« Il manque un zéro ? » : c’est la réaction de certains propriétaires d’un véhicule équipé du fameux moteur 1.2 PureTech, très critiqué, du groupe Stellantis, en découvrant l’offre de reprise mise en place par Peugeot en janvier dernier.
Les propriétaires d’une Peugeot équipée de ce moteur se voient en effet offrir une prime de reprise de 700 € pour l’achat d’une voiture hybride de la marque. « C’est un montant dérisoire pour un véhicule qui coûte entre 35 000 et 40 000 € », souligne Alexandre, habitant de Firminy, dans la Loire.
Et un véhicule… équipé du même moteur, depuis fiabilisé puisque la courroie de distribution qui pouvait se désagréger prématurément a notamment été remplacée par une chaîne en 2023.
Quel est le problème avec le moteur 1.2 PureTech ?
Il a pourtant été élu « meilleur moteur de l’année en 2015 et 2018 » mais ces derniers mois, il n’a cessé de faire parler de lui. Non pas pour ses performances mais pour les problèmes répétés qu’il provoque sur les véhicules du groupe Stellantis qui en sont équipés (Peugeot, Citroën, DS et même Opel).
Les problèmes commencent par un message inquiétant affiché sur le tableau de bord : « Défaut de pression d’huile moteur : arrêter le véhicule ». Des problèmes qui, pour les plus malchanceux, aboutissaient à une casse moteur. Car avec une consommation excessive d’huile, la courroie de distribution commence à baigner dans le liquide et se désintègre jusqu’à obstruer la crépine, élément essentiel du système de lubrification de la voiture.
Sébastien, propriétaire d’une Peugeot 5008 à Bron, dans le Rhône, devait faire le plein d’huile toutes les deux semaines environ, lorsqu’en octobre il a bénéficié d’une procédure de réparation mise en place par Stellantis pour résoudre le problème. Elle consiste à pulvériser un aérosol dans les cylindres. Les bougies ont également été changées et la facture de près de 530 € a été prise en charge par Peugeot. Deux mois et demi plus tard, à son grand soulagement, la lumière ne s’est toujours pas rallumée.
Lorsque nous avons rencontré l’été dernier Alexandre, qui a rejoint comme 5 000 autres personnes l’action collective lancée contre Stellantis, il possédait une Peugeot 308 sw équipée du moteur 1.2 PureTech. Il a dû faire face à divers dégâts, certains pris en charge par le constructeur, comme le changement de la courroie de distribution, d’autres non. Malgré cela, sa voiture continuait à consommer beaucoup d’huile : « Il fallait en rajouter un litre tous les 1 000 km environ. »
« Acheter une Peugeot, pas de question »
Cherchant à se séparer de ce véhicule, il a alors rencontré des offres de reprise très faibles de la part de concessionnaires de différentes marques, la mauvaise réputation du moteur 1.2 PureTech de Stellantis ayant réduit les véhicules qui en étaient équipés, voire à des prix inférieurs. refus de récupération.
« J’ai finalement réussi à m’en débarrasser sur un site de vente de voitures où j’ai reçu une offre inattendue. Et il me faudra un bon moment avant d’avoir confiance et d’avoir envie d’acheter une Peugeot » explique Alexandre, réagissant à cette prime de 700 € mise en place par le constructeur.
-« 700 €, c’est le prix de 12 bidons d’huile »
Me Christophe Léguevaques, avocat au Barreau de Paris qui porte l’action collective contre Stellantis, fait écho au fort mécontentement des clients : « Cette prime de Peugeot fait partie des choses qu’ils trouvent indécentes », dit-il. 700 €, c’est le prix de 12 bidons d’huile en cas de surconsommation et à peine 10 % du prix du moteur lorsqu’il faut le changer.
Cette prime « riquiqui » a notamment été évoquée lors de l’Assemblée générale des participants à l’action collective qui a réuni, ce mercredi soir, plus de 2 000 personnes par visioconférence.
La plateforme d’accompagnement mise en ligne
M. Léguevaques avait, un peu plus tôt dans la journée, publié un communiqué intitulé « Moteurs PureTech : entre effet d’annonce et mépris, le double jeu de Stellantis » dans lequel il évoquait l’Assemblée Générale du même soir devant décider de la suite. des poursuites judiciaires contre le groupe automobile. Il a notamment pointé du doigt la plateforme d’aide aux victimes automobilistes qui avait été annoncée et retardée. Et de noter : « Stellantis n’est toujours pas en mesure d’ouvrir ce service après-vente 2.0 ».
Est-ce une coïncidence de timing ? Reste que cette plateforme tant attendue a été mise en ligne quelques heures plus tard. « Une fois de plus, Stellantis n’agit que dos au mur et ne propose finalement que des conneries par rapport à ses bénéfices » analyse l’avocat des actions collectives.
Et d’estimer : « La plateforme nous permet d’y voir plus clair sur les véhicules identifiés comme ayant des problèmes et ce à quoi peuvent prétendre leurs propriétaires. Mais il ne s’agit que de réparation, et non d’indemnisation pour des dommages qui ne sont pas accessoires, comme l’impossibilité d’utiliser son véhicule.
Une action pénale collective ?
La volonté de M. Léguevaques est d’accélérer après « avoir tenté de discuter avec Stellantis depuis avril » et de porter plainte au pénal. “Une plainte fondée sur deux types d’infractions : l’escroquerie et les pratiques commerciales trompeuses ainsi que la mise en danger de la vie d’autrui car les pannes moteur surviennent le plus souvent sur autoroute et à grande vitesse”, explique l’avocat.
Reste à savoir combien parmi les 5 000 personnes impliquées dans l’action collective souhaiteront intenter une action en justice. « Il est certain qu’il s’agit d’une procédure qui dure au moins cinq ans », constate Me Léguevaques. Mais c’est aussi la possibilité d’être indemnisé. Et si la justice condamnait fermement Stellantis, ce serait un message envoyé à tous les industriels sur l’existence d’une mobilisation collective en France.»
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