Donald Trump et notre facture d’épicerie

Donald Trump et notre facture d’épicerie
Donald Trump et notre facture d’épicerie

L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche risque de se faire sentir jusque dans les allées des épiceries du Québec et même dans les planchers de certains détaillants, comme les quincailleries.

Le prix de l’huile de canola, du sucre, du jus d’orange et de nombreux fruits et légumes pourrait augmenter dès l’année prochaine si M. Trump donne suite à son projet d’imposer un tarif de 10 %. sur les produits entrant aux États-Unis.

«Nous avons beaucoup de produits de base qui partent directement aux États-Unis et reviennent ici transformés», souligne Sylvie Cloutier, présidente-directrice générale du Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ), au bout du fil.

Elle donne l’exemple du canola des Prairies, que nous vendons à nos voisins du Sud, qui en font de l’huile. Une fois transformé et mis en bouteille, il traverse à nouveau la frontière vers nos rayons d’épicerie. Cependant, l’imposition du tarif douanier fera augmenter le prix du canola, par conséquent, l’huile fabriquée avec la matière première devrait également être plus chère au moment du contrôle.

D’un autre côté, la réponse du gouvernement canadien, s’il y en a une, pourrait également avoir un effet à la hausse sur la facture d’épicerie, estime M.moi Cloutier. « Le gouvernement canadien laissera-t-il les États-Unis imposer un tarif de 10 % sur toutes ses importations sans rien faire ? se demande-t-elle. Je serais surpris s’il ne réagissait pas. »

Dans le cas où le Canada imposerait à son tour un tarif douanier, les produits en provenance des États-Unis coûteraient également plus cher : fruits et légumes hors saison, sucre, plusieurs produits transformés. Et sans oublier le jus d’orange réalisé ici… avec des agrumes de Floride.

Sylvie Cloutier souligne que le protectionnisme n’est toutefois pas l’apanage de Donald Trump. La candidate démocrate, Kamala Harris, a également souhaité mettre en place certaines mesures pour protéger les emplois et encourager les entreprises à s’implanter sur le sol américain.

«Au niveau alimentaire, il ne faut pas sous-estimer le volume des intrants qui transitent entre nos deux pays», rappelle Pascal Leduc, président de Leduc Stratégie et conseil en gestion commerciale. Les Américains verront également les prix augmenter. »

Selon lui, il faut s’attendre à une hausse des prix, à un choc dur pour les PME produisant des produits finis et des intrants, ainsi qu’à des pertes d’emplois.

Par ailleurs, le mot d’ordre des consommateurs serait-il d’acheter davantage au Québec afin d’économiser de l’argent? « On dit toujours ça, répond d’emblée Sylvie Cloutier, mais il n’en reste pas moins qu’au Canada, nous sommes encore limités en termes d’accès aux intrants pour fabriquer des produits ici en raison du climat. »

Aussi dans votre quincaillerie

Attention aux entrepreneurs et aux bricoleurs du dimanche : le prix des clous, vis, bois et autres quincailleries n’échappera probablement pas non plus à une augmentation. La disponibilité de certains produits pourrait également être moindre, selon Richard Darveau, président de l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT).

« En choisissant « America First », le prochain gouvernement [des États-Unis] va nécessairement inciter ses constructeurs nationaux à privilégier leur production sur son marché intérieur, analyse-t-il. Ces constructeurs vont devoir pédaler pour satisfaire le marché américain. Par conséquent, on peut prédire que nos quincailleries auront du mal à s’approvisionner en matériaux fabriqué aux Etats-Unis et que ceux-ci leur seront éventuellement proposés à des prix plus élevés qu’aujourd’hui. D’ailleurs, qui sait si les barrières dressées contre les produits chinois ne seront pas imitées par le Canada ? »

Donald Trump a en effet menacé d’imposer des droits de douane de 60 % sur les produits en provenance de Chine. «Dans un tel contexte, à mon avis, nos gouvernements ont ici une belle occasion de voter des mesures pour encourager davantage d’achats locaux», soutient M. Darveau.

Commerce électronique

François Roberge, PDG de La Vie en Rose, un détaillant québécois de sous-vêtements, pyjamas et maillots de bain, a récemment ouvert deux magasins aux États-Unis. Il ne pense toutefois pas que l’élection de Donald Trump aura un impact sur ses ventes là-bas. En revanche, si les nouvelles mesures sont mises en place, il risque de ressentir un impact sur les commandes qu’il expédie d’ici vers le pays de l’Oncle Sam.

« Ce qui me fait peur, c’est ce qui concerne les commandes web. Vous pouvez envoyer une commande Web aux États-Unis sans payer de douane si le montant est inférieur à 800 $. Je ne sais pas si cela va changer. »

« En fin de compte, peu importe ce que fait le gouvernement américain, le client va payer, que ce soit ici ou là-bas. »

 
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