“En Suisse romande, tout le monde était un peu méfiant”

“En Suisse romande, tout le monde était un peu méfiant”
“En Suisse romande, tout le monde était un peu méfiant”

Premier prestataire de soins ambulatoires en Suisse, Medbase s’est imposé comme un acteur incontournable du secteur de la santé. L’entreprise, qui appartient au groupe Migros, est principalement présente en Suisse alémanique, mais ambitionne de s’étendre en Suisse romande, selon son directeur Marcel Napierala.

Avec 4 200 salariés, 70 centres médicaux, 57 pharmacies, 42 cliniques dentaires, plus de 20 cabinets de kinésithérapie et une pharmacie en ligne, Medbase est devenu en une vingtaine d’années un groupe privé tentaculaire dans le domaine de la santé. L’entreprise se concentre sur les soins intégrés, réunissant différents prestataires sous un même toit, pour une plus grande efficacité.

>> A lire aussi : Le pharmacien, premier recours possible pour réduire les coûts

Créée en 2001 à Winterthour (ZH) par Marcel Napierala et deux collègues physiothérapeutes, le cabinet a été rejoint en 2010 par le groupe Migros. Initialement actionnaire, le détaillant est ensuite devenu propriétaire à part entière de l’entreprise. Un pari gagnant pour le géant orange puisqu’en 2024, Medbase a réalisé un chiffre d’affaires de 1,5 milliard de francs, soit une hausse de 25,7%, a annoncé Migros.

Migros est un acteur qui nous offre plus d’opportunités que de risques

Marcel Napierala, PDG de Medbase

Mais pourquoi une entreprise active dans le commerce de détail s’est-elle lancée dans le secteur concurrentiel de la santé ? «Migros a des valeurs, une tradition suisse. A l’époque, nous avions eu de grandes discussions avec les dirigeants de Migros pour nous lancer dans le secteur de la santé, qui est très important pour ce groupe. […] C’était mon souhait d’avoir un actionnaire comme Migros, car c’est un nouvel acteur dans ce jeu qui nous offre plus de chances que de risques», explique Marcel Napierala dans La Matinale.

La rentabilité de l’entreprise est évidemment aussi un argument qui a pesé dans la balance, même si « la rentabilité dans la santé est toujours difficile, car nous travaillons avec des marges très faibles dans le secteur des soins primaires, ce qui fait qu’il faut être très efficace pour gagner ». un peu d’argent», explique le Bernois.

>> A lire aussi : Migros acquiert les activités suisses du pharmacien en ligne Zur Rose et Plus de 32 milliards de chiffre d’affaires pour Migros en 2024, en hausse de 1,6%

«Nous apprenons de Migros»

À cet égard, Marcel Napierala reconnaît que son entreprise a pu bénéficier des processus Migros, malgré deux secteurs très différents l’un de l’autre. « Nous apprenons d’eux, car ils savent très bien gérer les coûts. Mais les synergies sont également limitées, nous sommes spécialistes du secteur de la santé et eux du retail, ça doit rester séparé. C’est comme les données, il ne faut pas mélanger les données de la carte des cumulus avec nos données », plaisante le réalisateur.

Dans une perspective de développement, Medbase entend poursuivre son expansion entamée il y a 6 ans en Suisse romande, où elle compte déjà neuf centres médicaux et en ouvrira un dixième à Bulle (FR) au deuxième trimestre 2025.

Medbase doit cependant composer avec une sensibilité différente des francophones, réticents à confier leur santé à des acteurs privés, comme l’a montré le résultat du vote du 24 novembre sur l’EFAS.

-

« Au début, en Romandie, tout le monde était un peu méfiant. Mais aujourd’hui, nous avons par exemple un flux important de médecins qui s’intéressent à notre modèle, car ils ont remarqué que nous n’étions pas une organisation qui veut maximiser ses profits. […] Bien sûr, il faut être rentable pour mettre en œuvre des innovations, pour investir, mais le plus important c’est la patience”, analyse Marcel Napierala.

>> Relisez également : Un financement uniforme des soins est exigé par 53,3%, malgré le déni des francophones

Walmart, le mauvais exemple

Aux Etats-Unis, la multinationale américaine Walmart, également active dans la grande distribution, avait tenté une expérience similaire. Résultat : un échec cuisant. L’automne dernier, la direction a annoncé son retrait du secteur, fermant plusieurs centres médicaux.

Marcel Napierala dit avoir étudié le cas de Walmart. Selon lui, l’entreprise américaine a agi beaucoup trop vite : « Ils ont adopté une approche très rapide. En Suisse, la culture est différente. Le positionnement de Migros est différent, ils nous laissent travailler, nous avons une certaine autonomie pour développer notre activité.»

Les soins intégrés comme solution

Face à l’augmentation des coûts de santé et à la pénurie de main-d’œuvre affectant les soins, le directeur de Medbase prône donc des soins intégrés et l’entrée de nouveaux métiers dans le domaine ambulatoire, comme la prestation de services médicaux effectués par du personnel infirmier, ou réalisés en pharmacie.

Je suis convaincu qu’il faut mettre le public avec le privé, travailler ensemble

Marcel Napierala

Mais pour cela, il faut un coup de main. « La politique doit nous aider, car nous devons avoir les autorisations, nous devons avoir la possibilité de financer ces procédures. Je ressens une forte intention politique de vouloir contribuer à ces processus. Nous discutons également avec les assureurs», précise Marcel Napierala.

Avec son système de soins intégrés, le PDG de Medbase estime toutefois qu’il ne fait ni « mieux ni moins bien » que le secteur public. Il se bat également pour l’introduction des dossiers électroniques des patients. « C’est naturellement notre grand rêve. Mais je suis convaincu que nous devons mettre le public et le secteur privé à travailler ensemble. Le public est là pour fournir l’infrastructure et nous, en tant que fournisseurs de services, sommes là pour la fournir. des processus efficaces, car c’est notre savoir-faire », conclut-il.

Commentaires recueillis par Pietro Bugnon

Web article: Jérémie Favre

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

-

PREV des centaines de suppressions d’emplois attendues
NEXT Lourde amende pour le fonds de retraite supplémentaire des salariés des commissaires de justice