Roland Gumpert, d’Audi Sport à Nathalie en passant par Apollo

Roland Gumpert, d’Audi Sport à Nathalie en passant par Apollo
Roland Gumpert, d’Audi Sport à Nathalie en passant par Apollo

Quand on a tout, on en veut toujours plus, quitte à prendre des risques. Telle est la vie de Roland Gumpert qui a tout accompli lorsqu’il était employé chez Audi et qui a magnifiquement échoué dans sa carrière indépendante.

Cet ingénieur allemand a pourtant pris un très bon départ. Diplômé en mécanique, il se fait rapidement remarquer chez Audi. A Ingolstadt, il gravit les échelons à toute vitesse. Arrivé en 1969 comme ingénieur d’essais, il prend la direction de ce département 3 ans plus tard et ne s’arrête pas là : en 1981, il devient directeur d’Audi Sport.

Fin de carrière pour le groupe B

Les anneaux ne sont pas particulièrement réputés pour leur palmarès sportif tout au long de leur histoire ? Sauf dans ces années où ils ont survolé le monde des rallyes, remporté 25 manches du championnat du monde et remporté quatre titres constructeurs.

C’était l’ère du Groupe B, l’ère de l’Audi Quattro que Gumpert développait avec son équipe. Ces années de gloire l’amèneront, bien plus tard, à apparaître au cinéma avec, dans son rôle, l’excellent Daniel Brühl dans le film Race for Glory. Mais la catégorie prend fin tragiquement en 1986. Gumpert rejoint donc le standard du département automobile et se dirige rapidement vers l’Asie, toujours pour Audi. Au début des années 90, la Chine s’est enfin ouverte aux affaires occidentales et il ne voulait pas rater cette occasion. Il se retrouve à la table du conseil d’administration de la coentreprise du groupe VW en Chine, plus particulièrement chargé du marketing.

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Le Gumpert Apollo ne remportera pas de prix dans un concours d’élégance.

Vendre des voitures c’est bien, les concevoir c’est mieux. Il a alors suggéré à Audi de développer une supercar. L’état-major hésite à lui donner son feu vert, mais pas un de ses anciens collègues, Roland Meyer. Il a installé son box et prépare les voitures pour les rings. L’idée de concevoir une voiture à partir d’une page blanche, ou presque, le chatouille. Gumpert se lance dans l’aventure et les deux Roland fondent GMG Sportwagenmanufaktur Altenburg GmbH, toujours dans la plus pure simplicité des noms allemands.

Mais en matière de gouvernance et de finances, rien n’est simple. En 2004, Gumpert fait son putsch et rebaptise la petite entreprise à son nom. D’autant que le projet est déjà avancé : un nom a été trouvé pour la voiture, elle s’appellera Apollo et un dessin est figé. Elle est signée Marco Vanetta qui ne risque pas de remporter le Nobel du style automobilemais peu importe : Gumpert vise la performance et uniquement la performance. La voiture est prête, mais l’argent n’arrive toujours pas.

il faudra attendre encore un an pour que la Gumpert Sportwagenmanufaktur puisse produire l’Apollo et la présenter au public avec tous ses avantages. Et c’est le cas, malgré sa conception rudimentaire. Son poids ? Moins de 1 200 kg. A l’intérieur, pas le moindre siège, mais des baquets moulés dans la cellule en carbone. Quant à son moteur, Gumpert a appelé ses amis chez Audi qui lui ont fourni le V8 4.2 maison qui équipe la deuxième génération de RS4. Mais les 420 ch qu’il développe font sourire le père de l’Apollo. Il va donc y coller deux turbos et laisser le choix de la puissance au client : 650, 700 ou 800 ch, c’est comme vous voulez.

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Une petite touche de Nissan GT-R pour la Gumpert Nathalie.

La vitesse annoncée de l’engin est de 360 ​​km/h et le 0/100 km de 3s, mais ces chiffres n’ont jamais été homologués. En revanche, la voiture fut, en 2012, le tour le plus rapide réalisé par les comédiens de Top Gear, ou du moins par le moins drôle Stig. Elle fut bien entendu détrônée quelques - plus tard par la Bugatti Veyron Super Sport.

Du rachat à la revente

Quoi qu’il en soit, l’Apollo ne s’est jamais placé sur l’orbite du succès commercial. En 2013, Roland Gumpert a déposé son bilan. L’entreprise est rachetée par un investisseur hongkongais et son fondateur quitte le navire. Mais Apollo Automobil ne fait pas mieux. Quatre ans plus tard, le consortium asiatique vend l’entreprise au chinois Aiways, la même société qui produit des voitures électriques.

En 2017, Roland Gumpert a été rappelé. Il prend la tête de la nouvelle entité, en tant que salarié, avec une nouvelle idée : une voiture équipée d’une pile à combustible au méthanoljuste ça. Au menu : 544 ch, 420 000 euros, 500 unités et un design toujours pas au top, mais plus appréciable que l’Apollo. La nouvelle voiture porte un nom curieux, puisqu’elle s’appelle Nathalie, du prénom de la fille de sa créatrice. Une tradition dans l’automobile allemande depuis qu’Émile Jelinek, un important concessionnaire Daimler, a donné en 1902 aux voitures qu’il vendait le nom de sa plus jeune fille. Elle s’appelait Mercedes.

 
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