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Les petites voitures électriques trouvent leur place au Mondial de l’Automobile de Paris

Ils constitueraient le chaînon manquant de la transition énergétique des transports et du nouveau « segment de marché » conquérir ! Voitures électriques légères, autrement appelées « chariots », « microvoitures » ou « quadricycles »avec ou sans permis, offrent en théorie le parfait compromis entre sobriété et confort, capable de rendre la mobilité électrique attractive et financièrement abordable pour le grand public.

Ils sont également plus vertueux, car ils nécessitent moins de matériaux pour leur fabrication, consomment moins d’électricité pour fonctionner et sont plus facilement réparables, donc potentiellement plus durables.

Leur apparition il y a deux ans, lors de la précédente édition du Mondial de l’Automobile de Paris, avait donc suscité un espoir important. Électrifier la mobilité constitue en effet un enjeu majeur. La voiture représente un sixième des émissions de gaz à effet de serre en , et 75 % des Français restent dépendants de leur voiture pour aller travailler. Deux ans plus tard, les voitures légères restent omniprésentes dans les allées du parc des expositions, mais elles sont toujours une sorte d’ovni.

Premiers succès commerciaux

Une note d’optimisme se retrouve cependant du côté du stand Citroën. The Friend, petit véhicule au prix le plus bas (7 990 euros), 100 % électrique, est une des fiertés du groupe. « Nous avons complètement bouleversé le marché des chariotsaccueille Alain Le Gouguec, « futur » chef de produit chez Citroën. Nous en avons vendu 65 000 en Europe [en quatre ans] et notre arrivée coïncide avec le doublement du marché des véhicules sans permis. Les jeunes se l’approprient, cela devient un signe extérieur de distinction. »

Sur les 13 000 unités vendues en 2019 en France, les voitures sans permis (le « sans P ») a atteint 26 000 ventes en 2023, dont la moitié en électrique. Ce qui reste une goutte d’eau dans l’océan, comparé à l’océan de 1,8 million de voitures particulières neuves immatriculées en France en 2023.

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Ami de Citroën (en haut à gauche), Mobilize de Renault (en bas à gauche) et Topolino de Fiat.
© Citroën/Renault/Fiat, Reporterre assembly

Mais cela donne des idées à plus d’un constructeur. Fiat a lancé la commercialisation de son Topolino début 2024, en privilégiant un design rappelant celui de la Mini. Renault, qui n’avait pas décroché la lune avec sa Twizy, lancée en 2011 (33 000 unités vendues dans le monde), a dévoilé le 14 octobre sa toute nouvelle voiture de poche : la Mobilize. Equipé d’une place derrière le conducteur ou d’un grand coffre, en version utilitaire, il sera vendu 9 990 euros (dont les conducteurs pourront soustraire 900 euros de bonus écologique versé par l’Etat).

hip-hop à fond, danseurs et skateurs sortant des véhicules lors du show au Mondial de l’Automobile de Paris… Renault cible une clientèle jeune – on peut la conduire dès 14 ans pour la version sans permis – urbaine et branchée.

Le “ sans P » n’est plus ringard

C’est la voie ouverte ces dernières années par les constructeurs de véhicules sans permis. Autrefois dédié aux ruraux âgés ou dépourvus de permis, le « sans P » se sont donné un nouveau souffle en attirant des adolescents aisés, comme alternative sûre au scooter.

On reste donc loin des zones rurales et périurbaines. Ceux que les politiques de transition énergétique cherchent à convertir à l’électrique, car ils sont dépendants de leur voiture. Mais les progrès sont indéniables, juge Bertrand Brême, directeur de la marque Kilow, apparue il y a deux ans et qui connaît un certain succès. Avec son véhicule léger au design baroudeur, typique « buggy »vendu 9 900 euros dans la version sans licence et 12 790 pour la version avec licence, Bagnole a enregistré 400 précommandes.

« Notre projet est sociétal. Il s’agit de changer les habitudes de 40 millions de personnesprocrastinates Bertrand Brême. On y arrivera si l’on parle de liberté d’usage, avec un marketing et un design qui inspire, sans dogmatisme. Nous pensons que les gens passeront à l’électrique s’ils l’apprécient et nous sommes convaincus que les véhicules légers sont pertinents. »

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Voiture, une sans permis type » buggy » par Kilow.
© Kilow

Les constructeurs historiques de voitures sans permis (Aixam Mega et Ligier) ont également mis l’électrique en tête de gondole, malgré un prix avoisinant les 10 €. % supérieur à leurs modèles thermiques. « De nouveaux usages commencent à apparaître marginalementslides François Ligier, PDG du groupe du même nom, dont le premier modèle électrique est vendu à 13 000 euros. En Hollande, nous avons rencontré des clients titulaires de permis qui recherchaient désespérément des petites voitures électriques. Alors ils se sont tournés vers des voitures sans permis. »

Les usages évoluent

En campagne, les véhicules légers souffrent encore de défauts majeurs. Leur faible poids limite leur taille. La plupart des modèles ont un petit coffre et un seul siège passager. Leur vitesse est limitée à 45 km/h pour les versions sans permis et à 90 km/h pour les versions avec permis, en raison de normes de sécurité que leur faible poids ne leur permet pas d’atteindre.

« Les normes ont été rédigées par les fabricantsse moque de Jean-Luc Thuliez, PDG de Softcar, une marque suisse qui vient d’homologuer une quatre places légère “100 % écologique”en mettant l’accent sur le recyclage et la production locale. La loi nous impose de fabriquer des charpentes en acier, au nom d’un argument de sécurité complètement faux. Cependant, cela est impossible à faire de manière écologique. Nos voitures pouvaient rouler à 130 km/h sans aucun problème. »

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Entre autres, la Microlino (à gauche) et la Softcar ont été présentées au Mondial de l’Automobile de Paris 2024.
© Erwan Manac’h / Reporterre

Ce problème de vitesse est de moins en moins handicapant, les constructeurs jugent néanmoins : « Nous pensons qu’il est de plus en plus logique de rouler à 90 km/h, quand on voit l’évolution de la réglementation en ville. »souligne Yannick Boulch, responsable développement et commercial de Microlino, marque suisse arrivée en France en juillet 2023, qui propose des chariots à 17.990 euros. En un an d’existence, elle affirme avoir vendu 200 modèles et vise un objectif de 3 000 ventes en 2026.

L’autre gros défaut de « quadricycles électriques »selon le nom officiel, c’est la faible autonomie offerte par les batteries, qui sont plus légères et donc plus petites. La Mobilize affiche jusqu’à 160 km selon les modèles. L’Ami propose 75 km… Mais là aussi, il faut relativiser l’obstacle, juge Aurélien Bigo, chercheur sur la transition énergétique des transports qui milite depuis longtemps pour des véhicules qu’il qualifie de« intermédiaires » : « Les Français effectuent en moyenne six déplacements à plus de 80 km de leur domicile chaque année, avec de fortes disparités sociales selon les revenus. Les véhicules électriques à faible autonomie peuvent donc suffire pour les déplacements du quotidien, si l’on met en place d’autres solutions pour les longues distances, comme le bus ou le train. »

Besoin d’investissements

Tous ces signaux faibles donnent donc de l’espoir, même si le marché met du temps à s’épanouir. « Nos voitures séduisent ceux qui les essayent, mais le marché ne décolle pas autant que nous le souhaiterions »reconnaît Christophe Charles, directeur commercial de Weez, un « micro véhicule électrique » déployé auprès des professionnels, qui s’adresse au grand public et attend de disposer de la trésorerie nécessaire pour lancer son premier quatre places.

Avec d’autres patrons du secteur, ils ont lancé le 17 octobre une succursale « microvoitures » au sein du lobby des constructeurs Mobiliens. Objectif prioritaire de l’organisation : obtenir le même niveau de bonus écologique que pour les voitures classiques (entre 4 000 et 7 000 euros).

L’argent est aussi ce qui manque aux modèles les plus vertueux d’un point de vue écologique. Softcar, avec sa quatre places en aluminium et plastique recyclés, sans polyuréthane ni électronique embarquée (plus exposée aux pannes) et fabriquée en Suisse, se veut la voiture « incassable et entièrement réparable ». La carrosserie est interchangeable, ce qui permet à son propriétaire de lui offrir une seconde vie pour 3 000 à 4 000 euros selon son constructeur. Présentée pour la première fois au public lors de ce Mondial de l’Automobile de Paris, homologuée pour deux semaines, la Softcar espère séduire les ménages à la recherche d’une deuxième voiture ou les loueurs. « Le marché est là »assure Jean-Luc Thuliez, son PDGqui recherche activement des investisseurs pour lancer la production.

Même constat du côté de Bagnole : les livraisons ont débuté en septembre, mais c’est la force de production qui manque. « Nous devons augmenter notre production. Cela prend du temps, car nous voulons produire localement. Tout un écosystème de fournisseurs doit être créé. Il y a donc beaucoup de demandes auxquelles nous ne pouvons pas répondre, comme les flottes pour les collectivités, les parcs ou les jardins. Nous avons même ralenti les ventes »rapporte Bertrand Brême, directeur de la marque, qui recherche également des financiers.

À leur rythme, les chariots continuent d’avancer sur le chemin qui devrait les faire sortir de la catégorie des produits de niche. L’association des acteurs des véhicules légers intermédiaires (Aveli) estime qu’avec une gamme de voitures allant des super motos aux voiturettes confortables, la moitié des 39 millions de voitures en circulation en France en 2024 pourrait être remplacée par « Aimeriez-vous » sans obliger leurs utilisateurs à changer leurs habitudes.

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