Les vendeurs de voitures d’occasion sont « fatigués »

Il y a 40 ans, le salaire annuel moyen dans le pays était d’environ 23 000 dollars, tandis que les voitures se vendaient à 11 500 dollars. Sans les impôts, il aurait été possible d’acheter deux voitures avec seulement un an de revenus.


Publié à 1h28

Mis à jour à 6h30

Aujourd’hui, on travaille beaucoup plus longtemps pour rouler.

Le prix des véhicules neufs équivaut à 53 semaines de salaire brut moyen, selon AutoHebdo. Du côté des utilisateurs, les Québécois peuvent s’attendre à ce que leur facture corresponde à 27 semaines de travail acharné.

Ces dernières années, l’écart de prix entre les deux n’a cessé de se creuser, rendant les véhicules d’occasion de plus en plus économiques par rapport au neuf. Les récentes baisses des taux d’intérêt stimulent également la demande.

Si le prix des voitures a changé, on ne peut pas en dire autant de la réputation des concessionnaires de véhicules d’occasion. Il n’est pas en bon état depuis des décennies, et rien ne semble pouvoir faire bouger l’aiguille sur le cadran de la crédibilité.

L’industrie n’a donc pas vraiment apprécié ma récente chronique sur les rapports historiques de Carfax, qui ne racontent pas toute l’histoire.⁠1. Le président de l’Association pour la protection des automobilistes (APA), George Iny, a déclaré ceci : « Quand un vendeur vous dit que le Carfax est vide, ou faire le ménageil vous ment probablement. »

Consultez la rubrique sur les rapports Carfax

J’étais bien mal placé pour le contredire, puisqu’un vendeur a tenté il y a quelques mois de me faufiler un véhicule accidenté en me fournissant, avec le sourire d’un homme confiant, un historique qui ne mentionnait pas.

Les membres de l’Association des marchands de véhicules d’occasion du Québec (AMVOQ) ne supportent plus de lire ce genre d’histoire.

« Nos gens sont très fiers. Ils sont donc fatigués, et c’est un mot faible, fatigués d’être en bas des sondages de confiance de Léger et d’être en tête de liste des plaintes de l’Office de la protection du consommateur. Cela fait 35 ans que nous militons pour rehausser l’image des commerçants», m’a confié le directeur général de l’AMVOQ, Steeve De Marchi. Il m’a proposé une discussion sur Carfax, mais il fallait aussi aborder des questions d’image et de professionnalisme.

L’AMVOQ ferait beaucoup de choses pour améliorer la situation. Elle a créé des barrières à l’entrée dans l’association, un code d’éthique, un règlement… « mais nous avons des gens qui sont créatifs », déplore son patron.

Et cette créativité serait stimulée, semble-t-il, par les demandes particulières des Québécois.

« Les Québécois veulent quelque chose de très beau, de très bon et de vraiment pas cher. Ce qui exerce une pression à la baisse sur les traders », déclare Steeve De Marchi.

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PHOTO FOURNIE PAR AMVOQ

Steeve De Marchi, directeur général de l’Association des marchands de véhicules d’occasion du Québec (AMVOQ)

Ce n’est pas une critique, c’est un constat : l’acheteur automobile québécois n’a pas exactement la même façon d’acheter que le Nord-Américain moyen, ou le Canadien en fait.

Steeve De Marchi, directeur général de l’Association des marchands de véhicules d’occasion du Québec

Cette recherche fervente du « très beau, du très bon et du vraiment pas cher », trio trop parfait pour exister, ferait en sorte que « certains commerçants trouveront malheureusement des manières créatives, pour ne pas dire récréatives, de proposer quelque chose qui ressemble à quelque chose de très beau, de très bon et vraiment pas cher. »

Steeve De Marchi estime également qu’il faut cesser de « décharger la responsabilité des consommateurs » qui sont protégés par les lois. « Si les consommateurs n’exercent pas leurs droits, à un moment donné, cela ouvre des portes et c’est probablement la raison pour laquelle l’industrie en général a une si mauvaise réputation. »

Il ajoute : « Il faut être deux pour danser. »

La nature humaine étant ce qu’elle est, il y aura toujours des gens intelligents et sans morale qui tenteront de gagner de l’argent aux dépens des autres.

C’est vrai dans le courtage immobilier (comme on l’a vu à plusieurs reprises au cours des deux dernières années), c’est vrai dans la vente de thermopompes, dans la construction, dans les services financiers, alouette.

Ces industries invoquent-elles le comportement des consommateurs pour se justifier ?

Brandir cet argument, c’est oublier que le commun des mortels ne bénéficie pas des mêmes ressources pour se défendre. Cela ne tient pas compte du temps, de l’expertise et de l’énergie que cela nécessite.

Neuf choses à faire avant d’acheter

Voici quelques conseils de l’Association des marchands de véhicules d’occasion du Québec (AMVOQ) pour éviter les problèmes et les mauvaises surprises lors d’un achat.

  • Avant de vous rendre chez un commerçant, vérifiez ses avis sur Google. S’ils sont suffisamment nombreux, ils vous guideront correctement. Sinon, cela n’a aucune valeur.
  • Sur le site de l’Office de la protection des consommateurs, vous pouvez voir si une entreprise a reçu des mises en demeure.

Visitez le site Web de l’Office de la protection du consommateur

  • Sachez qu’un « Carfax vierge est plus dangereux qu’un Carfax rempli d’informations », insiste Steeve De Marchi, reprenant l’essentiel du message de ma chronique. Si le véhicule provient d’une autre province et qu’il y a une rupture dans l’historique (des années sans information), cela devrait déclencher un signal d’alarme.
  • Vérifiez toujours le numéro de série sur le rapport Carfax pour vous assurer qu’il correspond au numéro de série du véhicule. Regardez la date. Si le rapport date de plus de quelques semaines, sortez-en un autre.
  • Si vous voyez un rapport de police, mais aucune réclamation d’assurance, cela peut être le signe qu’une réparation a été payée directement par le conducteur.
  • Il est très facile de faire reculer un compteur kilométrique. Le matériel nécessaire peut être acheté sur internet en quelques clics. Il est donc important de reconnaître les signes d’usure qui ne correspondent pas aux kilomètres affichés au compteur, comme un « siège enfoncé », une pédale de frein usée, un volant terni, une ceinture de sécurité déformée. La règle générale est que chaque kilomètre effacé augmente la valeur du véhicule de 10 ¢ (100 000 km = 10 000 $).
  • Bénéficiez toujours du droit (qui existe depuis 2007) de faire inspecter le véhicule par le mécanicien indépendant de votre choix. Celui-ci pourra détecter un accident non déclaré en mesurant l’épaisseur de la peinture et en recherchant les pièces qui ne sont pas d’origine ou qui sont trop récentes. Au Québec, on estime que les rapports Carfax contiennent « 72 ou 73 % de l’information » puisque les assureurs ne partagent pas leurs données.
  • Faut-il éviter un véhicule légèrement endommagé et correctement réparé ? Pas nécessairement. Il est important de déterminer si l’intégrité structurelle a été affectée, si les réparations étaient principalement esthétiques. « Est-ce que cela entache la valeur ? Cela dépend si vous êtes acheteur ou vendeur ! », constate Steve De Marchi. Chacun aura sa propre évaluation subjective.
  • Si vous rencontrez des difficultés, consultez le site Web de l’OPC pour voir si le commerçant participe au service gratuit de médiation en ligne Parle.

Visitez la page Consommation Parle

 
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