Les conflits armés et l’escalade des tensions géoéconomiques seront les principaux dangers auxquels le monde sera confronté dans les mois à venir, craint le Forum économique mondial (WEF), ou Forum de Davos. Cela ne facilitera pas non plus les choses en termes de risques environnementaux, qui restent la plus grande menace à long terme.
“Nous vivons malheureusement un nombre record de conflits dans le monde”, a constaté mercredi Mirek Dušek, responsable du WEF, lors d’une conférence de presse, cité par l’Agence -.
Les conflits militaires directs entre pays ou par l’intermédiaire de pays intermédiaires, les guerres civiles, les coups d’État et les attaques terroristes sont, « de loin », les dangers les plus importants et les plus graves auxquels le monde est confronté cette année et l’année prochaine, conclut le Forum de Davos en 20e édition de son rapport annuel sur les risques mondiaux, qui vient d’être dévoilé.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie et les luttes armées menées par Israël dans les territoires palestiniens, au Liban et contre l’Iran, mais aussi les tragédies au Soudan et en Somalie, ainsi que la tension croissante entre Taiwan et la Chine ou entre les États-Unis et la Chine, ne sont que exemples d’un monde où le bruit des bottes est de plus en plus assourdissant et où les conflits armés se multiplient depuis une quinzaine d’années.
Etabli à partir d’une vaste enquête réalisée auprès d’hommes d’affaires, d’experts et d’observateurs de différents milieux à travers le monde, le classement des principaux risques mondiaux sur un horizon d’un an, deux ans et dix ans a également vu d’autres phénomènes monter dans le classement trahissant « un monde marqué par des divisions de plus en plus profondes ». C’est le cas des « affrontements géoéconomiques », qui se classent cette année au troisième rang des plus grands dangers, juste derrière les « événements climatiques extrêmes » et devant « la désinformation et la mésinformation ».
Une escalade de mesures économiques hostiles
Ce contexte délétère se traduit par des « tensions économiques suralimentées » qui conduisent à une escalade, entre pays, de mesures économiques hostiles, dont les récentes menaces du prochain président américain, Donald Trump, de tarifs douaniers contre le Canada, le Mexique et la Chine ne sont que les conséquences. derniers exemples. Le nombre de ces interventions économiques préjudiciables est passé de 600 en 2017 à plus de 3 000 chaque année depuis 2022.
Cette montée du protectionnisme et du nationalisme économique ne prend pas seulement la forme de droits de douane, explique le rapport du Forum de Davos. En fait, les deux tiers des nouvelles mesures qui ont entravé le commerce entre les pays au cours des cinq dernières années ont pris la forme de subventions.
Cette dynamique de fragmentation mondiale affaiblit les chances d’une coopération économique et politique entre les pays, coopération qui sera essentielle pour faire face à plusieurs des menaces qui pèsent sur le monde, à commencer par la transition verte, écrivent les auteurs du rapport.
Les questions environnementales figurent en tête du classement des principaux risques mondiaux à court terme, mais surtout à long terme, du WEF, depuis une bonne dizaine d’années. Ils monopolisent même cette année les quatre premières places pour les principales menaces à un horizon de 10 ans, avec en première position les événements climatiques extrêmes, suivis de la perte de biodiversité et de l’effondrement des écosystèmes (2e), la perturbation des systèmes planétaires critiques (3e) et les pénuries de ressources naturelles (4e). La pollution suit de près, en 10e place sur 33 risques environnementaux, économiques, géopolitiques, sociaux et technologiques.
En fait, plusieurs risques sont étroitement liés, explique chaque année le rapport du WEF. Comme cela a déjà été mentionné, par exemple, notre difficulté à aborder plus sérieusement le changement climatique est due, entre autres, à la montée des tensions géopolitiques qui naissent d’une frustration croissante et d’une polarisation des populations face à des inégalités croissantes. , des tensions exacerbées par les réseaux sociaux et la désinformation qu’ils diffusent.
Le changement climatique est l’une des quatre principales « forces structurelles » qui caractérisent le contexte mondial actuel, affirment les experts associés au rapport du WEF. Les trois autres forces sont l’accélération du changement technologique, les changements dans le partage des pouvoirs géostratégiques et le vieillissement de la population.
Rendez-vous à Davos
Le 53e L’édition du Forum de Davos, sur le thème de « la collaboration à l’ère intelligente », se tiendra du 20 au 24 janvier dans la prestigieuse station de ski nichée au creux des Alpes suisses. Près de 3 000 participants venus de plus de 130 pays sont attendus, dont une soixantaine de chefs d’Etat et de gouvernement.
Plus de 900 experts ont été interrogés entre le 2 septembre et le 18 octobre par les auteurs du rapport sur les risques mondiaux. Avec 60% d’hommes, et une grande partie venant d’Europe (40%) ou d’Amérique du Nord (16%), plus d’un tiers de ces répondants (36%) sont issus du monde de l’entreprise, les autres venant notamment du monde de l’entreprise. secteur de la recherche (19%), des gouvernements (17%), des ONG (13%) ou des institutions internationales (12%).
