Crise politique, crise économique, victoire de Donald Trump qui pourrait accroître l’impérialisme américain en matière de technologie… C’est dans ce contexte morose pour les deux premières puissances européennes que le français Qwant et l’allemand Ecosia s’associent pour tenter de développer leur propre recherche sur Internet. technologie, ont-ils annoncé mardi 12 novembre.
Le principal défi de cette union est de réussir à construire un index de recherche européen, c’est-à-dire la technologie qui permet de référencer l’ensemble du Web. Une pierre angulaire d’une véritable souveraineté européenne en matière de recherche en ligne.
Car aujourd’hui, seuls les Américains Google, Microsoft – avec Bing pour ce dernier – et Yahoo disposent de leur propre index en Occident. Bien que positionnés comme des alternatives à ces géants, Qwant, Ecosia et tous les autres (DuckDuckGo, Lilo…) sont obligés de s’associer à l’un d’entre eux – notamment Google et Bing – pour fournir des résultats. recherches pertinentes pour les internautes.
En réalité, ils ne se démarquent qu’à la marge : soit en promettant de respecter la vie privée en ligne en ne traquant pas les internautes dans leurs activités (Qwant, DuckDuckGo), soit par un positionnement éthique : Ecosia consacre 100 % de ses bénéfices à la reforestation et à l’environnement. des projets de protection, tandis que Lilo soutient des projets sociaux et environnementaux. Et tout le monde ne reçoit que des miettes du marché, dominé à plus de 90 % en Europe par Google.
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Vers une hybridation de l’IA et de la recherche sur Internet
Conscient depuis sa création en 2011 de l’enjeu crucial de la souveraineté, Qwant a été le seul moteur de recherche alternatif à se lancer dans la création de son propre index Web. En 2023, au moment de son rachat par le groupe Synfonium des frères Octave et Miroslaw Klaba (également fondateurs d’OVHCloud), elle répondait à 60 % des demandes et devait utiliser Bing pour les 40 % restants.
« Comme Ecosia, nous avons été construits avec la solution Bing de Microsoft », explique à La Tribune, Olivier Abecassis, directeur général de Qwant. ” Mais celle-ci a évolué de manière inquiétante au cours de l’année écoulée, avec des hausses de prix et de nouvelles conditions d’utilisation. », déplore-t-il.
Parmi ceux-ci, l’ancien directeur distribution, innovation et numérique du groupe TF1 cite les usages liés à l’IA générative. ” Nous nous dirigeons vers une hybridation des modèles d’IA générative avec la recherche sur Internet. Ces deux industries vont donc se rapprocher dans les années à venir », note Olivier Abecassis, disant vouloir éviter un renforcement des positions déjà dominantes de certains acteurs de ces deux secteurs.
A ce stade, Qwant teste tous les modèles LLM du marché, même si son directeur général assure vouloir « privilégier les technologies européennes « . Il reconnaît néanmoins que le modèle final pourrait ne pas être « mono-LLM », car certains modèles fonctionnent mieux que d’autres en fonction des demandes des utilisateurs notamment.
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Un accord 50-50
Mais avant d’en arriver là, European Search Perspective, la joint-venture qui réunit Qwant et Ecosia, va travailler à construire le « première brique fondamentale » : l’index de recherche. Cela ne fournira que des résultats en français et en allemand et pourra être mis à la disposition d’autres moteurs de recherche indépendants et entreprises technologiques, via une API.
Si les deux entreprises s’associent pour ce projet commun, chacune gardera sa spécificité : la confidentialité des données pour Qwant, l’écologie pour Ecosia, le moteur » qui plante des arbres ».
Pour créer cet indice, les deux alliés ne partent pas de zéro. Ils s’appuient sur le travail déjà conséquent réalisé par le moteur de recherche français. Donc, “ Les ingénieurs et data scientists de Qwant ainsi que la propriété intellectuelle associée de l’indice seront transférés au sein de la joint-venture » pour terminer le travail. Avec l’objectif, que Qwant n’a jamais pu atteindre, que le futur indice soit capable de répondre à 100% des requêtes.
La joint-venture ainsi créée est détenue à 50% par les deux parties, sans plus de précisions sur les investissements nécessaires à la construction de cet indice. ” Nous ne communiquons pas sur les chiffres, mais je peux dire que l’accord est assez conséquent », précise Olivier Abecassis.
Qwant et Ecosia annoncent qu’ils commenceront à utiliser cette technologie de recherche d’ici la fin du premier trimestre 2025. Le déploiement sera étendu à l’Allemagne d’ici la fin de l’année prochaine.
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