En juin 2023, l’état-major norvégien recommande le remplacement, dans de brefs délais, des quatre frégates de la classe Fridtjof Nansen. [sur les cinq admises au service, le HNoMS Helge Ingstad ayant fait naufrage en 2018] par cinq, voire six nouveaux navires.
Il s’agissait de réorienter les investissements nécessaires à la modernisation des frégates de type Fridtjof Nansen vers d’autres priorités, de renforcer les capacités de lutte anti-sous-marine de sa Marine royale norvégienne tout en lui donnant plus de flexibilité opérationnelle pour protéger les « intérêts financiers importants de la Norvège dans les secteurs maritime et énergétique ». ». Et ce, alors que l’Extrême-Nord tend à devenir une zone stratégique importante, non seulement pour Oslo mais aussi pour l’OTAN.
Par la suite, le ministère norvégien de la Défense a adressé des demandes d’informations à onze pays susceptibles de fournir de nouvelles frégates. Finalement, seuls quatre ont été retenus, à savoir la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis. C’est d’ailleurs ce qu’il a annoncé le 19 novembre dernier.
Plusieurs critères ont guidé ce choix. D’abord, puisqu’il s’agit de réaliser ce projet rapidement, le ministère norvégien souhaite s’associer à un programme déjà en cours et établir un « partenariat stratégique » avec un allié proche, l’acquisition, l’exploitation et la maintenance des futurs navires doivent se faire conjointement. . Et, outre leurs capacités, les partenaires potentiels doivent avoir des intérêts stratégiques susceptibles de correspondre à ceux de la Norvège, y compris dans le Grand Nord.
Parmi les candidats retenus, l’Allemagne a sans doute une belle carte à jouer avec la frégate polyvalente F126 [ex-MKS 180]dont six exemplaires ont été commandés au profit de la Deutsche Marine. La construction de la première unité [la « Niedersachsen »] a débuté en 2023, pour une admission en service actif prévue en 2028. Si ce navire de 10 000 tonnes doit faire ses preuves dans la lutte anti-sous-marine, Berlin peut s’appuyer sur le partenariat déjà noué avec Oslo concernant les sous-marins U212CD et le supersonique « Tyrfing ». missile naval.
Quant au Royaume-Uni, il peut se targuer de la solide coopération militaire qu’il a instaurée avec la Norvège, qui se traduit par une « intimité » opérationnelle entre la Royal Navy et son homologue norvégienne. Par ailleurs, elle construit actuellement sept nouvelles frégates, soit quatre Type 26 [dédiées à la lutte anti-sous-marine] et trois Type 31 [ou classe Inspiration].
La présence des États-Unis dans la liste donnée par le ministère norvégien de la Défense peut surprendre, étant donné que, lancé pour remplacer le LCS [Littoral Combat Ship]le programme de frégates « Constellation » [basé sur le modèle italien de la frégate multimissions – FREMM] connaît des difficultés, au point que l’US Navy a été contrainte de prolonger la durée de vie de certains de ses « destroyers » pour remplir ses contrats opérationnels. Ils restent cependant le principal allié de la Norvège… Cela explique que…
Concernant la France, le ministre norvégien de la Défense, Bjørn Arild Gram, a souligné qu’elle entretenait une “coopération maritime de longue date” avec son pays et qu’elle “montre un intérêt croissant pour l’Extrême-Nord”, comme en témoignent les récents déploiements des forces françaises. Marine. En début d’année, la FREMM Bretagne a également fait escale à Oslo, ce qui a été l’occasion de promouvoir la Frégate de Défense et d’Intervention [FDI]dont la première unité, l’Amiral Ronarc’h, fit forte impression lors de sa première campagne d’essais en mer.
Notons au passage que de tous les modèles de frégates en lice pour l’appel d’offres norvégien, celui de la FDI est, pour l’instant, le plus avancé.
Pour rappel, conçu par Naval Group selon une « architecture numérique innovante » pour s’adapter en permanence aux évolutions technologiques et opérationnelles, le FDI a un déplacement de 4 500 tonnes pour une longueur de 122 mètres. Il est équipé d’un sonar de coque KingKlip Mk2, d’un sonar remorqué CAPTAS-4, d’une suite de guerre électronique « SENTINEL », du système de communications navales intégré « Aquilon » et d’un « data center ». Il est armé de missiles sol-air Aster 15 et Aster 30, d’une tourelle de 76 mm, de canons télécommandés de 20 mm, de torpilles MU-90 et de missiles antinavires Exocet. Enfin, il peut utiliser un hélicoptère et des drones aériens.
Quoi qu’il en soit, selon Gram, le facteur décisif sera l’implication de l’industrie navale norvégienne dans la construction et l’entretien de ces cinq ou six futures frégates. « L’ambition claire du gouvernement est que le nouveau plan de flotte crée un effet d’entraînement, des emplois et une création de valeur à travers le pays », a-t-il rappelé.
Photo : Marine Nationale