C’est la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) qui aurait informé les autorités des agissements posés par trois de ses anciens dirigeants récemment accusés de leur participation présumée à un stratagème de corruption en Inde, insinue le gouvernement Legault.
À l’Assemblée nationale mercredi, le ministre des Finances, Éric Girard, a estimé que l’institution québécoise avait été « proactive » dans le dossier du producteur d’énergie solaire Azure Power Global, contrôlé par le pécule des Québécois.
“C’est le Fonds […] qui avait été proactif en demandant une révision, c’est-à-dire en demandant au conseil d’administration d’Azure de procéder à une vérification, en faisant appel à des conseillers externes et qui en a informé les autorités», a expliqué le ministre responsable de la CDPQ, en mêlée de presse.
Au moment d’écrire ces lignes, la CDPQ n’avait pas commenté la déclaration de M. Girard.
Les trois anciens dirigeants de la Caisse, Cyril Cabanes, Saurabh Agarwal et Deepak Malhotra, ont été inculpés le 24 octobre à New York.
1/3
Avec cinq hommes d’affaires indiens, ils auraient participé dès 2020 à un stratagème de corruption d’un montant total de 250 millions de dollars visant à obtenir frauduleusement des contrats d’électricité en faveur d’Azure. C’est aux États-Unis que les accusations ont été déposées, le producteur indien d’énergie solaire étant coté à la Bourse de New York, donc soumis aux lois du pays.
Lire Trois anciens dirigeants de la Caisse accusés de corruption
La Caisse a investi dans Azure une première fois en 2016 et s’est progressivement imposée, au point d’en devenir l’actionnaire majoritaire en 2020. Elle a investi plus de 600 millions de dollars canadiens, ce qui lui confère une participation de 53,4 %.
Cet investissement s’élève désormais à environ 35 millions en raison des nombreuses irrégularités qui secouent Azure depuis août 2022.
D’un point de vue financier, il s’agissait d’un investissement qui s’est avéré sous-optimal. C’est le moins que je puisse dire. Maintenant, il faut juger la Caisse dans l’ensemble de son portefeuille.
Éric Girard, ministre des Finances du Québec
Mardi, La presse a révélé que MM. Cabanes, Agarwal et Malhotra ont également joué un rôle clé dans une filiale de la Caisse qui a payé 1 milliard de dollars pour une autoroute à péage en Inde, soit près de deux fois plus que ce que ses concurrents offraient.
Consultez Rôles clés pour les ex-cadres accusés de corruption
Interrogé sur ce dossier, M. Girard a souligné qu’il n’y avait aucun « aspect juridique ». Le ministre des Finances a également tenté de justifier le prix payé par l’investisseur québécois.
« On parle d’un processus concurrentiel et la Caisse a tenté à plusieurs reprises d’acquérir des autoroutes [en Inde] et n’a pas remporté ces processus concurrentiels, a déclaré M. Girard. Cette fois, ils ont acquis l’actif et d’après ce que j’ai compris, l’actif se comporte conformément aux attentes des investisseurs. »
Le gestionnaire du régime de retraite du Québec a commencé à investir dans les autoroutes du pays le plus peuplé du monde par l’intermédiaire de l’Indian Highway Concessions Trust (IHCT). Cette fiducie est contrôlée à 75 % par une filiale de la Caisse, Maple Highways. C’est elle qui contrôle l’EPE depuis son rachat en 2022.
Selon les états financiers d’IHCT consultés par La pressela fiducie accumule des pertes. Ils s’élevaient à 25 millions CAN en 2023 avant d’atteindre 35 millions pour l’exercice clos le 31 mars.
Avec Hugo Joncas, La presse