C’est au tour du directeur des poursuites criminelles et pénales de devoir se serrer la ceinture en raison des restrictions budgétaires au Québec, ce qui inquiète les procureurs qui craignent de ne pas pouvoir accuser autant de criminels.
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« Quels crimes allons-nous cesser d’autoriser ? Drogues, armes, dossiers d’agressions sexuelles ? Nous sommes déjà poussés à éviter des délais déraisonnables, la justice a des exigences envers nous…», déplore un procureur de la couronne du grand Montréal, sous couvert d’anonymat.
Comme ceux qui ont accepté de partager leurs inquiétudes, elle n’est pas autorisée à s’exprimer devant les médias sur ce sujet.
En raison du gel des embauches en vigueur depuis vendredi, les procureurs en arrêt maladie ou en congé parental ne seront pas remplacés.
Il y a quelques jours, le directeur des poursuites criminelles et pénales, M.e Patrick Michel a envoyé un avis à ses troupes pour les informer que le Conseil du Trésor réduisait les dépenses.
Conséquence : aucun nouveau procureur ne sera embauché. Et ceux qui ne sont pas salariés réguliers risquent de ne pas voir leur contrat renouvelé.
Impact sur les victimes
Par exemple, à Longueuil, une équipe de procureurs spécialisés en violence conjugale pourrait bientôt perdre près de la moitié de ses joueurs puisque certains ne sont pas des employés permanents et d’autres partiront en congé parental. Et il est à craindre qu’ils soient obligés de se débrouiller ainsi jusqu’à nouvel ordre.
Pour l’ensemble des bureaux du DPCP au Québec, une trentaine d’emplois seraient menacés, a-t-on appris.
Cela pourrait donc avoir un impact majeur sur les victimes d’actes criminels. D’abord parce qu’il pourrait y avoir moins de charges autorisées, mais aussi parce que les dossiers en cours pourraient être abandonnés, en raison de délais à respecter.
D’autres craignent également de ne pas pouvoir accompagner correctement les victimes.
Les heures supplémentaires que les procureurs doivent souvent effectuer pour mener à bien leurs affaires de plus en plus complexes seraient également limitées.
Ce gel, qui vise les emplois réguliers et occasionnels pour toutes les catégories d’emploi, est inévitable, a confirmé M.e Annabelle Sheppard, porte-parole du DPCP.
« Le DPCP a l’obligation de respecter les enveloppes budgétaires qui lui sont allouées, et dans ce contexte, il doit assurer une gestion optimale et rigoureuse de ses dépenses afin de maintenir les services aux citoyens », a-t-elle indiqué en ajoutant que « la situation est surveillée ». soigneusement » pour « identifier les mesures à prendre » afin de continuer à accuser et condamner les criminels.
“Tout cela va avoir un impact”, a expliqué un procureur sous couvert d’anonymat. Déjà tout le monde est essoufflé, le stress a encore augmenté. Et nous savons que si nous perdons du travail, nous ne serons pas remplacés, d’autres devront ajouter du travail. »
Tout se passe
Et ironiquement, cette rigueur budgétaire risque de ralentir encore davantage l’avancée des dossiers puisque, les procureurs étant débordés, ils auront moins de temps pour tenter de résoudre les dossiers avec les avocats de la défense.
“Les rencontres physiques favorisent les échanges et l’avancée des dossiers”, estime un autre procureur, qui craint des effets néfastes aussi bien à court qu’à long terme.
Par ailleurs, les coupes budgétaires sont telles que plusieurs économies minimes ont été constatées, notamment l’absence de crayons ou d’enveloppes mises à la disposition des employés de la DPCP.
Certains devront peut-être également partager des copies du Code criminella bible des avocats, essentielle à leur travail.
Les frais de déplacement et certaines formations pourraient également être pris en charge par les procureurs, a-t-on appris.
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