Des boîtes de médicaments par millions. Le paracétamol est de loin la molécule la plus prescrite en France, et le Doliprane représente à lui seul les trois quarts de ses prescriptions. L’Assurance maladie a communiqué jeudi 14 novembre ses chiffres clés, en publiant notamment le classement des médicaments les plus vendus en France sur un an. Plus de 308 millions de boîtes de Doliprane ont été vendues dans le pays, selon les données de mi-2024, tandis que Dafalgan arrive en deuxième position, avec moins de 71,6 millions.
Ce rapport donne également des montants généraux sur l’ampleur des remboursements des médicaments en France : un peu plus de 25,5 milliards d’euros l’an dernier, pour une moyenne de 41 cartons et 410 euros pour chaque patient.
La popularité du Doliprane explique en grande partie l’émoi suscité par l’annonce de sa future vente par le laboratoire Sanofi à un fonds américain. Derrière ces deux produits à base de paracétamol se trouvent le Levothyrox, contre l’hypothyroïdie, produit par l’allemand Merck, Kardegic, un anticoagulant de Sanofi, et un autre produit à base de paracétamol, Efferalgan, fabriqué par Upsa.
Les chiffres révélés par l’Assurance maladie soulèvent d’autres questions, notamment les montants élevés qui sont consacrés au remboursement des médicaments qui n’ont guère démontré de progrès majeur par rapport à ce qui existe déjà. Certes, une part importante des remboursements concerne des médicaments très chers, mais qui représentent réellement un progrès : c’est le cas de plusieurs médicaments anticancéreux ou du Kaftrio de Vertex, qui a changé la donne pour de nombreux patients atteints de mucoviscidose.
En revanche, près d’un tiers des montants remboursés correspondent à des médicaments pour lesquels la Haute Autorité de Santé a conclu à une « amélioration du service médical rendu » (ASMR) peu voire inexistante. Un cas illustre cette situation : celui d’Eliquis. Cet anticoagulant commercialisé conjointement par Bristol-Myers Squibb et Pfizer est le traitement qui coûte le plus cher à la collectivité : plus de 755 millions d’euros remboursés. Cependant, son ASMR n’est que « mineur ». Dans ce cas précis, la situation ne va pas durer car des génériques vont arriver sur le marché, « présage de nouvelles économies »selon Medicare.