En pleine guerre électorale entre Kamala Harris et Donald Trump, il manque un sujet clé : l’écologie.Image : Watson
En pleine guerre électorale entre Kamala Harris et Donald Trump, il manque un sujet clé : l’écologie.
03.11.2024, 07:3404.11.2024, 10:37
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Dans cette campagne présidentielle, ni Kamala Harris ni Donald Trump n’ont dit un mot sur le climat, malgré les ouragans Helene et Milton qui ont frappé le sud du pays, détruisant des centaines de foyers, faisant des morts et détruisant les maisons de milliers d’Américains.
Après ces drames naturels, on aurait pu penser que la priorité serait donnée au sujet des effets climatiques. Jay Inslee, gouverneur démocrate de Washington, s’est confié au Tuteurle 17 octobre :
« La fréquence croissante de ces catastrophes renforce la volonté des Américains de lutter contre elles »
En effet, même si près de 40 % des Américains rejettent le consensus scientifique et nient l’existence de changements anthropiques, les citoyens de l’Oncle Sam commencent à s’intéresser aux effets du réchauffement climatique.
En avril de cette année, un sondage a montré que la moitié des Américains sont désormais préoccupés par les chocs climatiques. Une étude révèle que le pourcentage d’Américains alarmés ou inquiets a augmenté de 40% en 2013 à 56% en 2023. Une tendance à la hausse, bien que lente.
“Vous avez tout à fait raison, le sujet a complètement disparu du débat”, estime David Sylvan, professeur à l’Institut des hautes études internationales de Genève (IHEID).
« La plus grosse arnaque au monde »
Trump n’ignore pas seulement le climat, il l’appelle sans détour « la plus grande arnaque au monde ». Mieux, il a annoncé, dans son programme Agenda 47, qu’il se retirerait à nouveau des accords de Paris sur le climat, s’il était élu. Par ailleurs, toutes les directives contraignantes visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre seront balayées, promet le candidat républicain.
L’ancien président envisage également d’investir dans le secteur énergétique, quelle qu’en soit l’origine, et de lever les restrictions sur la production de pétrole, de charbon et de gaz. Une aubaine pour la Silicon Valley et ses magnats, qui cherchent à rouvrir des centrales électriques au charbon pour alimenter leur intelligence artificielle.
Les démocrates détournent le regard
De leur côté, les démocrates ne jugent pas non plus utile de se concentrer sur l’écologie. Kamala Harris s’inspire des thèmes phares de cette campagne, confirme David Sylvan. Il souligne :
« Plus la campagne se rapproche de la date fatidique, plus les grands enjeux deviennent visibles : la démocratie, les minorités, l’avortement. Nous devons d’abord éteindre l’incendie avant de nous attaquer à d’autres problèmes.
La candidate démocrate, lors de ses différentes interventions, ne mentionne presque jamais aucune politique climatique et est souvent resté vague à ce sujet.
Le 10 septembre, lors d’un débat, Harris a déclaré qu’elle n’interdirait pas la méthode controversée d’extraction hydraulique (« fracking »). Une tentative de faire basculer la Pennsylvanieun swing state, ces états pivots si précieux pour cette élection présidentielle. La candidate démocrate doit plaire aux Républicains tiraillés entre elle et Trump et pour cela, Harris doit rester modéré sur le sujet climatique. “Cela lui a évité d’être trop prise dans le pétrin, car si elle voulait attirer les ouvriers de Pennsylvanie, elle ne devait pas s’opposer au ‘fracking'”, analyse le professeur originaire de Chicago.
Un vote des verts qui peut peser
Si le sujet a disparu du débat, oublier l’écologie pourrait néanmoins être une carence stratégique tant pour Trump que pour Harris. Toujours selon le Tuteurle vote des personnes soucieuses du climat a peut-être fait la différence entre Biden et Trump en 2020.
Un récent sondage datant de septembre montre que l’écologie est le parent pauvre de ces élections : si l’économie reste bien sûr le thème le plus préoccupant pour 81% des votants, l’écologie arrive en bas du classement des « très importants » pour le mois de novembre. 5 élection.
À tel point que Harris s’est éloignée des projets environnementaux qu’elle avait soutenus lors de sa campagne présidentielle de 2019, tels que le Green New Deal (le terme approprié pour une nouvelle politique climatique) et exigeant que toutes les ventes de véhicules neufs soient « électriques ».
Dans une Amérique obsédée par sa place de superpuissance industrielle, les discours verts ont peu de résonance face au dollar. Logique, quand on parle d’un pays très polluant – le deuxième aujourd’hui après la Chine. Mais la trajectoire politique (et climatique) des États-Unis a d’énormes répercussions sur le reste de la planète.
Un écho au discours du secrétaire d’État Anthony Blinken, qui avait formulé ses propos en 2021 :
« Si l’Amérique ne parvient pas à prendre le leadership mondial dans la lutte contre la crise climatique, il ne restera plus grand-chose du monde. »
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