Vue du bâtiment de la Banque de France à Paris
par Harry Robertson
La prime de risque exigée par les investisseurs pour détenir la dette publique française a chuté lundi après que le gouvernement, menacé de censure, a renoncé à un projet de définancement des médicaments en 2025.
Le gouvernement a annoncé en novembre dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) une modification des tarifs de remboursement des médicaments en 2025, une mesure critiquée par les partis d’opposition, notamment le Rassemblement national (RN), qui a assuré lundi que “sauf miracle”, il voterait la censure contre l’exécutif.
L’écart entre les rendements des obligations françaises et allemandes à 10 ans, une mesure des coûts d’emprunt français par rapport à la référence de la zone euro, s’établissait vers 12h20 GMT à 81,6 points de base (pb) contre environ 85 pb avant l’annonce du gouvernement.
Ce spread avait grimpé dans la matinée à 86,8 points, un niveau élevé mais inférieur au plus haut depuis 12 ans atteint la semaine dernière, lorsqu’il s’élevait à 90 pb.
Avant les dernières concessions du gouvernement au RN, le rendement des obligations françaises à 10 ans avait brièvement dépassé pour la première fois celui de la Grèce lundi, après avoir frôlé la parité la semaine dernière.
Les investisseurs obligataires seront particulièrement attentifs à 14H00 GMT lorsque le Parlement doit voter le PLFSS. Ils craignent surtout qu’un effondrement du gouvernement n’entraîne l’abandon de tout effort visant à réduire le fardeau de la dette.
“Un effondrement du gouvernement conduirait probablement à une période continue et prolongée de paralysie politique, dans la mesure où Emmanuel Macron aurait encore du mal à mettre en place un accord gouvernemental viable”, a déclaré Richard McGuire, responsable de la stratégie de taux chez Rabobank.
Vendredi, l’agence S&P Global Ratings a maintenu sa note sur la dette souveraine à long terme de la France avec une perspective stable, malgré les turbulences budgétaires actuelles, qui ont offert un premier répit au gouvernement de Michel Barnier.
(Reportage de Harry Robertson ; version française de Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)