Travailler davantage résoudrait-il le problème du déficit en ?

Un rapport du Conseil d’orientation des retraites estime que si la avait le même taux d’emploi que les Pays-Bas, le gain en termes de création de richesse globale et de recettes fiscales permettrait au pays de réduire ses déficits à quasiment néant.

La quantité de travail ne suffit pas à financer notre modèle social. Ce lundi, le ministre de l’Économie Antoine Armand a repris une antienne chère aux macronistes depuis 2017, rappelant les données de l’OCDE selon lesquelles le nombre d’heures travaillées par habitant est parmi les plus faibles des pays développés.

Si le mode de calcul des heures travaillées est parfois contesté, ce qui ne l’est pas en revanche, c’est la baisse française du PIB par habitant depuis plus d’une décennie. Ainsi en parité de pouvoir d’achat, les Français produisent en moyenne 30 % de moins que les Américains, 22 % de moins que les Néerlandais, 15 % de moins que les Danois ou encore 12 % de moins que les Allemands.

Pour rappel, selon les données du FMI, le PIB par habitant en France était égal voire légèrement supérieur à celui des Etats-Unis en 1980.

Pour l’économiste Gilbert Cela, président du Conseil d’orientation des retraites (COR) et professeur à Neoma Business School, la principale raison de ce relatif décrochage français, notamment au niveau européen, s’explique par “un écart des taux d’emploi”. En d’autres termes, la part du nombre de travailleurs salariés dans la population totale en âge de travailler (15-64 ans). Il ne s’agit donc pas de faire travailler davantage les Français salariés en supprimant tel jour férié ou en augmentant la durée hebdomadaire du travail, mais plutôt d’augmenter le nombre de Français actifs. Ce qui augmente mécaniquement la production, donc le PIB par habitant et évidemment les recettes fiscales et sociales.

Or, selon l’OCDE, en France ce taux était de 68,4 % fin 2023, contre 72 % aux États-Unis, 75 % au Royaume-Uni, 77,3 % en Allemagne ou encore 82,5 % aux Pays-Bas. Faible avec une moyenne de 70,1 % au sein de l’OCDE.

Faut-il augmenter le nombre d’heures de travail par an pour financer la protection sociale ? – L’édito du 4 novembre

“Trois segments où nous sommes mauvais”

« Il y a trois segments sur lesquels nous sommes mauvais, pointe Gilbert Cet. Les jeunes, les personnes peu qualifiées et les seniors. Dans ces trois catégories, la France est en retard. Le taux d’emploi s’est amélioré ces dernières années, mais cela se produit trop lentement, au rythme d’un sénateur.»

Jetons un coup d’œil aux trois catégories mentionnées. Tout d’abord les personnes peu qualifiées (sans diplôme ou ayant le niveau d’éducation le plus bas). Leur taux d’emploi en France était, selon l’OCDE, de 53 % en 2022, quand il était de 58 % en Espagne, 60 % en Suède, 65 % en Allemagne et 68 % aux Pays-Bas.

Des jeunes cette fois. Chez les 15-24 ans, le taux d’emploi en France est de 35 % contre 42 % dans l’OCDE et bien au-delà dans de nombreux pays comme l’Allemagne (50 %), les États-Unis (51 %), le Royaume-Uni (54 % ) et aux Pays-Bas (75%). Si la France faisait partie du top 3 des pays européens les plus performants en la matière, le pays aurait un million de jeunes en plus au travail selon les calculs de l’économiste Olivier Redoulès de Rexecode repris par L’Avis.

Enfin, l’emploi des seniors. Si pour les 55-59 ans, la France se situe au-dessus de la moyenne de l’OCDE avec un taux d’emploi de 76% pour cette tranche d’âge, elle se situe en queue de peloton pour les 60-64 ans. Le taux d’emploi dépasse à peine les 35% contre plus de 50% en moyenne dans l’OCDE et même 56% aux Etats-Unis, 62% en Allemagne ou près de 65% encore aux Pays-Bas, un modèle d’intégration dans toutes les catégories vulnérables.

L’amélioration du taux d’emploi n’est pas seulement une question de création de richesse mondiale et donc in fine pouvoir d’achat. C’est aussi un moyen de financer le modèle social dans un contexte de dérapages budgétaires importants.

Un déficit quasi nul

Selon une note du Conseil d’orientation des retraites, si la part de la population occupée était la même en France qu’aux Pays-Bas, le déficit public serait quasiment nul.

Sur quoi se base cette affirmation ? Au final un calcul assez simple. L’écart de taux d’emploi entre la France (68%) et les Pays-Bas (82%) est de 14 points, soit 20%. En supposant que la productivité de ces nouveaux emplois qui seraient occupés en grande partie par des jeunes, des travailleurs peu qualifiés ou à temps partiel est inférieure de 50 % à la productivité moyenne actuelle, on obtient une croissance de 10 % du PIB par rapport à son niveau. actuel.

Or, avec un taux de prélèvement moyen de 45 % (impôts et cotisations sociales) sur un excédent de 10 % du PIB (environ 2 900 milliards d’euros aujourd’hui), cela représente environ 140 milliards d’euros de recettes. taxes supplémentaires. Le déficit à financer pour 2024, on le rappelle, devrait être de 166,6 milliards d’euros. Avec un taux d’emploi équivalent à celui des Pays-Bas, le déficit budgétaire français serait donc de 26 milliards d’euros, soit 1% du PIB, ce qui ferait du pays l’un des meilleurs élèves européens en la matière. et évidemment bien mieux que les États-Unis.

Si l’objectif d’amélioration du taux d’emploi est globalement partagé au sein de la classe politique, les moyens mis en œuvre par les gouvernements depuis 2017 sont largement rejetés. Il s’agit des réformes de l’assurance chômage, du RSA ou de la formation professionnelle pour les moins diplômés. Réformes des lycées professionnels ou apprentissages pour les jeunes. Ou bien évidemment le report de l’âge légal de la retraite pour les seniors.

 
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