Les experts savent depuis longtemps que l’ajout de voies routières et autoroutières contribue à accroître les problèmes de congestion, quoi qu’en disent certains hommes politiques de la région, comme le maire et le député de Lévis.
Dans leur analyse de notre dossier sur la congestion routière, publiée lundi, Gilles Lehouillier et Bernard Drainville ont préféré, plutôt que de se rendre à l’évidence, se livrer à une surenchère selon laquelle il s’agissait là d’une preuve supplémentaire en faveur d’un troisième lien.
« Il en faut un (troisième lien). Ce n’est pas compliqué, il faut s’y prendre », a déclaré le ministre Drainville, évoquant l’argument tout sauf scientifique de la sécurité économique, désormais avancé par son gouvernement.
Les chiffres révélés par La Revue démontrent pourtant très clairement qu’un troisième lien n’est pas nécessaire. Il n’y a en effet pas eu d’augmentation des débits quotidiens sur le pont Pierre-Laporte par rapport à 2017, malgré de nombreux travaux récents sur le pont de Québec.
Un syndrome des politiques
MM. Lehouillier et Drainville sont touchés, comme de nombreux élus en quête de voix dans notre région, du syndrome du syllogisme du politicien. Selon leur argument qui ne repose sur aucune donnée scientifique : il faut faire quelque chose, le troisième lien est cette chose, et donc le troisième lien doit être fait.
Les données de Journal mais vont pourtant exactement dans le même sens que le récent rapport du CDPQI et les dernières études Origine-Destination.
Rappelons que le CDPQI concluait que « les gains de mobilité qu’apporterait un nouveau lien routier inter-fluvial seraient limités du fait qu’ils n’agissent pas dans le sens de circulation souhaité lors de la période de pointe matinale, soit de Lévis à Québec ». ».
Elle conclut également que « l’amélioration relative du trafic et le gain de temps effectif sur l’axe des ponts existants seraient limités, en moyenne 5 minutes, et se traduiraient à terme par une augmentation significative de la congestion sur le réseau routier. sur le territoire de la ville de Québec, notamment l’A40 et l’A440.
Cache cette vérité
Pourtant c’est clair et net. Si nous voulons réduire la congestion, nous devons améliorer l’offre autre que les routes et les autoroutes. Il faut réfléchir aux infrastructures de transport en commun, et un tunnel pour un tramway pourrait répondre efficacement à l’évolution de la demande, a jugé le CDPQI.
Dans une chronique récente sur le troisième lien, mon collègue Michel David, de Devoira cité Raymond Aron qui, dans L’érudit et l’homme politiqueavait écrit que « la vocation de la science est inconditionnellement la vérité. Le métier d’homme politique ne tolère pas toujours qu’on le dise.»
Voilà pourquoi le troisième lien autoroutier apparaît toujours dans les promesses de certains politiciens de la région de Québec, contre toute logique. Reste à savoir jusqu’où ira cette tromperie.