(Trois-Rivières) Réunie en congrès cette fin de semaine à Trois-Rivières, la Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ) demande au gouvernement fédéral de modifier la Loi de l’impôt sur le revenu. Les dépenses publicitaires sur les grandes plateformes numériques sont déductibles d’impôt, ce que déplore la FPJQ.
Dans sa forme actuelle, la loi stipule que le montant que les annonceurs investissent dans la publicité dans les médias canadiens est déductible d’impôt. Il précise que cet avantage fiscal ne s’applique pas à l’achat d’espace publicitaire par un annonceur canadien dans un média étranger, comme un magazine ou une chaîne de télévision. Toutefois, les géants du numérique, comme Facebook ou YouTube, ne sont pas considérés comme des médias étrangers dans le cadre de cette politique adoptée en 1960, bien avant l’arrivée d’Internet.
Dimanche, en assemblée générale, les membres de la FPJQ ont adopté une résolution demandant au gouvernement fédéral de modifier la loi pour inclure les plateformes numériques, majoritairement américaines, dans la définition de média étranger.
« Les médias souffrent actuellement énormément de l’exode des revenus publicitaires vers ces mêmes géants du web. Cette proposition vise à la rendre plus équitable. La loi confère actuellement un autre avantage aux géants du Web, qui n’en ont pas besoin», a déclaré le président de la FPJQ, Éric-Pierre Champagne.
La FPJQ entend rallier d’autres organisations à sa cause dans les prochaines semaines afin d’exercer un rapport de force contre Ottawa. La résolution de la Fédération professionnelle des journalistes fait suite à une sortie en février dernier de Louis Audet, le président du conseil d’administration de Cogeco, l’un des principaux acteurs de l’industrie radiophonique au Québec. Dans une lettre publiée dans La pressel’homme d’affaires a également demandé au gouvernement fédéral de réviser la loi afin que la publicité sur les plateformes numériques étrangères ne puisse plus bénéficier d’avantages fiscaux.
Ces 10 dernières années, les revenus publicitaires sur le web ont littéralement explosé, alors que tous les médias traditionnels ont perdu des annonceurs. Selon les données partagées par le Centre d’études sur les médias de l’Université Laval, les revenus publicitaires en ligne ont bondi de 627 % entre 2012 et 2022 au Québec.
Durant la même période, la télévision a perdu 16 % de ses recettes publicitaires, la radio 24 % et les quotidiens 67 %. On estime que le numérique représente actuellement entre 70 et 80 % des revenus publicitaires au Québec.