La baisse de février sera une augmentation pour 11 millions de foyers

Cela fait bientôt un an que l’on entend parler de la baisse du tarif réglementé d’électricité à compter du 1er février 2025. En effet, le prix du kWh pour les clients du tarif réglementé d’EDF va baisser de 14% en 3 semaines. Mais pour les autres, plus de 11 millions de foyers qui paient actuellement moins que le tarif réglementé grâce à une offre de marché, une hausse de l’ordre de 9% les attend.

Suis-je concerné par la réduction du prix réglementé ?

20,4 millions de foyers (58,7% du total) sont des clients de Tarif réglementé EDF ou une entreprise locale (ES Strasbourg, GEG, UEM, Séolis, Sorégies, etc.). Ce sont les principaux bénéficiaires de la baisse du prix réglementé. Ils devraient voient leur prix du kWh baisser de 14%. Le prix de leur abonnement devrait, pour sa part, augmenter légèrement. Au total, selon les calculs de Matias Péréaresponsable éditorial du site Jechange.fr, ils peuvent s’attendre une réduction de 11 à 12% sur leur facture.

Evolution estimée du prix du kWh de l’option base tarifaire bleue au 1er février 2025 par Selectra

Parmi les clients qui ne sont pas au tarif réglementé, 18% sont clients d’une offre de marché indexé sur le tarif réglementé (source Observatoire CRE T3 2024). Cela représente environ 3 millions de foyers qui verront leur facture baisser dans les mêmes proportions.

Pour les clients de l’option Tempo, que nous estimons à 800 000 foyers, l’avenir est incertain. En juillet dernier, la CRE faisait état de la nécessité d’augmenter le tarif de manière « lissée » (source). De là à transformer une baisse de 14% en hausse, c’est le flou !

Au total, environ 23 millions de foyers et 1,6 million de sites non résidentiels (principalement des petits professionnels) devraient donc voir leur la facture baisse fortement au 1er février 2025.

De combien le prix va-t-il augmenter pour les autres ?

Clients résidentiels d’un offre de marché non indexée sur le tarif réglementé sont d’environ 11 millions selon les chiffres de l’observatoire de la CRE du 3ème trimestre 2024. Ils sont majoritairement clients d’une offre « prix fixe ». Mais cette appellation est trompeuse, car c’est généralement le seul prix de l’offre qui est fixé. Le TURPE et les augmentations d’impôts sont toujours d’application !

Le TURPE, en effet, a déjà augmenté de 4,8% au 1er novembre 2024 pour ces clients, et devrait donc augmenter de 2,9% au 1er février 2025 pour atteindre les 7,7% proposés par la Commission de régulation de l’énergie.

L’accise sur l’électricité passera, quant à elle, de 21 € à 33,7 € par MWh, soit une augmentation de 60 %.

Evolution estimée du prix du kWh de l’option sur la base d’une offre moyenne du marché au 1er février 2025 par Selectra

Si l’on prend le prix du kWh moyen du mois de décembre 2024 à partir de l’indice des prix de l’électricité Selectra : 0,1639 € HT, soit 0,2219 € TTC, il augmenterait de 8,78 % au 1er février 2025, à 0,2414 €, comme le montre dans le tableau ci-dessus. Clairement au-dessus du futur tarif réglementé qui serait de 0,2164 € le kWh TTC.

Le tarif réglementé deviendra-t-il l’offre la plus avantageuse ?

Pour plaisanter, on pourrait dire que le tarif réglementé est déjà l’offre la plus avantageuse, puisque son option Tempo caracole régulièrement en tête des comparaisons avec un remise de 30 à 40% par rapport à l’option de base dans la plupart des cas.

Plus grave, les offres du marché seront bousculées par cette baisse du prix réglementé. Alors qu’on a vu fleurir des offres allant jusqu’à 30% de réduction sur le prix du kWh hors taxes en 2024, il sera difficile de trouver des réductions de plus de 10% par rapport au tarif réglementé à partir de février.

Rappelons également que l’ARENH disparaîtra le 31 décembre 2025. Cela nécessitera une nouvelle évolution des tarifs réglementés en fin d’année. Avec la fin du chiffre symbolique de 42 € par MWh, pilier de l’ARENH, et totalement décorrélé des réalités de marché, il y a fort à parier que cela ne sera une baisse pour personne.

Toute modification du prix d’accès réglementé à l’électricité nucléaire historique ou des tarifs d’utilisation des réseaux publics d’électricité donne lieu à la modification des tarifs réglementés de vente en vigueur pour tenir compte de cette évolution.