qui auraient eu lieu alors que l’entreprise n’était pas inscrite au registre des lobbyistes : « Il faudra attendre le 25 septembre 2024, soit plus d’un an après le début des discussions et quatre mois après la conclusion. de l’entente avec Saint-Thomas, selon laquelle EBI Opération inc. a finalement déclaré un mandat d’arrêt au registre.
Projet de décharge en milieu sensible
L’agrandissement du site d’enfouissement géré par Dépôt Rive-Nord est prévu sur 87 hectares de terres agricoles cultivées – l’équivalent de 195 terrains de football – où se trouvent des zones boisées et des milieux humides. C’est à quelques dizaines de mètres des habitations et à deux pas de la tourbière de Lanoraie que cette entreprise appartenant à EBI prévoit enfouir des millions de tonnes supplémentaires de déchets, dont près de 50 % proviennent du Grand Montréal. .
Connaissant les détails de l’agrandissement depuis moins d’un mois, ces citoyens exigent que la MRC reporte la modification de son plan d’aménagement nécessaire au passage du zonage agricole à industriel du terrain où est prévu l’agrandissement du site d’enfouissement. Les représentants du MRC se réunissent ce mercredi en séance extraordinaire pour adopter ces changements.
L’adoption d’une modification « si controversée par une assemblée extraordinaire en milieu d’après-midi démontre une campagne orchestrée pour échapper à tout contrôle des citoyens », est-il écrit.
Les citoyens déplorent finalement que cette séance extraordinaire soit prévue deux semaines avant que les MRC ne soient obligées de se conformer aux nouvelles exigences d’urbanisme québécoises, plus strictes sur les plans environnemental et agricole.
Le gouvernement du Québec a adopté ce printemps un décret qui resserre l’encadrement pour favoriser le « développement durable » du territoire de la MRC. Ces derniers devront accorder une attention particulière à la conservation des milieux agricoles, des écosystèmes, notamment des zones humides, ainsi que des ressources en eau dès le 1est Décembre.
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