Sur Polymarket, vous pouvez parier sur tout. Le vainqueur du Super Bowl, le prochain blockbuster, les taux de la Fed, le prix de l’or, un cessez-le-feu au Moyen-Orient… Et le vainqueur des élections américaines.
Ce type de paris politiques a longtemps été interdit aux États-Unis et les dollars que parient les Américains transitaient toujours par des plateformes situées en dehors des États-Unis.
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Mais, à la suite d’une procédure intentée et remportée par l’une des start-up du secteur, Kalshi, contre l’agence fédérale qui gère ces paris, la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), ceux-ci viennent pour la première fois d’être autorisés. Mais uniquement sur certains sites agréés. Bien que la CFTC ait fait appel de cette décision, des millions de personnes ont afflué vers les sites Kalshi, Robinhood, PredictIt et Polymarket.
Des opérations fictives ?
Et peu importe que Polymarket soit dirigé par un PDG de 26 ans, Shayne Coplan, et qu’il ait été condamné à une amende de 1,4 million de dollars il y a deux ans par la CFTC. Que les mises ne peuvent être déposées qu’en cryptomonnaie et qu’elles sont hébergées sur une structure offshore, car Polymarket n’a pas été agréé pour cette élection. Lorsqu’il s’agit de parier sur le futur locataire de la Maison Blanche, Polymarket cartonne. Selon l’état des paris affiché en direct, la plateforme a déjà engrangé 2,9 milliards de dollars de paris (2,6 milliards d’euros).
Mais ces problématiques extraordinaires, bien supérieures à celles d’autres sites, éveillent la suspicion. Deux sociétés spécialisées, Chaos Labs et Inca Digital, ont analysé les paris et l’ont indiqué aux médias économiques américains Fortune qu’une part substantielle était constituée d’opérations fictives.
Étonnamment, quatre des cinq plus gros paris proviennent d’une même personne opérant depuis la France sous quatre comptes différents, et qui aurait parié pas moins de 28,6 millions de dollars (26,3 millions d’euros) à elle seule.
Une note exceptionnellement favorable pour Trump
Interrogé par la presse américaine, Polymarket assure que cette « baleine » (un gros opérateur, dans le jargon du marché) est “un commerçant expérimenté” qui agit “selon sa propre perception de l’élection” et « ne cherche pas à manipuler le marché ».
Qui est ce mystérieux commerçant ? On l’ignore, le système protégeant son anonymat. Mais comme ça marche via un chaîne de blocsil peut être analysé par des spécialistes.
L’affaire ne poserait pas d’autre problème que financier si elle n’aboutissait pas à une note donnant triomphalement à Donald Trump à 62%, contre 38% pour Kamala Harris. Ceci alors que les sondages restent très serrés. Sur d’autres sites de paris, l’écart est moins énorme, mais toujours à l’avantage de Donald Trump, peut-être sous l’influence de sa notation sur Polymarket.
Il n’en faut pas beaucoup à Elon Musk, riche et influent partisan de Donald Trump, pour voir sa victoire assurée. Selon lui, les parieurs sont de meilleurs analystes que les sondeurs, car ils risquent leur argent. Quant à Donald Trump, il se frotte les mains. Tout en assurant « je ne comprends rien » sur ces sites, il se contente de constater qu’il réussit “vraiment bien”.