OKA | L’école secondaire d’Oka est devenue un véritable laboratoire vivant depuis la rentrée, avec une interdiction totale du téléphone portable, y compris à l’heure du déjeuner et pendant les récréations. Ce changement majeur s’est mis en œuvre facilement, selon les membres du personnel, même si plusieurs adolescents ne sont pas d’accord.
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«On ne savait pas trop à quoi s’attendre, mais toute l’équipe de l’école s’en est occupée, et finalement, ce n’est pas compliqué du tout», raconte la technicienne en éducation spécialisée, Kathleen Gauthier, rencontrée à l’extérieur de l’école lors d’une période de surveillance le midi. .
De leur côté, les enseignants constatent que leurs élèves trouvent plus facile de se concentrer pendant les cours. «J’ai vraiment remarqué une différence», explique Amina Aramis, professeur de mathématiques.
La directrice de l’école, Isabelle Martel, se réjouit de cette transition « réussie », même si elle reste réaliste.
“On ne jouera pas à l’autruche, je sais qu’il y en a qui utilisent leur téléphone portable même si c’est interdit”, dit-elle. Mais nous ne voyons aucun téléphone dans l’école. La majorité respecte la règle. Alors oui, nous avons atteint notre objectif.
Il n’était même pas nécessaire d’utiliser les pochettes magnétiques pour verrouiller les appareils achetés par l’école, ajoute-t-elle.
Seules une dizaine de jeunes récalcitrants, qui se sont fait pincer à plusieurs reprises leur téléphone portable dans les mains, doivent déposer leur appareil à l’accueil à leur arrivée le matin, avant de le récupérer en fin de journée.
La grande majorité a trouvé d’autres moyens de s’occuper à l’heure du dîner. La participation aux activités extrascolaires, qui ont été renforcées, a explosé. Les soirées dansantes organisées le vendredi midi à l’auditorium affichent complet.
«Nos adolescents se sont très bien adaptés», déclare M.moi Martel.
Des membres du personnel de l’école secondaire d’Oka ont fait des pancartes pour encourager les adolescents à « lâcher » leur téléphone cellulaire.
MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL
Des adolescents frustrés
Mais tout le monde n’est pas du même avis. En passant le Journal Dans cette école, il y a quelques semaines, à l’heure du déjeuner, les élèves avaient beaucoup à dire sur le sujet.
Surtout ceux du secondaire, qui ne comprennent pas pourquoi ils doivent désormais abandonner leur appareil, après l’avoir utilisé quotidiennement pendant quatre ans.
«Je suis totalement contre», déclare Rose, 17 ans, qui a toujours son téléphone portable avec elle. Elle n’est pas la seule, plusieurs adolescents se cachent dans les toilettes pour s’en servir, raconte-t-elle.
Parmi les récriminations qui reviennent le plus souvent, selon la trentaine d’adolescents avec qui La Revue a parlé : ne pas pouvoir communiquer facilement avec ses parents ou amis d’une autre école, ne pas pouvoir écouter de la musique pendant la journée, ne pas pouvoir se prendre en photo et… perdre du - pendant le dîner scolaire à « se chercher » » avec des amis de l’école.
Les élèves de première secondaire sont également « frustrés » par la nouvelle règle. « J’ai attendu toute mon école primaire pour pouvoir utiliser mon téléphone portable, maintenant je suis au collège et je ne peux plus m’en servir. C’est dans une poche », explique David, 12 ans.
Plusieurs jeunes affirment enfreindre la règle, mais avouent en même - être moins scotchés à leur écran qu’avant.
Des déjeuners plus « amusants »
L’interdiction a aussi ses bons côtés, disent d’autres étudiants.
« Cet été, j’étais un peu en colère quand j’ai appris ça, mais au final, c’est vrai qu’on ne se parle plus, c’est amusant », raconte Béatrice, une élève de quatrième secondaire.
D’autres étudiants sont également ravis, puisqu’ils ont « appris à mieux se connaître », tout en s’impliquant dans de nouvelles activités.
Jérémy, 16 ans, avoue être « dépendant » de son téléphone portable, « comme beaucoup de jeunes de [s]une génération ». «Je trouve que difficile qu’ils nous enlèvent ça», dit-il, tout en ajoutant du même souffle que l’interdiction pourrait être bénéfique pour sa petite sœur.
“Peut-être que ça va […] aide-le » à être moins accro, il laisse tomber.
Il faudra toutefois attendre quelques années avant d’avoir une meilleure idée des impacts d’une telle mesure. Une équipe du CIUSSS a été mandatée pour documenter la situation.
«Nous aurons le tour complet dans cinq ans», affirme Isabelle Martel. Mais nous voyons déjà des résultats.
École secondaire d’Oka : voici les règles en vigueur depuis la rentrée
Les téléphones portables sont totalement interdits à l’arrivée à l’école le matin, pendant les récréations, à l’heure du déjeuner et à l’extérieur sur le terrain de l’école.
Un appareil est confisqué dès qu’un jeune est surpris en train de l’utiliser à l’école, l’élève peut le récupérer en fin de journée.
Les étudiants qui recommencent (généralement au bout de trois fois) doivent déposer leur téléphone portable à l’accueil le matin avant de le récupérer en fin de journée, ce qui est le cas d’une dizaine d’adolescents sur 1 100 étudiants.
Le personnel a également décidé de lui emboîter le pas pour donner l’exemple.
L’offre d’activités extrascolaires le midi a été considérablement améliorée et la participation a explosé.
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