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Les Flamands à la tête des banques belges. Est-ce un problème ?

La forte présence de managers flamands ne se limite pas aux postes de CEO. Parmi les cinq membres du comité de direction de BNP Paribas Fortis, il n’y a qu’un seul francophone, en la personne de Stéphane Vermeire. Ce n’est pas grand-chose. Trop peu ? « Il n’y a pas de règle précise. La loi bancaire et le code des sociétés et des associations imposent uniquement un objectif de genre au sein du conseil d’administration. La BNPPF veille bien entendu à ce que ses différentes instances et comités soient composés de manière équilibrée. »répond le service de presse.

La banque BNP Paribas Fortis accusée de « violation du service bancaire universel »

Le souci actuel chez BNPP Fortis est de mettre en avant les femmes alors qu’il n’y en avait pas au sein du comité de direction jusqu’en 2021. Ce n’est pas un hasard si le communiqué publié cette semaine souligne que le comité exécutif (qui est plus large que le comité de direction) « compte désormais sept femmes et six hommes ». Il y avait du rattrapage à faire puisque c’est en 2022 que Sandra Wilikens fut la première femme à rejoindre le comité de direction.

Le principe 70 stipule que la banque « s’efforce de garantir qu’aucun département ou niveau de fonction ne compte plus de 70 % de personnes du même sexe, de la même nationalité ou du même groupe d’âge ».

Le principe de 70

Chez ING Belgique nous disons très «flamand», trois des six membres du comité de direction sont belges dont un francophone, Cédric Lebegge, qui porte le titre de Chief Operating Officer. Le responsable de la banque privée, activité phare où il faut être très présent auprès des clients fortunés, est Sali Salieski, de nationalité néerlandaise. « ING promeut le respect de la diversité au sens large. Quels que soient leur sexe, leurs origines culturelles ou même leur âge, chacun a les mêmes chances de poursuivre une carrière et d’évoluer chez ING. Nous priorisons les compétences et n’appliquons aucun critère linguistique”souligne le service de presse. Et pour se souvenir «le principe des 70» où la banque « s’efforcer de garantir qu’aucun département ou niveau de fonction ne compte plus de 70 % de personnes du même sexe, nationalité ou groupe d’âge. »

Pour le groupe KBC, la domination des néerlandophones est quasi totale et logique compte tenu de l’identité flamande du pays. “banque d’ici”. A l’exception toutefois notable de David Moucheron, ancien avocat et fils du journaliste de la RTBF Georges Moucheron. Et qui dirige la division belge. Il est tout de même surprenant que, pour sa filiale wallonne, CBC, le groupe flamand ait choisi un homme issu de la communauté germanophone. Il s’appelle Clemens Scholzen.

Règle non écrite

Belfius est un peu plus francophone du fait de la présence de Marc Raisière en tant que CEO. Ce dernier devrait être remplacé par Olivier Onclin sous réserve du feu vert de la Banque centrale européenne. Mais même si Olivier Onclin n’est pas retenu, un néerlandophone devrait être choisi puisque la présidence du conseil d’administration est promise à Marc Raisière. Cela permettra de respecter « la règle non écrite selon laquelle le président du comité de direction et le président du conseil d’administration doivent être de régimes linguistiques différents »rappelle le service de presse.

Au sein du comité de direction de Belfius, outre Marc Raisière, les deux autres francophones sont deux femmes, Marianne Collin et Camille Gillion.

Marc Raisière cèdera les rênes de Belfius à Olivier Onclin

Du côté des grands acteurs de la banque privée, le constat est le même. Mais avec quelques nuances. Quant à la banque Delen, dont une partie de la clientèle est francophone, l’actuel PDG, Michel Buysschaert, est un francophone originaire de Flandre.

Quant à la Banque Degroof Petercam, elle est dirigée par Hugo Lasat, également flamand. Elle a cependant connu une longue période de patrons francophones (Regnier Haegelsteen, Philippe Masset, Bruno Colmant), qui est à rapprocher d’un ancien actionnariat familial belge francophone. Le rachat français du Crédit Agricole pourrait-il changer la donne ? Sujet délicat… Certains s’étonnent qu’Hugo Lasat soit toujours en place. Lui trouver un remplaçant n’est probablement pas facile. En interne, personne ne semble s’imposer. D’autant que l’examen d’aptitude et de compétence imposé par la BCE n’est pas une tâche facile… Et bombarder un Français pourrait être malvenu alors que plus de 70% des richesses du pays se trouvent dans le nord du pays.

Pas d’ostracisme

Les raisons de cette forte présence des Flamands sont multiples. Dans la génération des plus de 50 ans, les dirigeants sont souvent nettement meilleurs bilingues que les francophones. Ils viennent de la région la plus riche du pays. Ils semblent également plus déterminés à poursuivre une carrière dans le secteur financier, compte tenu de leur profil d’hommes autodidactes comme Peter Adams. Mais n’ont-ils pas aussi tendance à se coopter ? C’est arrivé, bien sûr. Mais invoquer ce seul élément est réducteur, selon de nombreux banquiers francophones, qui nous disent ne pas avoir été victimes d’ostracisme. « C’est une juste compensation après une surreprésentation des francophones qui posait problème. Il y a un mouvement de pendule. Cela ne me fait pas aller aux barricades. »résume l’économiste Etienne de Callataÿ.

 
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