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“Nous sommes à la traîne des criminels dans le domaine des cryptomonnaies”

Plus de 250 personnes des secteurs privé et public se sont réunies fin octobre à Zoug pour discuter de la lutte contre l’utilisation des monnaies virtuelles à des fins criminelles. En Suisse, de plus en plus de soupçons de blanchiment d’argent liés aux cryptomonnaies sont transmis aux autorités.

« Nous avons acquis une vaste expérience dans la lutte contre la criminalité financière et le blanchiment d’argent sur le marché traditionnel. Cependant, nous sommes à la traîne des criminels dans le domaine des crypto-monnaies», déclare Christoph Gnägi, porte-parole de l’Office fédéral de la police (Fedpol), interrogé par le RSI.

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« Le crime ne dort jamais »

Outre leur utilisation tout à fait légale, les cryptomonnaies sont également utilisées « aux fins illicites les plus diverses, allant du vol et de la fraude aux formes les plus graves de criminalité internationale comme le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme », note-t-on. Fedpol à la fin du symposium de Zoug. “Le crime ne dort jamais”, ajoute la police fédérale.

L’utilisation des monnaies virtuelles par des criminels est un phénomène mondial, constate Christoph Gnägi. La Suisse étant l’un des leaders mondiaux des cryptomonnaies, elle n’est évidemment pas épargnée : « la Crypto Valley de Zoug » est connue dans le monde entier et d’autres régions, comme Lugano, Neuchâtel ou Genève, émergent également dans ce secteur.

>> Lire aussi : A Genève, Neuchâtel, Zoug ou Lugano, la Suisse se rêve en paradis des cryptomonnaies

De plus en plus d’annonces de transactions suspectes

Alors qu’elles n’étaient qu’une poignée il y a quelques années, les signalements de transactions suspectes en Suisse sont désormais quotidiens. L’année dernière, 14,5% des déclarations de soupçons liées au blanchiment d’argent ou au financement du terrorisme concernaient des cryptomonnaies, selon le rapport annuel 2023 du Bureau d’information sur le blanchiment d’argent (MROS).

>> Lire aussi : Les cryptomonnaies augmentent les risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme

En Suisse, le nombre d’intermédiaires financiers dans le domaine des actifs virtuels a explosé ces dernières années, passant de moins de 10 en 2018 à plus de 200 fin 2022. Ces entités sont cruciales dans la lutte contre la criminalité, notamment en matière de coopération internationale, souligne Christoph Gnägi. «La Suisse a intégré la coopération internationale dans son cadre juridique et s’aligne sur les normes du GAFI, le Groupe d’action financière.»

Un défi pour le monde de la finance

Signe des difficultés que posent les monnaies virtuelles au monde de la finance, en termes de «compliance», de respect des normes, la Banque cantonale neuchâteloise (BCN) a récemment décidé de ne plus accepter de clients actifs dans le trading de cryptomonnaies. “Les contraintes en termes de ressources et de moyens financiers sont trop grandes pour nous permettre de continuer”, a expliqué le directeur de l’établissement Pierre-Alain Leuenberger dans Le Temps.

Alors que Neuchâtel est pionnier dans le domaine de la technologie blockchain en Suisse, le redressement de la BCN a contraint certains des principaux acteurs locaux à chercher un nouveau partenaire bancaire en dehors du canton.

>> Lire aussi : La BCN limitera les transactions avec les crypto-monnaies à partir de juin

Les risques réglementaires pourraient également avoir des répercussions à Lugano. La ville tessinoise abrite Plan B, une collaboration entre la municipalité et Tether, une entreprise controversée active dans le secteur de la monnaie virtuelle. Cependant, selon le Wall Street Journal, les autorités américaines enquêtent sur Tether pour d’éventuelles violations des sanctions et des règles anti-blanchiment d’argent. Allégations démenties par le PDG de l’entreprise, Paolo Ardoino.

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Francesca Calcagno et John Robbiani, RSI

Adaptation en français : Didier Kottelat

 
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