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Donald Trump pourrait décider d’augmenter les droits de douane de 10 % sur les produits en provenance d’Europe, suscitant des inquiétudes dans le secteur vitivinicole, déjà en difficulté.
La pilule est difficile à avaler. Donald Trump, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, a promis d’augmenter drastiquement, quasiment dès son premier jour à la Maison Blanche, les droits de douane sur de nombreux produits en provenance de l’étranger, y compris d’Europe. Environ 10 %, peut-être même plus. Le secteur des vins et spiritueux est particulièrement inquiet : les États-Unis sont le premier consommateur mondial. Les importateurs de boissons françaises, qui ont déjà dû traverser des années post-Covid compliquées, marquées par une baisse de la consommation, font mine d’être sombres : ils n’en avaient pas besoin.
«C’est une source d’inquiétude», reconnaît Nicolas Palazzi, qui importe des vins de France et des spiritueux du monde entier via sa société PM Spirits. “Ce sera un séisme dans notre secteur, qui a déjà dû traverser des années difficiles”, poursuit-il. Dans la profession, tout le monde espérait que 2025 serait une année à peu près normale. Cela rendra les années à venir plus difficiles. »
Mais pour le moment, les véritables intentions de la nouvelle administration américaine restent floues. « Ce sont des spéculations, il n’y a rien de concret », veut croire Eddy Le Garrec, importateur et distributeur via sa société Empire State of Wine. Ce sont des stratégies de négociation. Lors de sa première présidence, Donald Trump a augmenté ces droits de douane uniquement contre la France en raison d’un désaccord sur Boeing. Rien ne dit qu’il agira cette fois-ci auprès de l’Europe. »
Les attaques du président élu des États-Unis se sont en effet principalement concentrées pour l’instant sur des ennemis plus stratégiques : la Chine, le Canada ou encore le Mexique. L’Europe passe un peu en retrait, mais ne sera sans doute pas oubliée lorsqu’il s’agira de taxer massivement les importations en provenance du vieux continent.
Réapprovisionner les stocks et réduire les coûts
« Nous sommes attentifs à ce qui va se passer », constate un autre importateur, Jean-François Bonneté, fondateur de l’entreprise du même nom. On en a beaucoup entendu parler pendant la campagne, mais un peu moins depuis. Nous allons connaître une année difficile en 2025, tout le monde le sait, droits de douane ou pas. On espère un rebond en 2026. Mais l’économie est déjà très difficile. L’accès au crédit n’a jamais été aussi compliqué : les ménages américains ont atteint leur capacité d’emprunt maximale. »
Pour ces importateurs qui achètent du vin français pour le revendre sur le marché américain, toute augmentation des droits de douane constitue un frein au marché. Comment s’y adapter ? Certains ont tenté de constituer un maximum de stocks avant l’entrée en vigueur de ces nouveaux droits de douane. Mais cela n’est pas toujours possible : il faut pouvoir acheter de grandes quantités de vins et spiritueux, puis les stocker aux Etats-Unis.
D’autres ont tenté de réduire les coûts, en prévision d’une année 2025 qui s’annonce délicate.
« J’ai eu l’opportunité de changer de bureau, d’avoir un espace plus grand et moins cher, et j’ai sauté sur l’occasion », raconte Nicolas Palazzi. Je pourrai économiser jusqu’à 20% sur les frais fixes. Dans un environnement comme celui-ci, on ne se pose pas la question. » Jean-François Bonneté a déjà intégré ces « tarifs » dans ses calculs. « Lorsque nous avons élaboré nos budgets 2025, nous avons pris cela en considération et nous avons fait comme si ces droits de douane allaient nous être imposés », confie-t-il. L’importateur français explique que cette augmentation sera supportée par tous les acteurs : chacun réduira un peu ses marges. Un autre facteur risque également de faciliter les échanges : le dollar a vu sa valeur augmenter de 10 % ces dernières semaines, réduisant encore le coût des importations.
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