« Ce sont évidemment les Français qui paient la facture » pour Marc Touati

Sur RMC, l’économiste Marc Touati juge que les conséquences de la dégradation du déficit public pour les Français existent déjà.

L’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a annoncé, vendredi 31 mai, la baisse de la note de la France, du troisième cran (AA) au quatrième (AA−), sanctionnant la « détérioration de la situation budgétaire » du pays. Jusque-là, cette dernière était notée AA par l’agence américaine, une excellente évaluation, mais accompagnée d’une perspective négative. La meilleure note étant, pour rappel, le fameux « triple A » (AAA).

“Il n’y aura aucun impact sur la vie quotidienne des Français”, a assuré le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, en un entretien avec Le Parisien publié peu de temps après l’annonce de S&P.

« Tant qu’on est double A, il y a encore beaucoup d’investisseurs qui veulent malgré tout acheter cette dette publique. Donc pour le moment, Standard & Poor’s a été globalement sympa», a déclaré Marc Touati, économiste et président du cabinet ACDEFI (A la barre de l’économie et des finances), ce lundi 3 juin au micro deApolline Matin sur RMC.

Une simple alerte, alors ? “Malheureusement, cela va continuer à se détériorer”, estime l’économiste, qui souligne que “la prochaine étape est simple A”. Selon lui, dans son communiqué, S&P montre qu’elle n’a pas confiance dans les annonces du gouvernement, qui promet de réduire ce déficit public. Et pour cause, S&P parle de « perspectives négatives ».

Conséquences sur les crédits des ménages

Interrogé sur le dérapage de la dette publique, dans un entretien à BFMTV samedi 1er juin, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a estimé qu’il avait “sauvé l’économie française”, évoquant les milliards d’euros de prêts avancés par l’Etat. pendant la période Covid.

« Si aujourd’hui nous avons un niveau d’endettement élevé, pourquoi ? C’est parce que j’ai sauvé l’économie française. (…) J’ai sauvé les usines, les restaurateurs, les hôteliers, le monde de l’événementiel, les emplois, les compétences, le secteur aéronautique (…) Mais évidemment, il n’y a rien de gratuit. Lorsque vous épargnez, vous payez. plus de dette», s’est défendu Bruno Le Maire.

“On ne peut pas dire ça”, a réagi Marc Touati. “Ce n’est pas une réalité économique.” Pour l’économiste, les conséquences sont déjà là : “Quand un pays se dégrade, ce qui est le cas aujourd’hui de la France, les taux d’intérêt que paie l’Etat sur sa dette publique augmentent.”

“Il y a quelques années, nous avions des taux d’intérêt qui étaient de 0 %, maintenant nous sommes à 3,2 %.” Concrètement, quelles pourraient être les conséquences pour les individus dans leur vie quotidienne ? « Mécaniquement, cela signifie que tous les taux d’intérêt des crédits aux ménages, aux entreprises, à l’immobilier, à l’investissement, à la consommation, vont encore augmenter. Donc cela nous concerne évidemment», résume l’économiste.

Un impact sur les impôts ?

Bruno Le Maire a toutefois promis que cela n’entraînerait pas de hausse des impôts. Le ministre de l’Economie maintient l’objectif promis de 2 milliards d’impôts en moins pour les classes moyennes. Marc Touati n’y croit pas vraiment : « On nous avait promis qu’on baisserait les impôts. Ne pas les augmenter est déjà un échec.»

Selon l’économiste, la hausse de ces taux d’intérêt va coûter cher aux ménages, mais surtout à l’Etat. « Chaque année, l’État français dépense plus de 50 milliards d’euros rien que pour payer les intérêts de la dette, et dès l’année prochaine, cela atteindra 75 milliards d’euros », précise-t-il.

« En 10 ans, les intérêts de la dette ont augmenté de 500 milliards d’euros. C’est de l’argent qu’on n’a pas mis dans les hôpitaux, dans les écoles… C’est ça le drame, les conséquences immédiates», juge Marc Touati.

“Si encore une fois cette charge d’intérêt sur la dette augmente, nous devrons la payer, c’est là que, inévitablement, nous risquons de devoir augmenter les impôts au final, ou de ne pas les baisser”, poursuit-il. Conséquence : ceux qui payent la note au final, « que ce soit sur les taux d’intérêt, les impôts, ou globalement sur l’économie, c’est-à-dire en termes de croissance ou de chômage, ce sont évidemment les Français ».

Alors, Bruno Le Maire a-t-il « sauvé » l’économie française ? Sur le plateau de Grandes gueules, l’avocat Charles Consigny a en partie donné raison au ministre. Par ailleurs, les deux autres principales agences internationales, Moody’s et Fitch, n’ont pas dégradé la note française en avril et ont maintenu leur note Aa2 pour l’une, équivalente à la note S&P, et AA− pour l’autre, un cran en dessous.

 
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