Alors que la culture du bien-être imprègne les mentalités et les sociétés occidentales, chefs d’entreprise, cadres dynamiques et journalistes abandonnent les vins bon marché des réceptions aseptisées pour élargir leurs carnets d’adresses et faire du lobbying. Cultiver son réseau professionnel et son corps en même temps : c’est ce qu’on appelle transpirationla nouvelle tendance bruxelloise.
Il se pourrait bien que votre futur partenaire de gym devienne votre nouveau collègue ou un interlocuteur professionnel régulier. Pour faire des affaires, il vaut mieux comprendre la personne »sans qu’elle sache que tu essaies de vendre quelque chose», confie un dirigeant d’une entreprise de médias, cité par Politico qui a mené une enquête sur le sujet.
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Brian Morris, co-fondateur de la salle de sport de luxe Aspria à Bruxelles, explique : «Le réseautage n’a rien de nouveau. Mais est-ce généralement pratiqué dans des clubs de luxe plutôt que dans des centres de fitness traditionnels ? La réponse est oui.»
Avocats et fonctionnaires des institutions européennes ont pris l’habitude de fréquenter l’une des salles Aspria de la capitale belge. La possibilité d’y développer son carnet d’adresses est particulièrement attractive. L’ancien commissaire européen polonais Janusz Wojciechowski est également un très bon client de cette salle de sport, lui qui aime s’y rendre tôt le matin.
ANIMO, autre lieu prisé de la capitale, mise sur son design soigné et son ambiance cosy pour attirer une clientèle haut de gamme. Les abonnements mensuels peuvent également atteindre 199 euros. En franchissant les portes de l’une des trois salles ANIMO, vous aurez l’impression d’être à la fois dans un café de ville branché et dans l’appartement d’un millionnaire.
Pour les adhérents, cette esthétique incarne leur progression sociale : au fur et à mesure de leur progression dans leur carrière professionnelle, ils aspirent à fréquenter les salles de sport en fonction de leur statut. Autrement dit, fini le Basic-Fit et ses prix abordables ; bienvenue chez ANIMO, où il est possible de déguster un smoothie protéiné au beurre de cacahuète après une séance.
Salles de sport mondiales
Pour les fondateurs des salles ANIMO, l’objectif est de créer un espace où les élites peuvent non seulement sculpter leur physique, mais aussi booster leur carrière. “Allez à la salle de sport à 7 heures du matin, entraînez-vous pendant une heure, puis rencontrez peut-être quelqu’un pour un petit-déjeuner autour d’un bol d’açai dans l’espace social, avant de lire vos e-mails – des e-mails pendant une heure et de partir pour le bureau.C’est ici routine matinale idéal résumé par Antoine Derom, l’un des dirigeants du groupe.
Mais pourquoi choisir des salles de sport aux prix aussi élevés ? Sanne Pieters, chercheuse en sociologie culturelle à la KU Leuven, met en lumière cette tendance. «Les gens pensent qu’en fréquentant des salles de sport haut de gamme, ils rencontreront des personnes partageant les mêmes idées.»explique-t-elle.
Ces espaces offrent la possibilité de développer votre réseau professionnel tout en vous consacrant à votre bien-être. C’est la force de transpiration: combiner effort physique et opportunités de réseautage. A Bruxelles, où les activités de lobbying sont courantes, cette tendance trouve un écho favorable.