Les petits actionnaires de Lion Électrique, qui perdront des milliers de dollars en raison de l’insolvabilité du constructeur de véhicules électriques, se sentent impuissants face à la situation.
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Geneviève Nadeau et Steve Daigle, deux militaires retraités du Saguenay, ont investi 15 000 $ dans Lion en 2021.
« À l’époque, je ne savais pas que lorsque le gouvernement s’intéresse à une entreprise, c’est un signal d’alarme : il ne faut pas y aller », raconte M.moi Nadeau.
En investissant dans Lion, Geneviève Nadeau et son associé étaient enthousiasmés par l’électrification des transports prônée par des entreprises comme Tesla et plusieurs États, dont le Québec.
« On voyait un avenir un peu vert, dit M. Daigle.
«Quand il y a de grands noms comme [l’ex-ministre] Pierre Fitzgibbon qui nous parle de Lion et de l’industrie des batteries, on se dit qu’ils voient ce qui s’en vient parce qu’ils sont plus proches des entreprises”, relate M.moi Nadeau.
De l’argent « gaspillé »
Cela impliquait que Lion devrait investir des sommes importantes pour développer ses bus et camions électriques, puis construire une usine aux États-Unis, un marché crucial.
« Mais trois ans plus tard, voir tout cet argent dilapidé dans d’immenses immeubles à Mirabel et dans l’Illinois avant même de sécuriser la première usine [à Saint-Jérôme]…Cela donne l’impression d’une entreprise qui a payé voyage depuis des années sur le dos des contribuables et des investisseurs», affirme Geneviève Nadeau.
La négociation des actions Lion aux Bourses de Toronto et de New York est suspendue depuis lundi. Accablée par des centaines de millions de dollars de dettes, l’entreprise a obtenu jeudi la protection des tribunaux.
PDG discret
Raphaël Boucher, un jeune investisseur qui a perdu environ 5 000 $ avec Lion, estime que le fondateur de l’entreprise, Marc Bédard, aurait dû être plus présent ces derniers mois pour expliquer la situation aux actionnaires.
« Je ne comprends pas pourquoi Lion avait des prévisions de revenus aussi élevées en 2021 », dit-il. L’entreprise évoquait à l’époque un chiffre d’affaires de 5 milliards de dollars en 2024 alors que sur les neuf premiers mois de l’année, ses ventes dépassaient à peine les 165 millions de dollars.
Comme plusieurs investisseurs, Gabriel Caissy, qui a perdu 2 500 $, n’a toujours pas digéré que M. Bédard ait vendu pour plus de 16 millions de dollars d’actions du Lion en novembre 2021, soit à peine six mois après l’entrée. en bourse de la société.
«Je pense que M. Bédard savait qu’on allait dans le mur et n’a pas prévenu adéquatement les actionnaires», a déclaré M. Caissy.
Groupe d’investisseurs
Ces derniers jours, les actionnaires de Lion ont constitué un groupe pour défendre leurs droits. En seulement 24 heures, ils affirment avoir réuni 200 investisseurs qui ont investi plus de 20 millions de dollars.
« Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas pu nous protéger ? Pourquoi semble-t-il qu’il n’y avait personne de confiance pour vérifier ce que faisait l’entreprise ? » demande Salvatore J. Agnello, un retraité qui a perdu gros au Lion.
À l’Autorité des marchés financiers (AMF), on affirme n’avoir reçu aucun appel ni plainte concernant Lion.
«Cette entreprise n’est soumise à aucune pénalité ni manquement à notre réglementation», a indiqué un porte-parole de l’Autorité, Sylvain Théberge.
Lion se défend
Lion a refusé les demandes d’entretien de Journal et questions écrites obligatoires.
« Dans quel contexte aurions-nous eu un manque de transparence ? » a demandé le porte-parole de l’entreprise, Patrick Gervais.
« Ni le PDG ni les autres membres de la direction de Lion Electric n’ont fait de « déclarations potentiellement trompeuses » », a-t-il assuré.
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