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Un premier pas vers l’électrification des croisières au Québec

(Québec) Une première étape importante a été franchie vers l’installation d’immenses bornes de recharge électrique dans le port de Québec pour permettre aux navires de croisière amarrés d’éteindre leurs génératrices au mazout, qui dérangent depuis des années les citoyens du Vieux-Québec.

Ottawa a annoncé vendredi une subvention de 22,5 millions de dollars pour électrifier les trois quais desservant les navires de croisière ainsi qu’une section des quais industriels réservée aux navires de marchandises.

Ces terminaux, qui entreront en service en 2027 si tout va bien, permettront aux immenses navires amarrés au Port de Québec de couper leurs génératrices. Des études ont montré qu’un navire de croisière de 50 000 tonnes – soit moins de 1 000 passagers – émettait autant de particules fines que 50 000 voitures roulant à 130 km/h.

À titre de comparaison, le plus gros navire à avoir transité par le port de Québec cette année, le Joie norvégienneavait une capacité de 3 700 passagers.

La capitale est particulièrement appréciée des croisiéristes. Le Port de Québec prévoit accueillir 118 navires de croisière en 2024, qui resteront amarrés à quai plusieurs heures pendant que leurs moteurs tournent.

«C’est une excellente nouvelle», a réagi l’ancien conseiller municipal du district de Cap-aux-Diamants Jean Rousseau, contacté par La presse. « J’habite Place Royale et quand j’ouvre mes fenêtres, on ressent la suie, la saleté, les odeurs… Les fumées des navires. Il y a une très forte pollution lorsque ces navires sont présents et nous réclamons depuis des années des actions dans ce sens. »

Le ministre fédéral des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, était tout sourire lors de l’annonce vendredi matin. Le député québécois parle depuis des années aux citoyens des nuisances causées par les bateaux.

«Nous investissons dans la qualité de vie et la santé des gens qui ont la chance et parfois aussi le défi de vivre dans des quartiers centraux à proximité du Port de Québec», a-t-il déclaré. Nous pensons au Vieux-Port, au Petit-Champlain, aux gens qui sont fiers d’habiter ici, mais qui bénéficieront d’un environnement plus propre. »

Le projet de 55 millions peut compter sur 22,5 millions du gouvernement fédéral. Le Port de Québec prolongera 11 millions et espère que Québec contribuera à hauteur de 21,5 millions.

«Nous sommes très confiants que le gouvernement du Québec ira de l’avant, avec les signaux qu’il a déjà envoyés», a déclaré M. Duclos. Parce que c’est bon pour la région du Québec. On sait qu’il y a des défis à avoir un port au centre-ville de Québec, il y a aussi des solutions. »

La presse a contacté vendredi le cabinet du ministre des Transports pour savoir si Québec irait de l’avant. Nous n’avions pas reçu de réponse au moment de la publication de ces lignes.

Quelque 15 MW par bateau

Actuellement, 40 % des navires de croisière de la planète sont équipés de la technologie nécessaire à une connexion électrique. Lors de la pandémie de COVID-19, plusieurs compagnies de croisières ont profité de l’amarrage forcé des bateaux pour les adapter à l’électricité, a expliqué le président-directeur général du Port de Québec, Mario Girard.

«Tous les bateaux actuellement en construction seront équipés pour l’électrification», ajoute M. Girard, qui vient également d’être nommé délégué général du Québec à Tokyo, et quittera la direction du Port en février.

Selon le PDG, seuls 3 % des ports disposent de bornes électriques. Mais l’électrification des quais est une tendance majeure et inéluctable, selon lui.

Mario Girard doit maintenant convaincre Hydro-Québec et le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie d’accorder au Port un tarif industriel. « Cela prend beaucoup de mégawatts. C’est une chose énorme de s’accrocher à un bateau de croisière. On ne branche pas de rallonge comme on en a à la maison ! », lâche-t-il.

Selon lui, chaque bateau à quai nécessiterait 15 mégawatts, soit une puissance capable d’alimenter 2 400 foyers en électricité. « Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de maisons. C’est énorme. Il s’agit d’un projet spécial pour Hydro-Québec. Mais nous sommes confiants car ce n’est pas la saison où la demande est la plus forte, en septembre, octobre ou novembre. C’est logique pour Hydro-Québec. »

Près de 8 millions au Port de Montréal

Ottawa annonce également deux investissements au Port de Montréal pour l’électrification des quais de fret. Quelque 3 millions de dollars seront consacrés à l’électrification du terminal de Viterra, qui reçoit les navires CSL en provenance des Grands Lacs pendant la saison céréalière. Au terminal Bickerdike, 4,5 millions seront injectés par le gouvernement fédéral pour électrifier le quai qui accueille les navires Oceanex faisant la navette entre Montréal et Saint John, à Terre-Neuve.

 
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