Une barrière, un cadenas et aucun agent à la frontière

Aux postes frontaliers de Chartierville, Highwater (Potton) et Frelighsburg, c’est presque la même chose : une barrière et des cônes remplacent les agents des services frontaliers toute la nuit. Sur place, aucun panneau n’indique que la frontière est fermée, ni à quelle heure elle rouvrira.

Les agents des services frontaliers de Frelighsburg abaissent les barrières et installent des cônes orange pour bloquer le passage aux automobilistes et aux camionneurs. Plus loin, on aperçoit le bâtiment des douanes américaines, qui ferme également au même moment.

(Stéphane Champagne/La Voix de l’Est)

C’est la solution mise en place depuis que l’Agence des services frontaliers du Canada a décidé de réduire les heures d’ouverture de dix postes frontaliers terrestres au Québec.

Yanniv Waknine, vice-président de l’Union des Douanes et de l’Immigration, n’en revient pas. « Nous sommes au Canada et c’est ce que nous avons pour protéger notre frontière ! C’est ridicule ! C’est vraiment embarrassant ! dit-il, exaspéré.

En arrivant au poste frontalier de Highwater, en Estrie, il n’y a aucun panneau indiquant clairement que la frontière est fermée, aucune indication des heures d’ouverture et de fermeture : seulement des barrières fermées, des feux clignotants et des cônes orange. (Marie-Christine Bouchard/Les Coops de l’information)

Une mesure qui fait grincer des dents

Cette décision choque tant les citoyens que les camionneurs, qui se retrouvent à faire de longs détours. Pour ces derniers, la fermeture anticipée des douanes peut faire la différence entre rentrer chez eux pour la nuit ou une autre nuit sur la route.

Quant aux citoyens, ils sont nombreux à traverser régulièrement la frontière, notamment pour travailler. À Potton, par exemple, certains citoyens canadiens travaillent aux États-Unis et vice versa. Les douanes étant fermées de 20 heures à 8 heures, ils devront parfois faire un long détour pour se rendre au travail ou à la maison, explique le maire de la municipalité, Bruno Côté.

Mais ce qui nous inquiète le plus, c’est la sécurité nationale.

« Si les passeurs veulent faire passer de la drogue ou des armes, pourquoi s’embêter à traverser les bois alors qu’une belle route non surveillée est disponible ? s’insurge Yanniv Waknine, du Syndicat des Douanes et de l’Immigration.

Les douanes américaines de Chartierville étaient fermées la nuit depuis la pandémie. Les Américains avaient donc déjà installé des barrières pour bloquer l’accès à leurs douanes. Aujourd’hui, cette barrière métallique, fermée par un cadenas, protège également la frontière canadienne. (Jean Roy/La Tribune)

L’Agence des services frontaliers justifie la réduction des heures d’ouverture par une meilleure allocation des ressources. En d’autres termes, concentrez les agents sur les postes les plus occupés.

La semaine dernière, l’Agence a indiqué avoir mis en place des « mesures temporaires » pour sécuriser ces points d’entrée fermés la nuit, tout en précisant travailler sur des « solutions plus permanentes ».

«Je sais très bien que ce n’est pas le bureau de douane le plus achalandé au pays, et les investissements vont clairement avec», mentionne Denis Dion, maire de Chartierville.

« Il y a des lumières, des caméras. Bien sûr, ça n’a pas forcément l’air très solide… Si quelqu’un veut vraiment passer, je pense qu’il y a un moyen de passer », a déclaré le maire de Potton, Bruno Côté.

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Le maire de Saint-Herménégilde est allé voir l’installation tôt un matin. Il ne s’est pas approché très près. « Avant, il était facile de traverser la frontière. Maintenant, c’est compliqué. Je me suis approché, j’ai regardé, j’ai senti que les gens me regardaient et se demandaient ce que je faisais là, et je suis parti”, a déclaré Steve Lanciaux.

Mais pour le moment, les maires des communes frontalières constatent un calme relatif. Certains pensent qu’une vague migratoire aurait déjà commencé si elle avait lieu. D’autres craignent le calme avant la tempête.

Bruno Côté, maire de Potton, est pour le moment confiant. Il constate que la GRC semble plus présente que jamais. « Ceux qui traversent illégalement ne choisiront pas une route sous les lumières et les caméras, même si elle est pavée. S’ils veulent traverser la frontière, les gens risquent de continuer à le faire dans les bois. Et là, de toute façon, c’est la GRC qui doit agir.»

Et la surveillance aérienne ? Les hélicoptères de la GRC survolent-ils souvent la frontière entre l’Estrie et les États-Unis ? Pas vraiment, répondent les maires, « de temps en temps ».

C’est à la GRC de prendre le relais

Au Canada, les agents frontaliers ne peuvent intervenir que pour des raisons liées aux services frontaliers. En dehors de cette zone restreinte bien définie, la GRC prend le relais.

Aux États-Unis, l’US Customs and Border Protection (USCBP) fonctionne différemment : ses agents peuvent patrouiller à l’extérieur des postes frontaliers. En fermant les postes frontaliers, les Américains gagnent donc en flexibilité pour patrouiller sur l’ensemble du territoire et surveiller les routes non gardées.

Le poste frontalier de Chartierville est fermé de 20 heures à 8 heures, obligeant les résidents et les camionneurs à faire un très long détour s’ils souhaitent rentrer au pays pendant cette période. (Jean Roy/La Tribune)

«On m’a dit qu’à la fermeture des douanes américaines, on retrouve souvent une voiture de l’USCBP près de la frontière», rapporte Denis Dion, maire de Chartierville.

Mais côté canadien, les douaniers réaffectés ailleurs ne peuvent pas poursuivre les intrus. C’est le travail de la GRC, qui a jusqu’ici refusé de commenter cette réorganisation.

La police fédérale affirme avoir renforcé sa surveillance depuis l’automne. Un plan national de contingence permettrait de mobiliser rapidement des agents, si nécessaire.

Et leur préparation se ressent sur le terrain. «Depuis novembre, nous avons eu beaucoup de suivi de la part de la GRC», explique le maire de Potton, Bruno Côté.

Une multitude de mesures

Ottawa a annoncé un investissement de 1,3 milliard de dollars au cours des trois prochaines années pour lutter contre les activités transfrontalières illégales.

La GRC, l’Agence des services frontaliers du Canada et d’autres agences ont déjà déployé 60 nouveaux drones le long de la frontière. Des tours de surveillance supplémentaires et de nouvelles technologies, telles que des rayons X, des rayons X mobiles et des analyseurs chimiques portables, seront achetées prochainement. Des équipes de chiens et des hélicoptères supplémentaires seront ajoutés aux frontières.

L’Agence des services frontaliers du Canada a également embauché 350 personnes.

 
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