le gouvernement Legault refuse de s’impliquer

Québec ne condamne pas la vente de viande sauvage au marché noir à Kahnawake ni la chasse autochtone clandestine dans la réserve faunique de Matane.

Evasif, le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations, Ian Lafrenière, a déclaré vendredi « nous comprenons très bien le droit de chasser pour se nourrir. Cependant, lorsqu’on parle de vente de nourriture, il y a certains problèmes, donc je vais laisser les enquêtes se faire sur le terrain.

LE GRAND CHEF DE LA NATION MOHAWK DE KANHAWAKE, CODY DIABO ET LE MINISTÈRE RESPONSABLE DES RELATIONS AVEC LES PREMIÈRES NATIONS ET LES INUITS, IAN LAFRENIÈRE, LORS DE LA SIGNATURE D’UN ACCORD DE RECONNAISSANCE MUTUELLE DES NATIONS MOHAWK ET DU QUÉBEC, LE 20 DÉCEMBRE 2024 À MONTRÉAL. PHOTO DOMINIQUE CAMBRON-GOULET

Photo Dominique Cambron-Goulet

C’était la première fois que le gouvernement prenait position publiquement sur la question, parallèlement à la signature d’une Déclaration d’entente et de respect mutuel entre les nations québécoise et mohawk, à laquelle a participé le premier ministre François Legault.

Interrogé sur les activités de la boucherie clandestine Wild Bush Cuts Kahnawake, telles que révélées par le Bureau of Investigation, le grand chef de la communauté, Cody Diabo, a esquivé la question, indiquant que son peuple a des « droits de chasse ancestraux ».

« C’est pour nous nourrir, pour nourrir les gens que nous connaissons. C’est tout ce que je vais dire pour l’instant », a déclaré M. Diabo.

Suite à la publication de notre enquête, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs a affirmé jeudi qu’une enquête était en cours.

Mais le président du syndicat des agents de protection de la faune, Martin Perreault, a dénoncé cette semaine que ses membres ne peuvent intervenir sur ordre du gouvernement.

Viande de cerf achetée chez Wild Bush Cuts Kahnawake, emballée sous vide.

Photo MARTIN CHEVALIER

Des actions immédiates sont nécessaires

Notre enquête a suscité l’inquiétude du député péquiste de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, qui a demandé au Québec « de prendre tous les moyens pour mettre fin au braconnage, de faire respecter les lois pour tous ».

Les quatre principales fédérations fauniques de la province réclament également des actions « concrètes » et « immédiates » pour mettre fin à cette situation. La Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, la Fédération des pourvoyeurs du Québec, la Fédération québécoise des gestionnaires de ZEC et la Fédération des gestionnaires trappeurs du Québec ont toutes signé une lettre en ce sens, vendredi.

Dominic Dugré, président-directeur général de la Fédération des pourvoiries du Québec, précise que Matane n’est pas un cas isolé : les autochtones chassent la nuit et vendent leurs prises ailleurs dans la province.

Toutefois, « la faune est un bien commun qui ne doit pas faire l’objet d’un marché lucratif », insiste-t-il, ajoutant que « le niveau des populations d’orignaux commence à inquiéter dans plusieurs régions ».


Le chef parlementaire du PQ, Pascal Bérubé

Photo d’archives, DIDIER DEBUSSCÈRE

Pas un droit ancestral

Le député Bérubé a indiqué avoir interrogé le ministre de l’Environnement qui lui a répondu que le sujet était « délicat », « parce qu’il y a une dimension autochtone ». Le PQ insiste cependant : « Braconner la nuit avec une camionnette puis des phares n’est pas un droit ancestral. »

C’est aussi l’avis de la vice-chef de la Première nation Wolastoqiyik Wahsipekuk, Shirley Kennedy, dont une partie du territoire traditionnel recoupe le secteur de Matane. Pour elle, faire en sorte que chacun, autochtone et non-autochtone, respecte les règles de chasse est une question de « respect commun ».

Alors que cette communauté faisait appel aux autorités pour qu’elles cessent le braconnage, le ministre Lafrenière a plutôt appelé les Wolastoqiyik Wahsipekuk et les Micmacs, dont le territoire chevauche également la région, à discuter avec les Mohawks.

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