Imaginée par une jeune entreprise nantaise, cette application séduit de plus en plus de villes en France. Les toilettes publiques des communes y sont également répertoriées.
Le Figaro Nantes
C’est une situation partagée par de nombreuses personnes. Face à une envie pressante, rendez-vous dans un bar ou une boutique pour leur demander d’utiliser les petits coins. Il n’est pas rare non plus d’être repoussé. Avec ICI Toilettes, cela ne devrait plus arriver. Imaginée par un jeune pousse nantais, cette application gratuite « révolutionne l’accès aux toilettes gratuit dans les villes » selon ses propres mots.
Thomas Herquin, co-fondateur et directeur, a lancé en 2019, après avoir participé à un hackathon, un concours organisé à Nantes. L’objectif de son produit numérique est de « permettre l’accès aux sanitaires pour tous dans les espaces publics ». Une carte recense ainsi les toilettes publiques déjà existantes, mais aussi les commerçants partenaires, qui ouvrent les portes de leurs toilettes.
Engagement RSE
« Commerçants, bars, brasseries accueillent déjà du monde [dans leurs cabinets]. Ils le font parce qu’ils se considèrent comme plus qu’un simple débit de boissons. Nous avons cette volonté d’accompagner les enseignes dans cet engagement RSE »explique le gérant. En échange, les commerçants reçoivent une indemnité de 100 euros par mois ainsi que des serviettes hygiéniques et des protections pour aider leurs clients. Ouvrir leurs portes peut aussi être un atout : « 70 % des commerçants partenaires reconnaissent un impact sur le chiffre d’affaires »même si les individus ne sont pas obligés de consommer.
En fin de compte, c’est une innovation de “bon sens” pour Thomas Herquin. Sans vouloir dénigrer les toilettes publiques, qu’il considère comme complémentaires, il souligne néanmoins leurs imperfections. Chers (30 000 euros par an), consommateurs d’eau (17 litres par passage), ils ne plaisent pas aux femmes : 98 % d’entre elles sont réticentes à les utiliser (selon un rapport de l’International Journal of Environmental Research and Public Health de 2020). ).
Grenoble, Montreuil, Angoulême…
Après une expérimentation dans sa ville natale de Nantes, où le contrat n’a pas été renouvelé (lire encadré ci-dessous), la « start-up solidaire et sociale » travaille avec des villes comme Angoulême, Grenoble et Montreuil. A Paris, ICI Toilettes a été sélectionnée pour les Jeux Olympiques et des discussions sont en cours pour pérenniser le contrat. Car pour les collectivités, cela a un coût. Le modèle économique de l’application repose en grande partie sur ceci : « on coûte entre 10 et 12 fois moins cher » que les toilettes publiques, souligne le co-créateur, qui parle aussi du changement « écologique, économique et solidaire » que cela permet. En 2025, ICI Toilettes, dirigée par la jeune entreprise innovante Urban Services, espère nouer des partenariats avec une dizaine de villes, lui permettant de devenir rentable.
« Personne ne deviendra multimillionnaire »or, prévient immédiatement Thomas Herquin. Si c’était sa volonté, il serait resté dans le “démarrer” Canadien où il exerçait auparavant. A l’inverse, l’entrepreneur insiste : « le but est de vivre correctement et d’avoir un impact ». Ainsi, il est convaincu que « Les villes de droite et de gauche participent au système ». En Allemagne, le modèle Nette Toilette existe déjà depuis plus de 15 ans.
Pour trouver d’autres sources de revenus, Urban Services propose désormais aux collectivités de coupler l’application ICI Toilettes avec une plateforme de gestion ICI-T : « une valeur ajoutée sans précédent pour gérer la politique de la ville en matière de toilettes publiques ». Les problèmes de matériel sont signalés en temps réel aux autorités grâce aux signalements anonymes des utilisateurs. « Nous sommes le Waze des toilettes »rigole le fondateur. Du 19 au 21 novembre, l’entreprise sera présente au salon des maires et collectivités de Paris, où elle a remporté il y a deux ans le Prix de l’innovation sociale et solidaire.