Pénurie de logements à Baie-Saint-Paul | Les apprentis menuisiers à la rescousse

Grâce à un partenariat innovant, la Ville de Baie-Saint-Paul, dans Charlevoix, sera bientôt propriétaire de six mini-maisons construites volontairement par des étudiants en charpenterie-menuiserie. Le premier, inauguré l’automne dernier, vise à sortir les sans-abri de la rue. Les autres contribueront à lutter contre la pénurie de logements dans la commune.

“C’est Noël aujourd’hui, je suis tellement excitée!” », s’enthousiasme Marie-Ève ​​Trudel, intervenante en itinérance pour le Centre communautaire Pro-Santé, à Baie-Saint-Paul.

Nous étions bien avant les vacances lorsque nous avons rencontré Mmoi Trudel et Annie Bouchard, la directrice générale de Pro-Santé. Mais ce jour-là, la tiny house devant laquelle nous nous sommes rencontrés venait d’accueillir son premier occupant, un SDF suivi par le centre communautaire depuis une dizaine de jours.

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Marie-Ève ​​Trudel, intervenante en itinérance au Centre communautaire Pro-Santé, et Annie Bouchard, directrice générale de ce centre communautaire

« C’est vraiment un nouveau départ ! Il a de l’expérience dans la restauration, ce qui l’a attiré dans la région car nous avons beaucoup de demande. Le problème, c’est le logement. »

Appréciée des touristes pour ses belles maisons traditionnelles, Baie-Saint-Paul n’échappe pas à la crise du logement. Prix ​​des loyers, inondations de 2023, séparations, violences domestiques, problèmes personnels, travailleurs dormant dans leur voiture : les causes et les manifestations sont multiples.

“C’est très vaste désormais, le sans-abrisme”, rappelle M.moi Bouchard.

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Cette minuscule maison construite par des étudiants en menuiserie a été confiée au Centre communautaire Pro-Santé pour fournir un hébergement temporaire d’urgence.

La minuscule maison blanche appartient à la Ville, qui l’a installée sur le terrain communal et l’a confiée au centre communautaire pour qu’elle l’utilise comme hébergement temporaire d’urgence. Lit mezzanine, cuisine, salle de bain, thermopompe : ce havre de paix de 160 pieds carrés (8 pi X 20 pi) se veut confortable et sécuritaire. Chaque bénéficiaire y sera hébergé et accompagné pendant environ un mois.

Faire d’une pierre six coups

A l’origine de cette première tiny house, il y avait un professeur qui avait un problème de locaux.

Marc-Antoine Bouchard enseigne la menuiserie et la menuiserie à l’École des métiers et occupations de l’industrie de la construction de Québec (EMOICQ), ainsi qu’à sa succursale de Charlevoix, le centre de formation Avise.

À La Malbaie, « j’avais besoin d’espace, alors j’ai dû emmener les élèves dehors », raconte l’enseignante rencontrée à Québec. C’est ainsi qu’est né le projet de construire une tiny house sur roues.

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Marc-Antoine Bouchard

J’ai trouvé un camping-car d’occasion et j’ai dessiné les plans en trois jours.

Marc-Antoine Bouchard, professeur de menuiserie-menuiserie à l’ÉMOICQ

Ce premier projet extérieur a suscité un vif intérêt de la part de la population de La Malbaie et a remporté 2 prix totalisant 15 000 $ lors d’un concours de projets communautaires. L’argent a été remis à l’école, qui avait payé tout le matériel, et le centre de services scolaire a fait don de la maison.

M. Bouchard avait d’autres groupes avec lesquels travailler à l’extérieur. Il est allé frapper à la porte de la mairie de Baie-Saint-Paul, sa ville natale. « Je leur ai proposé deux mini-maisons pour le prix des matériaux. » La proposition a été accueillie à bras ouverts.

« C’est un projet passionnant et prometteur. Quand on a des opportunités comme celle-là, il faut les saisir», affirme le maire Michaël Pilote.

Ces deux nouvelles mini-maisons ont été livrées à l’automne, sur une autre propriété municipale.

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Michaël Pilote, maire de Baie-Saint-Paul, dans l’une des deux mini-maisons construites par des étudiants en menuiserie-menuiserie

« Il ne manque que les armoires, un peu de ménage et un peu de peinture », explique M. Pilote en nous faisant visiter l’une de ces deux maisons de 504 pieds carrés (14 pi x 36 pi).

L’espace est aménagé comme un petit quatre et demi. C’est compact, mais bien pensé. Et avec les arbres matures bordant le terrain, les deux maisons d’allure contemporaine se fondent dans le décor, donnant l’impression d’être là depuis longtemps.

Reste à savoir comment ils seront occupés. La Ville pourrait les vendre, en dictant des conditions pour éviter la spéculation, ou confier leur location à son office municipal du logement. La décision sera prise à l’hiver 2025 pour… cinq tiny house. Baie-Saint-Paul a déjà commandé trois autres unités dont la construction débutera au printemps.

En tenant compte de tous les coûts (matériaux, transport, installation, finition, etc.), les deux premières mini-maisons représentent « un projet d’une valeur d’environ 200 000 $ » pour la Ville, estime le maire. Le coût des trois prochains reste à préciser, mais les revenus provenant de la vente ou de la location des cinq immeubles couvriront la facture, estime M. Pilote.

« Tout le monde dehors ! » »

Les trois prochaines unités seront construites au Québec, derrière l’EMOICQ. Lors de notre visite, les élèves faisaient des mathématiques en classe. Mais vers la fin février, ce sera « tout le monde dehors ! » « .

Construire des mini-maisons rend l’apprentissage beaucoup plus stimulant, explique Frédéric Martel, qui enseigne avec M. Bouchard. Au lieu de « monter-démonter, construire-démonter » des structures en bois qui finissent par ressembler « à des fromages suisses », les étudiants travaillent sur « un produit concret dans la réalité de ce métier, dehors, en plein hiver », illustre M. Martel.

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L’enseignant Frédéric Martel devant la future roulotte de chantier qui servira lors de la construction des tiny house

Il fait froid, il y a du vent, il neige, il pleut, il fait beau, ça fait partie de la réalité. Cela excite vraiment les étudiants.

Frédéric Martel, professeur de menuiserie-menuiserie à ÉMOICQ

Et au lieu de changer de professeur au fur et à mesure de leurs apprentissages, le groupe suit tout le programme avec le tandem Bouchard-Martel. « On leur vend le fait d’être une équipe : 2 profs avec un groupe de 22, ça fait une équipe de 24, donc tout le monde s’entraide tout le temps. »

Il en va de même pour les horaires. « Je le gère comme un chantier, donc on n’arrive pas à 7 heures du matin : on commence à 7 heures du matin ! » Les étudiants d’autres programmes, notamment de carrelage, de plâtrerie, d’électricité et de peinture de maison, devront participer.

Et à Baie-Saint-Paul, il y a des tiny house, « il pourrait y en avoir quelques autres », glisse le maire Pilote. « Bien sûr, la pénurie est toujours là, mais au moins nous essayons de sortir des sentiers battus et d’adopter de nouvelles façons de faire. En matière de logement, nous avons de nouveaux problèmes, il faut donc innover ! »

 
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