Le nombre de sans-abri qui n’ont nulle part où aller lorsqu’ils sont expulsés du métro en fin de soirée a atteint un nombre sans précédent la semaine dernière, alors que le froid s’abattait sur Montréal.
Le service de navette Mission Old Brewery a ramené pas moins de 80 personnes chez elles lors de la fermeture du métro de Montréal, mardi dernier.
«C’est la première fois que nous recevons des demandes d’une telle ampleur», affirme Émilie Fortier, directrice des services d’urgence de l’organisme. Nous avions une partie du groupe que nous avons pu déménager, mais l’autre partie a dû déménager seule. Nous constatons déjà le débordement des ressources.
Émilie Fortier, directrice des services d’urgence à la Mission Old Brewery.
Courtoisie
Ce record a été enregistré alors que Montréal vivait sa première période de froid extrême de la saison, alors que la température est tombée à -20°C dans la nuit de samedi à dimanche.
De nombreux sans-abri restent dans le métro pour se réchauffer l’hiver, mais doivent en sortir à la fermeture du réseau vers 1 heure du matin, convergeant vers la station Bonaventure, où la navette les récupère.
Dimanche, la Mission Old Brewery a également dû intervenir auprès de deux sans-abri souffrant d’hypothermie. «C’est quelque chose que je n’avais jamais vu en décembre», s’inquiète Mme Fortier.
« Nous dérangeons ! »
Samedi soir vers 21 heures, Le Journal dénombrait 35 sans-abri résidant uniquement à la station Bonaventure. La plupart d’entre eux se détendaient sur des bancs chauds, tandis que certains fumaient du crack ou discutaient entre eux.
« Cela me semble beaucoup, 35 personnes », estime Mme Fortier. Il se passe quelque chose.
« Ce qui est difficile pour un SDF, c’est que tout le monde vous dit que vous n’avez pas le droit d’être là, même si vous dites que vous avez froid. Nous sommes dérangeants ! se désole Johnny Bussières, un SDF rencontré dans la gare.
Mme Fortier souligne notamment le peu de - dont disposent les organisations pour mettre en œuvre leurs ressources hivernales.
« Encore cette année, le financement des mesures hivernales s’étend du 1er décembre au 31 mars. Cela signifie que lorsque l’hiver arrive, nous nous organisons encore, plutôt que d’étaler les activités sur toute l’année.
A quelques mètres de là, Bryson Poirier tentait en vain de dormir sur un banc. L’homme de 40 ans est à la rue depuis deux semaines après avoir perdu son logement pour non-paiement de son loyer.
Bryson Poirier.
Photo Olivier Faucher/Le Journal de Montréal
« Il y a beaucoup de monde ici. Je n’aime pas vraiment ça. Il y a des gens qui pissent dans un coin, qui crient. Je reste calme et je ne fais pas ça», explique le musicien qui récolte de l’argent en jouant de la guitare à l’entrée de la station Bonaventure.