Des milliers de kilomètres de sentiers de motoneige en attente

Discorde à Saint-Raymond

Opposition à un droit d’accès

L’imposition d’un tarif d’accès à la ZEC Batiscan-Neilson a semé la zizanie à Saint-Raymond et ses environs. La situation a rapidement dégénéré et les propriétaires fonciers ont menacé de bloquer un sentier fédéral de motoneige.

«Pour bien comprendre la situation, il faut remonter 50 ans en arrière», affirme d’emblée le maire Claude Duplain.

Ce dernier affirme que, d’aussi loin qu’il se souvienne, les gens n’ont jamais eu à payer pour circuler librement en hiver sur la ZEC Batiscan-Neilson.

Ce territoire est enclavé par des propriétés privées. Pour accéder à la ZEC (zone d’exploitation contrôlée), les motoneigistes doivent donc passer par un terrain privé.

Les motoneigistes doivent passer par un terrain privé pour se rendre à la ZEC Batiscan-Neilson. (Patrick Woodbury/Archives Le Droit)

C’est pourquoi près de 200 propriétaires de Saint-Raymond permettent au club de motoneige local de tracer gratuitement un sentier fédéré sur leur territoire.

« Depuis 50 ans, il y a toujours eu une grande harmonie entre les dirigeants de ZEC et les clubs de motoneige », mentionne Stéphane Desroches, directeur général de la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec (FCMQ).

Mais les relations sont plus houleuses depuis que la ZEC Batiscan-Neilson a ouvert son territoire durant l’hiver 2023-2024 à la pêche hivernale et à la location de logements. Il nécessite désormais des frais d’accès quotidiens d’environ 12,39 $ par véhicule toute l’année.

Cette décision intervient après que le gouvernement a demandé au Réseau ZEC d’augmenter sa capacité d’autofinancement.

« Lorsque la mesure tarifaire a été annoncée en avril 2023, il n’y a eu aucune grogne. Mais début janvier, les mécontents nous le font savoir en vandalisant des affiches. À partir de ce moment-là, il y a eu un effet boule de neige», explique la présidente de la ZEC Batiscan-Neilson, Isabelle Paquet.

La mesure a d’abord été accueillie froidement par les clubs de motoneige.

« Depuis trois ans, nous avons injecté 1,7 million de dollars pour les infrastructures du Réseau ZEC, l’organisme a mis 6 000 $ de cette somme. Et ce sont les clubs de motoneige qui font le revêtement des sentiers et qui ont l’obligation civile de les sécuriser, pas la ZEC», déplore Stéphane Desroches.

En échange de ces services, la FCMQ exigeait que ses membres soient exclus de la tarification.

« Pour nous, c’était gratuit pour eux dès le départ. Mais cela m’a semblé mal compris», reconnaît Mme Paquet.

Début novembre 2024, la ZEC Batiscan-Neilson a finalement conclu une entente avec le club de motoneige local de Saint-Raymond pour exempter les membres de la FCMQ des frais d’accès, à condition qu’ils demeurent sur le site. voie fédérée.

Cependant, certains propriétaires fonciers ont contesté l’imposition de frais d’accès à d’autres sentiers.

« Il faut voir les choses du point de vue des propriétaires. Cela fait 50 ans qu’ils laissent passer gratuitement les motoneigistes sur leur territoire pour se rendre à la ZEC. Mais d’un coup, la ZEC fait payer les propriétaires fonciers de son territoire», clame le maire de Saint-Raymond.

En représailles, ils menacent maintenant de bloquer l’accès au très populaire sentier fédéré 23, qui donne accès à Saint-Raymond.

Impasse et économie en danger

C’est à ce moment que l’administration municipale s’implique dans la situation conflictuelle.

«Ça n’a pas de sens de fermer les sentiers, il y a une grande partie de l’économie de Saint-Raymond qui repose sur la motoneige», affirme Claude Duplain.

« Il y a des hôtels qui devront fermer si les motoneigistes ne peuvent pas se rendre en ville. Les commerçants ne sont pas contents», poursuit-il.

Certains d’entre eux proposent de fermer la ZEC pour l’hiver, comme cela se faisait auparavant. Cette proposition n’a pas été retenue, a indiqué le maire.

« Nous avons besoin d’argent. J’ai des employés à payer annuellement, on a aussi des dépenses pour l’évaluation des lacs», explique le président de la ZEC Batiscan-Neilson.

« On essaie de s’autofinancer et ce sont les propriétaires fonciers qui coupent l’accès à Saint-Raymond. Nous comprenons les commerçants et leurs préoccupations, mais nous avons des responsabilités et un territoire dont nous devons nous occuper. Le C dans ZEC signifie contrôlé, on ne peut pas le supprimer », ajoute-t-elle.

La situation est toujours tendue à Saint-Raymond. Les discussions entre parties prenantes stagnent.

« Nous sommes dans une impasse totale », affirme le maire.

Ce dernier espère néanmoins parvenir à une entente avec le gouvernement, les propriétaires fonciers, les clubs de motoneigistes, la MRC et la ZEC avant l’arrivée de la neige.

Tensions in Chaudière-Appalaches and Bas-Saint-Laurent

Conflit entre les propriétaires et leur syndicat

L’Association des propriétaires de lots boisés privés des Appalaches (APBPA) est en colère contre son syndicat. Ce dernier a pris une décision qui va à l’encontre de ce que souhaite la majorité des propriétaires de boisés privés. Pour contester cette mesure, les propriétaires révoquent, entre autres, les droits de passage des motoneiges.

L’APBPA conteste l’exclusivité de commercialisation des bois sciés et déroulés imposée par le Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud.

“Ce qui fait que, dès qu’un propriétaire d’un boisé privé abat un arbre sur son terrain, il est obligé de le vendre au syndicat qui se chargera de le vendre aux industriels, dont les scieries”, déplore le président. de l’APBPA, Raynald Nadeau.

L’Association des propriétaires de boisés privés des Appalaches ne souhaite pas que son syndicat ait des droits exclusifs sur la commercialisation du bois. (Archives Le Droit)

«Les propriétaires n’auront donc plus de droits légaux pour la vente et le prix que le syndicat négociera avec les scieries restera confidentiel», s’indigne-t-il encore.

Comme l’argent passera entre les mains du syndicat avant d’être redistribué aux propriétaires de boisés privés, M. Nadeau s’attend à recevoir son chèque près de deux mois après la vente.

« Le syndicat s’occupe également du transport du bois, qui s’étend sur une durée de 30 jours. Nous aurons donc un mois sans salaire en plus du délai de paiement pouvant aller jusqu’à 18 jours”, poursuit-il.

Bien sûr, les producteurs peuvent obtenir de meilleurs prix grâce à une commercialisation conjointe, mais ils veulent garder le choix de le faire ou non.

«Si un propriétaire n’est pas en mesure de négocier un bon prix avec les fabricants, il peut demander au syndicat de négocier à sa place ou même aux groupes forestiers», explique Raynald Nadeau.

L’APBPA exige donc que la commercialisation se fasse sur une base volontaire, qu’elle soit payée directement par les constructeurs, qu’il y ait un gel du prélèvement syndical et qu’il y ait le choix du transporteur.

«Mais pour l’instant, nous devons payer un avocat pour nous défendre contre notre syndicat qui est censé nous protéger», déplore M. Nadeau.

Possible closures from Lévis to Kamouraska

A défaut d’avoir été entendus, les propriétaires de forêts privées imposent une interdiction de passage sur leurs terres, pour une durée indéterminée.

Le président de l’APBPA indique que des propriétaires révoquent des droits de passage dans 52 municipalités, allant de Lévis à Kamouraska. Cela implique la motoneige, la randonnée et le ski de fond.

En cas de fermeture de sentiers par les propriétaires forestiers privés, la FCMQ a repensé sa carte. Les sentiers fédérés 5 et 55 pourraient être fermés. (FCMQ)

« Nous comprenons les enjeux auxquels sont confrontés les propriétaires de boisés privés. C’est le seul pivot dont ils disposent pour faire pression et exiger le changement. Nous espérons que la situation pourra être réglée avant la saison de motoneige», déclare le directeur général de la FCMQ.

Ici aussi, des inquiétudes se font entendre quant aux impacts économiques possibles de la fermeture des sentiers de motoneige dans la région.

« Nous recevons beaucoup de visiteurs de l’Ontario et des États-Unis qui viennent faire de la motoneige avec nous. Les éventuelles fermetures de sentiers dans le secteur créent de l’indécision et les gens pourraient éventuellement se rendre dans d’autres régions, ce qui aurait un impact notable sur les réservations», mentionne le directeur général de Tourisme Bas-Saint-Laurent, Pierre Lévesque. .

L’industrie de la motoneige génère des retombées économiques de 20 à 25 millions de dollars pour le Bas-Saint-Laurent.

La FCMQ affirme avoir un autre problème dans le nord de la Gaspésie, à Rivière Madeleine. Elle a été contrainte de fermer la passerelle, empruntée par les motoneigistes, qui surplombe la rivière Madeleine.

Stéphane Desroches a demandé au ministère des Transports d’emprunter une partie de la route 132 à cet endroit pour éviter la fermeture du sentier de motoneige. Il attend toujours un retour.

En espérant de la neige

La dernière saison de motoneige a été particulièrement difficile. La fine couche de neige, voire de glace, avait forcé les clubs de la grande région de Québec à fermer les sentiers en plein mois de février, une période charnière pour l’industrie.

«On ne veut pas avoir des températures comme l’an dernier, mais c’est Dame Nature qui décidera», affirme le directeur général de la FCMQ.

La mauvaise saison a refroidi plusieurs motoneigistes, à tel point que plusieurs ont clamé haut et fort ne pas renouveler leur carte de membre pour la saison 2024-2025.

Malgré tout, près de 74 % des droits d’accès ont déjà été vendus lors de la vente spéciale du 50e anniversaire de la FCMQ.

La fine couche de neige, voire de glace, a forcé les clubs de la grande région de Québec à fermer les sentiers à la mi-février.

La fine couche de neige, voire de glace, a forcé les clubs de la grande région de Québec à fermer les sentiers à la mi-février. (Club Motoneige de Jacques-Cartier/Facebook)

« Les motoneigistes sont là et c’est une vraie passion. Pour plusieurs, cela permet d’évacuer le stress de l’hiver en marchant sur nos 33 000 km de sentiers », ajoute Stéphane Desroches.

Même si les conflits actuels mettent en péril les sentiers de motoneige, M. Desroches estime que 80 % des itinéraires seront ouverts cet hiver.

« Il ne reste plus qu’à avoir de la neige », dit-il.

 
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