L’énigmatique « voiture McConnell » | La presse

Parfois, il suffit d’une fausse information pour révéler des histoires surprenantes. Dans ce cas, nous parlons d’une très vieille Rolls-Royce, avec une histoire peu commune…

Au milieu des années 1970, cette voiture classique dormait encore dans le garage de son premier propriétaire, le millionnaire John Wilson McConnell (1877-1963), dont l’hôtel particulier était situé au 1475 Avenue des Pins Ouest, dans le quartier chic du Carré d’Or. Mile.

D’après ce que nous raconte un musicien qui vivait dans le domaine à l’époque, des mécaniciens de Rolls-Royce venaient chaque année démarrer la voiture, avant de retirer les pistons et de les envelopper dans du papier de soie. Oui, vous avez bien lu. Papier de soie.

Il faut dire que cette Rolls n’était pas n’importe quelle Rolls.

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Le roi George VI et la reine mère Elizabeth, au belvédère du Mont-Royal, en mai 1939

Selon la rumeur rapportée par ce même musicien, la Rolls aurait été utilisée par le roi George VI et la reine mère Elizabeth, lors de leur visite à Montréal le 19 mai 1939. D’où, sans doute, cet entretien délicat et minutieux.

Nous ne l’avons pas remis en question davantage.

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John Wilson McConnell, en 1936

À la fin des années 1930, John Wilson McConnell était un personnage puissant et riche. Issu d’une famille pauvre, cet homme d’affaires anglophone a fait fortune en tant que grand patron de la société St. Lawrence Sugar, puis du journal Étoile de Montréal. Il possédait un immense manoir de 40 pièces qui vaut aujourd’hui 30 millions de dollars. Et il est considéré comme l’un des plus grands philanthropes de l’histoire du Québec, ce qui lui a valu son nom sur plusieurs établissements montréalais, dont un aréna, un édifice et deux bibliothèques.

Bref. On imagine facilement qu’il avait prêté sa Rolls au monarque et à sa famille pour leur défilé dans les rues de Montréal. Entre gens riches et célèbres, il faut s’entraider…

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Alors lorsque le patron nous a demandé de trouver un sujet « intemporel » pour les fêtes de fin d’année, nous avons tout de suite pensé à nous lancer sur les traces de cette voiture mythique, sachant qu’elle n’était plus dans ce garage de l’avenue des Pins depuis longtemps.

Un Phantom 1 assez rare

Premier réflexe : contactez Rolls-Royce Montréal. Le très sympathique directeur nous apprend que sa société appartient désormais au groupe BMW, et qu’il ne possède aucun dossier sur les vieilles Rolls. Il nous a alors suggéré de contacter le Rolls-Royce Owners Club (RROC), situé en Pennsylvanie, où ils pourront mieux nous aider.

Message Facebook, appel téléphonique, prise de contact. Nous expliquons au président, Mark Lizewskie, les raisons de notre recherche, en lui demandant comment retrouver ladite machine. Malheureusement, explique-t-il, il est impossible de trouver une Rolls sans son numéro de châssis… à moins, peut-être, d’avoir une adresse. Heureusement. On lui donne celui du manoir de l’avenue des Pins. Sa réponse est immédiate, comme si elle était évidente.

« Ah, vous parlez de la voiture McConnell ! » »

Mark Lizewskie connaît bien cette automobile pour l’avoir vue passer dans ses registres. En revanche, il n’a jamais entendu dire qu’elle avait été utilisée lors de la visite royale de 1939. Il en doute même un peu. « Si vous saviez combien de personnes pensent que leur Rolls a déjà été utilisée par un monarque ! » », a-t-il déclaré, empathique.

En revanche, il nous fournit immédiatement des détails sur le modèle de la voiture : il s’agit d’une Phantom 1 St. Regis de 1930. Elle a été construite dans le Massachusetts, à l’époque où le constructeur anglais possédait ses propres usines. aux États-Unis. M. Lizewskie souligne que seulement 1 247 de ces voitures ont été construites en Amérique entre 1926 et 1931. Autant dire qu’elles n’étaient pas courantes dans les rues. Il précise que chaque Rolls de cette époque avait sa propre carrosserie (fabriquée par la société Brewster, en l’occurrence) et ses propres accessoires, selon les souhaits du propriétaire.

En théorie, chacun d’eux était unique. On pouvait avoir des poignées en ivoire, des bancs en peau de léopard, on pouvait tout faire à condition d’avoir quelqu’un pour le faire et d’en avoir les moyens.

Mark Lizewskie, président du Rolls-Royce Owners Club

Décidément très efficace, Mark Lizewskie nous donne alors le numéro de châssis du véhicule : S421MR. Avec ce détail, dit-il, nous devrions pouvoir retrouver la voiture. Puis il nous donne une dernière information :

« Si mes informations sont correctes, elle est actuellement en Suisse. Contactez le club Rolls-Royce là-bas. Peut-être qu’ils confirmeront le numéro de châssis. Mais je ne m’attends pas à ce qu’ils vous aident beaucoup plus… »

 
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