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2025, une année de défis pour le transport aérien [Par Jean-Louis Baroux]

2025, une année de défis pour le transport aérien [Par Jean-Louis Baroux]
2025, une année de défis pour le transport aérien [Par Jean-Louis Baroux]

Cette année encore, de nombreux défis attendent le transport aérien. Elle a également terminé l’année 2024 de manière bien triste avec le crash de la compagnie sud-coréenne Jeju Air qui a fait 179 morts suite, si l’on a bien compris les premières investigations, à une ingestion d’oiseaux et à l’explosion de l’avion, un Boeing 737-800 contre un mur en bout de piste alors que l’équipage n’avait pas réussi à sortir le train d’atterrissage. Il s’agit bien d’une accumulation de malchance dont l’enquête pourra sans doute apporter les explications puisque les boîtes noires ont été retrouvées.

Jean-Louis BAROUX
Fondateur du réseau APG
Président d’APG World Connect

Une semaine plus tôt, un Embraer 190 d’Azerbaïdjan Airlines avait été touché par un missile apparemment tiré par erreur par une batterie antiaérienne russe. Cela nous ramène au premier défi du transport aérien, la sécurité des vols. Ces deux accidents, si différents tant par leur cause que par leur environnement, prouvent que la sécurité n’est jamais totalement assurée malgré les progrès extraordinaires enregistrés dans ce domaine.

5 milliards de passagers attendus en 2025

L’autre défi majeur concerne la construction aéronautique. La demande de transport n’a cessé de croître et plus de 5 milliards de passagers sont attendus cette année. Cela représente près de 10 000 passagers chaque minute. Cependant, pour faire face à ce marché en constante expansion malgré les freins écologiques à sa croissance, il faudra des avions et des pilotes en quantités sans précédent. D’ici 2035, en seulement dix ans, il faudra former 400 000 pilotes et construire quelque 40 000 avions. Cependant, les nouveaux avions sont de plus en plus sophistiqués et leur construction nécessite un nombre croissant d’intervenants : plus de 400 sous-traitants pour chacun des deux principaux constructeurs. Et ceux-là, j’ai nommé Airbus et Boeing mais aussi Embraer, Comac et ATR. Ces constructeurs peinent à suivre le rythme des commandes passées par les compagnies aériennes. Ces derniers ont peur de ne pas pouvoir transporter leur marché et de laisser la place à leurs concurrents. Ils planifient leurs programmes d’exploitation plusieurs années à l’avance en fonction des dates de livraison des appareils commandés. Toutefois, celles-ci ont très peu de chances d’être tenues, du moins jusqu’à ce que Boeing ait retrouvé sa pleine capacité de production, ce qui n’est pas acquis au moins cette année.

Le défi écologique

Et puis n’oublions pas le défi écologique considérable qui pénalise ce secteur d’activité depuis une bonne dizaine d’années. Bien entendu, les enjeux environnementaux pèsent depuis plus longtemps sur les transporteurs et les aéroports, dont les riverains aimeraient profiter d’opportunités d’emplois assez bien rémunérés sans subir le moindre bruit. Mais l’écologie est devenue un enjeu mondial au moins pour les pays occidentaux gérés par des systèmes démocratiques et donc dépendants de groupes de pression, notamment écologiques. Certes, le transport aérien doit poursuivre sans relâche son objectif de décarbonation et cela coûtera des sommes colossales qui devront être déboursées par les utilisateurs de ce moyen de transport. Mais elle doit aussi organiser sa communication pour défendre sa position auprès des populations car c’est là l’enjeu. Mais pour ce faire, il lui faut rassembler tous les acteurs, des agents de voyages aux contrôleurs aériens, en passant par les aéroports, les compagnies aériennes, les constructeurs, les prestataires de services, etc. Sauf que pour l’instant on ne voit pas émerger d’organisme de collecte de fonds capable de créer un lobbying mondial efficace. Il serait plus que souhaitable de créer un tel outil dès 2025.

Et puis les aéroports seront également confrontés à la gestion de la croissance alors que leur environnement gouvernemental, largement influencé par le lobby écologiste, n’a qu’un seul objectif, réduire le nombre de mouvements. Déjà certaines grandes plateformes sont concernées par des restrictions purement administratives, c’est le cas d’Amsterdam Schipol mais aussi de Paris Orly pour ne parler que de l’Europe. Ils ne seront pas en mesure de défendre seuls leur position, mais ils peuvent être les forces motrices derrière la création du lobby mondial dont nous voyons clairement la nécessité.

Le défi des prix

Reste un dernier défi, celui des prix. Celles-ci ont considérablement augmenté après le Covid et c’est une bonne chose. Les récents accidents totalement imprévus montrent que le transport aérien est une activité extrêmement complexe, elle ne peut être vendue à des prix qui ne la respectent pas. Cette grande vente rappelle au public que le transport aérien ne vaut finalement rien puisqu’il peut être acheté à des prix incroyablement bas. Cela rend un très mauvais service à ce secteur d’activité. L’enjeu pourrait être d’interdire une fois pour toutes les prix affichés en dessous du prix de revient, quitte à pourvoir le dernier siège des vols.

Bref, le transport aérien n’est pas au bout de son chemin vers la qualité à laquelle il est viscéralement attaché.

Par Jean-Louis BarouxJournaliste

 
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