Un Montréalais qui aurait tenté de frauder plusieurs concessionnaires afin d’exporter des véhicules sans les payer fait maintenant l’objet de quatre demandes devant les tribunaux.
Fawaz-Romel Abdel-Kadel aurait réussi son tour de passe-passe du premier coup avant de semer le doute parmi les constructeurs automobiles, selon des documents judiciaires consultés par Le Journal.
L’entreprise à numéro qu’il dirige a acheté en juillet dernier une camionnette Toyota Tundra pour la coquette somme de 109 999 $ chez un concessionnaire du Plateau-Mont-Royal.
Mais moins de deux mois plus tard, l’agence de crédit de Toyota a dû s’adresser au tribunal pour tenter d’intercepter la camionnette, qui se trouvait au port de Montréal selon son GPS activé à distance.
Bien qu’une saisie avant jugement ait été ordonnée, l’entreprise n’a pas été en mesure de localiser le véhicule avant qu’il ne soit probablement exporté.
Toyota a donc saisi la justice pour poursuivre Fawaz-Romel Abdel-Kadel, le principal dirigeant et actionnaire de la société Fawaz Services, qui serait « sans aucun doute impliqué dans l’exportation du véhicule ».
Enquête
Cette enquête a débuté début septembre, lorsque Honda a eu un doute sur le « risque de fraude » lors de la réception d’une demande de financement et en a informé son concurrent Toyota, affirme le constructeur automobile.
En effet, plus de 30 demandes de crédit ont été formulées par l’entreprise dirigée par M. Abdel-Kadel ces derniers mois. Environ 90 % du crédit prétendument disponible aurait été utilisé, indique-t-on dans les poursuites.
Dans ce type de fraude, surnommé « Bust Out Scheme », « un emprunteur maximise et dépasse brusquement son crédit ». […] et compte tenu de la rapidité de ces demandes, les créanciers requis ne voient pas le déroulement du stratagème en temps réel », mentionne-t-on dans les documents judiciaires.
“Ce faisant, plusieurs créanciers se voient floués, car s’ils avaient eu connaissance du stratagème, la demande les concernant n’aurait pas été accordée”, écrit M.e François Joubert, qui représente toutes les entreprises flouées.
L’entreprise spécialisée en entretien et en entreposage, dont les locaux sont situés sur le boulevard Saint-Laurent à Montréal, avait acheté trois autres véhicules : un Mercedes-Benz GLE53 4Matic, un Hyundai Santa Fe et un autre Toyota Tundra, d’une valeur totale de 265 300 $.
Faux états financiers
En particulier, elle aurait fourni aux concessionnaires des états financiers qui «dénotent des revenus et des bénéfices attrayants et qui justifiaient l’approbation du crédit», affirme Mercedes-Benz dans son procès.
Le cabinet comptable a toutefois confirmé qu’il n’était pas à l’origine de ces documents, a indiqué le constructeur automobile.
Toyota, Hyundai et Mercedes-Benz ont donc saisi la justice pour reprendre possession des autres véhicules avant qu’ils ne soient eux aussi exportés.
La fourgonnette Toyota Tundra a pu être géolocalisée dans un quartier résidentiel de Sainte-Thérèse, sur la Rive-Nord de Montréal.
Il « n’était pas encore, semble-t-il, dans un conteneur en cours d’exportation, d’où l’urgence d’intervenir avant que le véhicule ne soit transporté ». […] subit le même sort que l’autre véhicule déjà financé », mentionne-t-on dans la demande introductive d’instance.
En entretien avec Le JournalM. Abdel-Kadel plaide une erreur de bonne foi, précisant qu’il “ne savait pas qu’on ne pouvait pas exporter le véhicule”.
« On leur a dit : on l’envoie parce qu’on part en voyage, on va l’utiliser là-bas et on le rapporte avec nous. J’en ai acheté un deuxième que nous avons gardé ici pour l’entreprise », a-t-il mentionné.
Le gérant de Fawaz Services a soutenu qu’il poursuivait les paiements des différents véhicules en attendant la finalisation des différents dossiers.
Avec Michaël Nguyen et Philippe Langlois