Une nouvelle alliance regroupant six organismes économiques du Québec a été créée dans l’espoir de repousser le gouvernement caquiste sur la hausse des tarifs d’électricité qui pourrait résulter de la forme actuelle de sa réforme énergétique.
Publié à 12h28
Mis à jour à 15h18
Frédéric Lacroix-Couture
La Presse Canadienne
À l’approche de l’étude détaillée du projet de loi 69, l’Alliance pour la compétitivité énergétique du Québec (ACEQ) veut « sonner[er] l’alarme sur les conséquences d’une augmentation significative des prix de l’électricité » pour les industries.
” Actuellement, [selon] les calculs sur les dix prochaines années, jusqu’en 2035, on parle d’une augmentation prévue de 60% de la facture d’électricité. […] En fin de compte, cela n’est pas durable. Il faut trouver un équilibre», a déclaré en entrevue le président de l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité et porte-parole de l’ACEQ, Jocelyn B. Allard.
Son organisation fait partie de la nouvelle alliance avec le Conseil du patronat du Québec, les Manufacturiers et Exportateurs du Québec, l’Association de l’aluminium du Canada, le Conseil de l’industrie forestière du Québec et l’Association canadienne de l’industrie de la chimie.
L’énergie peut représenter de 20 à plus de 60 % des coûts d’exploitation ou de production des entreprises, selon l’ACEQ, qui dit regrouper des organisations représentant des centaines de milliers de travailleurs de différents secteurs d’activité.
Avec les changements proposés dans le projet de loi, elle craint que le Québec perde son avantage économique en termes de coûts énergétiques et mine ainsi la survie de ses entreprises.
Selon M. Allard, cet avantage concurrentiel en électricité pour les entreprises québécoises « s’érode considérablement » depuis plusieurs années. Les tarifs pour les industries ont bondi dans la province, à contre-courant de la tendance d’autres marchés, comme les États-Unis, où les prix sont en baisse, en raison des énergies renouvelables et du gaz naturel qui coûtent de moins en moins cher, mentionne-t-il.
De nouvelles augmentations de la facture d’électricité pourraient mettre en péril la survie et le développement de plusieurs usines, s’inquiète également M. Allard.
« La raison d’être de plusieurs de ces grandes entreprises dans les régions du Québec était justement l’électricité à prix compétitif et abondante. Aujourd’hui, nous nous rendons compte que nous allons à contre-courant de ce qui se fait ailleurs chez nos concurrents. À toutes fins pratiques, nous fragilisons l’économie des régions du Québec. C’est une taxe sur l’emploi, sur les régions», dit-il.
Un « profit raisonnable » pour Hydro-Québec
Le projet de loi 69 est dirigé par Christine Fréchette, nommée ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie à la suite du départ de Pierre Fitzgibbon. Le texte législatif vise à modifier le cadre du secteur énergétique, notamment afin de répondre à l’augmentation de la demande requise pour l’important défi de la décarbonation de l’économie.
Hydro-Québec prévoit des investissements de 155 à 185 milliards afin de doubler sa production.
Si les organismes de l’ACEQ reconnaissent que la transition énergétique peut exercer une pression sur les tarifs d’électricité, ils souhaitent néanmoins que ceux-ci soient prévisibles, transparents et basés sur les coûts réels assumés par la société. ‘État.
« Ce que nous demandons, ce ne sont pas des faveurs. Ce que nous demandons, c’est d’avoir une tarification basée sur le coût réel que cela représente pour desservir différentes classes de clients, avec un profit raisonnable pour Hydro-Québec. Et cela doit être déterminé de manière transparente devant un régulateur indépendant, comme la Régie de l’énergie», soutient M. Allard.
Aucune date n’a encore été annoncée pour l’étude détaillée du projet de loi.
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