Des « électro-sceptiques » aux « électro-enthousiastes », deux études dressent un panorama des perceptions contrastées des automobilistes à l’égard de la voiture électrique, dont les ventes ont stoppé en 2024.
(illustration) (AFP / DENIS CHARLET)
Les blocages persistent. Malgré la satisfaction globale des automobilistes ayant troqué la pompe à essence contre le câble,
les Français hésitent de plus en plus à passer à la voiture électrique et restent sceptiques quant à ses éventuels avantages,
selon deux enquêtes réalisées par les instituts Ifop et CSA.
Près de 22% des Français envisagent d’acheter une voiture électrique dans les années à venir, contre 33% en 2021,
selon une enquête Ifop commandée par Roole, un automobile club qui propose notamment des assurances. Soixante-dix pour cent considèrent au contraire que ce serait une mauvaise décision. “On pourrait dire que les Français sont hésitants face à ce qu’ils ne connaissent pas, mais à tort ou à raison, ils pensent avoir une vision assez claire de l’offre et du produit”, souligne Jérôme Fourquet de l’Ifop à l’AFP.
Le bouche à oreille encore « très limité »
Les avis de la majorité sont cependant très différents de ceux des utilisateurs de voitures électriques, qui vantent généralement leur confort de conduite et les économies d’usage et d’entretien qu’elles permettent. Mais « le bouche à oreille est encore très limité », constate M. Fourquet.
En effet, après trois années de forte croissance, les ventes de voitures électriques neuves ont connu un premier ralentissement en France en 2024. Elles représentaient 16,9 % des immatriculations, largement dépassées par l’explosion des modèles hybrides, qui remplacent l’essence. Sur le marché de l’occasion, qui représente les trois quarts des achats de voitures, les voitures électriques restent encore rares et chères.
-La fin des moteurs thermiques considérée comme un tournant dans l’approvisionnement électrique
Le premier frein à l’achat reste le prix élevé de ces véhicules par rapport à leurs équivalents thermiques (pour 47 % des personnes qui ne souhaitent pas acheter de l’électrique), selon une autre enquête publiée le 15 janvier par l’Institut CSA pour la Plateforme automobile.
Après d’autres entretiens avec des automobilistes, l’institut a déterminé cinq attitudes à l’égard des voitures électriques :
électro-sceptiques (37%)
qui font preuve d’une certaine méfiance,
« électro-allergique »
(11%) qui le rejettent totalement,
électro-prudent (25%)
confiant et plutôt favorable aux transports doux,
passionnés d’électro
(16%) et 11% des personnes éloignées des problématiques liées à l’automobile, qui s’estiment mal informées.
« Tout plaide pour un certain attentisme », souligne Jérôme Fourquet. “La grande majorité de la population n’est pas convaincue ou considère que c’est trop cher”, et d’autres attendent de voir évoluer l’offre électrique d’ici 2035, date limite pour la vente de voitures thermiques neuves en Europe. « En l’état, l’hybride apparaît comme la réponse la plus rassurante et la plus crédible », souligne l’institut CSA.
L’enquête Ifop a été réalisée en ligne auprès de 1 002 personnes en décembre 2024, tandis que celle du CSA a interrogé 3 015 Français en ligne à la rentrée 2024, toutes deux selon la méthode des quotas.