Comment expliquer ce désintérêt pour la pompe à chaleur ? Selon Christophe Leroy, l’écart de prix entre l’électricité d’un côté et le pétrole et le gaz de l’autre est trop important.
Souvent, la pompe à chaleur n’est pas rentable
Ainsi, l’électricité coûte actuellement environ 30 centimes le KWh. Le gaz et le fioul, quant à eux, ne coûtent qu’environ 8 centimes le KWh et sont donc presque quatre fois moins chers que l’électricité.
Consommation réduite mais prix élevé
Rappelons qu’une pompe à chaleur consomme environ trois fois moins d’énergie qu’une chaudière au gaz et au fioul. Cette consommation réduite par trois ne compense donc pas le prix de l’électricité quatre fois plus élevé, par rapport à ceux du gaz et du fioul. “Actuellement, il n’est pas rentable de remplacer une chaudière fossile par une pompe à chaleursoutient Christophe Leroy. Pour que la pompe à chaleur coûte moins cher à l’usage que la chaudière fossile, il faudrait que l’électricité soit seulement 2,5 à 3 fois plus chère que le fioul et le gaz. ».
Durant la crise énergétique, le prix du gaz a augmenté plus fortement que celui de l’électricité. La pompe à chaleur permettait donc, à cette époque, de réduire les factures énergétiques. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le patron de Viessmann précise que, pour certains logements équipés de chaudières très anciennes, il peut encore être intéressant de passer à une pompe à chaleur. En effet, ces chaudières très anciennes consomment encore plus que les chaudières à condensation.
mouette« L’Europe s’est fixé l’objectif d’atteindre 30 millions de pompes à chaleur d’ici 2030. Au rythme actuel, nous n’y parviendrons jamais.
Objectif 30 millions de pompes en Europe en 2030
Rappelons que la pompe à chaleur est considérée comme l’une des solutions pour décarboner le chauffage. “L’Europe s’est fixé pour objectif d’atteindre 30 millions de pompes à chaleur d’ici 2030déclare Christophe Leroy. Au rythme actuel, nous n’y arriverons jamais. Pour y parvenir, il faudrait adapter la fiscalité sur l’électricité, le gaz et le fioul.». En principe, selon le patron de Viessmann, les droits d’accises sur l’électricité devraient être réduits afin d’en réduire le coût. La question est de savoir si cette perte de recettes budgétaires doit être compensée ou non par une augmentation des accises sur le fioul et le gaz.
Mais, selon Christophe Leroy, le monde politique belge risque de ne pas évoluer dans cette direction. “D’après les contacts que j’ai eu, le monde politique ne va pas s’attaquer à ce problèmedéclare-t-il. Le passage aux voitures électriques entraîne déjà une réduction des recettes budgétaires, en raison de la réduction des taxes routières et d’immatriculation. Le monde politique a donc peur de créer un nouveau trou budgétaire en baissant les taxes sur l’électricité.».
Comment produirons-nous notre énergie en 2030 ?
Selon Christophe Leroy, l’Europe a travaillé sur un ratio maximum de 2,5 entre le coût de l’électricité et celui du gaz pour dynamiser les pompes à chaleur. Mais cette législation a été reportée après les élections européennes. “La Belgique attendra probablement le vote de cette législation européenne pour modifier sa fiscalité »précise-t-il.
A noter que la Creg, le régulateur du secteur de l’énergie, a également publié une étude qui compare les coûts des systèmes de chauffage durables (dont la pompe à chaleur) avec les coûts des systèmes de chauffage fossiles (chaudières à gaz et charbon). essence). Cette étude compare non seulement les coûts d’exploitation, mais également les coûts d’investissement de différentes technologies. En effet, on sait qu’une pompe à chaleur peut coûter entre 12 000 et 15 000 euros, contrairement à une chaudière fossile qui coûte quelques milliers d’euros.
Quels sont les résultats ? La Creg a calculé qu’il fallait que l’électricité coûte au maximum 2,06 fois plus cher que le gaz et 2,58 fois plus cher que le fioul pour que l’investissement dans la pompe à chaleur soit rentable. Cependant, l’électricité est souvent 3,6 à 6 fois plus chère que le gaz et le pétrole.
