Les nombreux actionnaires du colosse canadien des télécommunications BCE, propriétaire de Bell, ont subi un nouveau coup dur en Bourse jeudi, après l’annonce d’une perte nette de 1,23 milliard, soit 1,36 $ par action, pour son troisième trimestre clos le 30 septembre.
Mis à jour hier à 17h06
Cette perte est à l’opposé du bénéfice net de 640 millions, ou 70 cents par action, annoncé par BCE au cours du trimestre comparable de l’an dernier.
Dans leur état des résultats trimestriels, les dirigeants de BCE ont attribué l’ampleur de cette perte nette du troisième trimestre à l’impact d’une charge de dépréciation de 2,1 milliards de dollars qui a dû être récemment comptabilisée pour la perte de valeur. actifs de télévision et de radio de sa filiale Bell Média.
Par ailleurs, BCE a également annoncé jeudi que ses revenus d’exploitation au troisième trimestre, à 5,97 milliards, ont diminué de 1,8% par rapport aux 6,08 milliards enregistrés au cours du trimestre comparable il y a un an.
En conséquence, les hauts dirigeants de BCE ont annoncé à ses actionnaires qu’ils réduisaient leurs attentes en matière de revenus pour l’exercice 2024. Ils s’attendent désormais à une baisse annualisée d’environ 1,5 %, ce qui constitue un renversement de leur prévision antérieure d’une modeste augmentation des revenus de 1 à 4. % en 2024 par rapport à l’exercice précédent.
Concurrence « intense »
Ce renversement des prévisions survient alors que Bell fait face à des revenus de produits sans fil inférieurs aux prévisions et à une pression soutenue sur les prix des services sans fil.
Bell fait également face à un taux de désabonnement et d’annulation de services de télécommunications plus élevé dans un contexte de concurrence accrue et d’offres promotionnelles.
« Je ne suis pas satisfait du taux de désabonnement. Je ne pense pas que quiconque serait satisfait de ces chiffres », a admis le président et chef de la direction de BCE, Mirko Bibic, lors de sa conférence téléphonique sur les résultats trimestriels avec les analystes et les principaux investisseurs.
Selon M. Bibic, Bell fait face à « ce qui est sans doute le marché le plus concurrentiel que nous ayons connu ».
C’est une réalité du marché : les consommateurs continuent de rechercher des bonnes affaires en raison des offres promotionnelles soutenues et agressives qui existent sur le marché.
Mirko Bibic, président et chef de la direction de BCE
Ces mauvais résultats surviennent un jour après que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a rejeté l’année dernière un appel d’une décision partielle autorisant les petits fournisseurs de services Internet à vendre des services à leurs clients via le réseau de fibre optique de Bell en Ontario et au Québec.
Sur le marché boursier, cela a suffi pour déclencher une nouvelle dépréciation des actions de BCE, jusqu’à 5 % et sous le seuil de 38 $ par action jeudi midi.
Ils ont clôturé la séance en baisse de 2,8 %, à 38,94 $ par action, ce qui représente leur valeur marchande la plus basse depuis octobre 2011, il y a 13 ans.
Pour les actionnaires de BCE, c’est une deuxième gifle à quelques jours d’intervalle. Lundi, la valeur des actions de BCE a chuté de près de 10 % après l’annonce d’une acquisition majeure aux États-Unis et le gel de sa politique de dividendes jusqu’à nouvel ordre.
BCE a annoncé avoir signé une entente pour l’achat du fournisseur d’accès Internet par fibre optique Ziply Fiber, basé dans le nord-ouest des États-Unis, pour environ 5 milliards de dollars canadiens.
Pour payer cette acquisition en espèces, BCE entend utiliser 4,2 milliards $ provenant de la récente vente de sa participation de 37,5 % dans le groupe sportif professionnel torontois Maple Leaf Sports & Entertainment.
Dans l’annonce de ses résultats trimestriels, BCE a réitéré son objectif de développer ses réseaux de fibre optique pour atteindre 12 millions d’emplacements desservis dans les deux pays d’ici la fin de 2028.
Du point de vue des analystes, BCE aura fort à faire pour restaurer la confiance des investisseurs dans la reprise des résultats nets dans un contexte de pressions à la baisse sur les prix des télécommunications.
«Malgré des résultats légèrement meilleurs que prévu dans ses activités médias, moins importantes chez BCE, les résultats de ses activités très importantes en télécommunications continuent d’évoluer dans le mauvais sens», affirme l’analyste Jérôme Dubreuil, de Desjardins Marché. de capital à Montréal, dans un avis à ses clients investisseurs.
D’ailleurs, selon la société d’information financière Refinitiv, bon nombre de la quinzaine d’analystes qui suivent BCE ont abaissé leur objectif de cours ou révisé leur recommandation concernant les actions du groupe de télécommunications et de médias depuis le début de la semaine.
Leur cours cible moyen dans un an est d’environ 46 $ par action de BCE, en baisse de 8 % par rapport au cours cible moyen de 50 $ par action début août.
Avec La Presse Canadienne
La BCE en bref
- Activités : télécommunications (Bell) et médias électroniques
- Siège social : Montréal
- Chiffre d’affaires (annualisé au 30 septembre) : 24,46 milliards (-0,7% sur un an)
- Résultat opérationnel (annualisé au 30 septembre) : 2,87 milliards (-43% sur un an)
- Bénéfice net (annualisé au 30 septembre) : 270 millions (-88% sur un an)
- Capitalisation boursière (au 7 novembre) : 35,5 milliards
Source : Réfinitiv
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