De bonnes perspectives pour les distributeurs américains, moins pour les européens : le contexte politique et économique pèse lourdement sur l’activité du secteur de la distribution, dont la bonne santé dépend de l’envie des ménages de dépenser dans leurs rayons.
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14 janvier 2025 – 11h02
(Keystone-ATS) Pour son premier rassemblement de la fédération mondiale de la distribution, la déléguée générale de la Fédération patronale française de la grande distribution (FCD) Layla Rahhou s’est étonnée de la différence d’états d’esprit.
“Les Américains sont très optimistes, les Européens beaucoup moins”, a-t-elle déclaré dimanche soir à l’AFP, en marge du salon National Retail Forum (NRF) qui se tient à New York.
Au-delà d’une dimension culturelle, il y a surtout des facteurs objectifs.
« Prudemment optimiste »
Aux Etats-Unis, “le contexte semble sain avec une réaccélération des dépenses de consommation au cours du second semestre 2024 et une très bonne configuration pour l’année à venir”, a déclaré Sarah lundi lors d’un point presse au salon NRF. Wolfe, économiste de la banque privée Morgan Stanley Wealth Management, parle de « perspectives prudemment optimistes ».
C’est moins le cas en Europe, où le pessimisme ambiant est alimenté par l’instabilité politique dans plusieurs pays.
Toutefois, la situation dans les supermarchés n’est pas uniforme. “Une partie de l’Europe se redresse déjà très bien avec des ventes qui ont déjà recommencé à croître”, tant en chiffre d’affaires qu’en volumes vendus, explique l’analyste financier Clément Genelot, spécialiste du secteur pour la banque. L’homme d’affaires européen Bryan Garnier & Co.
C’est notamment le cas en Europe du Sud et au Royaume-Uni où le grand leader Tesco (28,5% du marché dans le pays) vient d’annoncer des ventes de Noël record.
En revanche, deux pays se démarquent plutôt négativement : la Pologne où le leader Biedronka, propriété du Portugais Jeronimo Martins, et le discounter allemand Lidl sont engagés depuis près d’un an dans une « guerre des prix très rude », observe M. Genelot. .
Et la France, où l’incertitude politique est immense. Est-ce qu’il va y avoir des augmentations d’impôts ? Certains médicaments seront-ils moins remboursés, certaines aides sociales moins distribuées ? En l’absence de budget pour 2025, les ménages auront entre-temps tendance à épargner plutôt qu’à dépenser.
Plusieurs acteurs du secteur ont déjà connu des déboires en France ces derniers mois. Déception de Casino, étranglé par son endettement et qui a dû céder la quasi-totalité de ses magasins grand format à ses concurrents. Des plans sociaux chez Casino encore, Auchan et dans une moindre mesure Carrefour.
Walmart rend les gens jaloux
Et des poursuites judiciaires contre ce dernier émanant de la CFDT, qui lui reproche d’avoir cédé la gestion de nombreux magasins à des franchisés tiers ou à des locataires-gérants, faisant perdre des avantages sociaux et des salaires à un nombre toujours croissant de salariés, plus de 27 000 depuis. 2017. selon elle.
Certains acteurs tirent néanmoins leur épingle du jeu, à commencer par le leader E.Leclerc, avec près d’un quart du marché.
Mais la performance boursière du leader mondial Walmart fait l’envie de tous les détaillants.
Le mastodonte américain, roi de la « big box » – gigantesque magasin où l’on peut tout acheter, de la nourriture aux vêtements en passant par les téléviseurs – a relevé mi-novembre ses objectifs financiers pour l’exercice décalé 2025, comme lors des deux trimestres précédents.
“Cela fait dix ans que tout le monde dans le secteur a les yeux rivés sur Amazon, aujourd’hui tout le monde a les yeux rivés sur Walmart”, commente le PDG de VusionGroup Thierry Gadou, spécialiste français des étiquettes électroniques et important prestataire de services américain.
L’un des facteurs de succès à ses yeux : la capacité de Walmart à faire de ses magasins des entrepôts de livraison pour la vente en ligne. Aux États-Unis, les ventes en ligne du détaillant ont bondi de 22 %.