Près d’un million de visites inutiles aux urgences

Près d’un million de visites inutiles aux urgences
Près d’un million de visites inutiles aux urgences

L’Institut économique de Montréal (IEDM) dévoile une étude sur la surcharge des salles d’urgence au pays.

« L’attente est quelque chose de très courant dans notre système de santé. On se donne l’impression que c’est quelque chose de normal. Mais la réalité est qu’il existe des moyens de faire mieux », affirme Emmanuelle B. Faubert, économiste à l’IEDM.

Au cours de l’exercice budgétaire 2022-2023, les salles d’urgence du Canada ont reçu 960 000 visites qui auraient pu être gérées par des professionnels de la santé de première ligne.

Ces visites évitables aux urgences ont entraîné des coûts supplémentaires de 145 millions de dollars à l’échelle nationale. Le Québec est la province dont le budget souffre le plus.

Un « goulot d’étranglement »

Au Canada, les patients qui souhaitent accéder à un médecin spécialiste doivent obtenir une référence préalable d’un médecin généraliste.

Ce « contrôle d’accès » devrait être aboli, selon les auteurs de l’étude. «Ça occupe des plages de rendez-vous qui auraient pu servir à autre chose que remplir de la paperasse», explique Emmanuelle B. Faubert.

L’étude démontre qu’un Canadien sur sept n’a pas accès régulièrement à la première ligne, par exemple auprès d’un médecin de famille.

Parmi les citoyens qui en disposent, seuls 26% parviennent à obtenir un rendez-vous le jour même ou le lendemain, détaille l’étude.

Tout cela crée un « goulot d’étranglement » dans les services d’urgence, où le temps d’attente peut être si long que de nombreux patients rentrent chez eux les mains vides.

« C’est un très gros problème parce qu’il touche les Canadiens. Cela veut dire qu’on manque au principe même d’un système de santé universel», déplore Mme Faubert.

Et ailleurs ?

Le rapport recommande de s’inspirer des systèmes de santé allemand et néerlandais pour améliorer la situation. « Ce sont des pays qui disposent de systèmes de santé universels comme le nôtre. Mais ils abordent l’universalité d’une manière différente », explique l’économiste.

Par exemple, dans ces deux pays, des mécanismes existent pour permettre aux patients de contourner le système de contrôle d’accès.

En Allemagne, 51 % des patients déclarent pouvoir obtenir un rendez-vous le jour même ou le lendemain si nécessaire. Aux Pays-Bas, cette proportion s’élève à 54 %, contre 26 % au Canada.

L’IEDM recommande d’autoriser le dédoublement d’assurance privée pour les services médicalement nécessaires, comme c’est le cas en Allemagne. «Quand il y a de la concurrence, même au niveau des assureurs, c’est plus avantageux pour les patients», souligne Mme Faubert.

“Échec”

Une autre solution évoquée dans le rapport consiste à permettre aux travailleurs de la santé de travailler simultanément dans les secteurs public et privé. Cela augmenterait la flexibilité et augmenterait le nombre de professionnels disponibles pour prodiguer des soins, selon les chercheurs.

« La plupart des interventions sanitaires reposent sur une base solide de soins primaires. Si cette fondation échoue, les résultats en matière de santé en souffriront inévitablement », affirme Krystle Wittevrongel, directrice de recherche à l’IEDM et coauteure de la publication.

« Cet échec ne se reflète pas seulement dans les statistiques, il est clairement visible dans toutes nos communautés. « Les Canadiens vivent des difficultés inutiles parce qu’ils ne peuvent accéder à des soins en temps opportun, ce qui exerce une pression encore plus grande sur le système de santé. »

L’étude complète est disponible sur le site Web de l’IEDM.

 
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