« Vous savez, c’est comme ça qu’on appelait les tramways en français cadjin, chars électriques ? », lance Joseph Dunn, ardent défenseur francophone du français en Louisiane et directeur des relations publiques de l’historique Plantation Créole Laura à Vacherie, à une heure de la centre ville.
Sa famille, dont les origines remontent aux premiers pionniers installés sur ces terres, vivait avec les tramway bien avant que Tennessee Williams ne l’utilise comme slogan dans son classique Un tramway nommé Désir.
Selon la Regional Transit Authority (RTA), « avec des voitures qui ont fait leurs débuts en 1835, la ligne de tramway St. Charles est la plus ancienne ligne de tramway en activité au monde et est classée monument historique national par le registre historique national de Washington ». DC. Les premiers wagons furent tirés par des locomotives à vapeur, puis par des chevaux jusqu’à l’électrification de la ligne en 1893. » L’année dernière, nous avons même célébré le centenaire des wagons de la compagnie Perley A. Thomas encore en circulation !
Les ouvriers de la maintenance ferroviaire ont en moyenne 15 ans d’ancienneté, réunissant plusieurs générations, parfois même des familles dont les pères exerçaient également ce métier. Certains ont même 10, 20, voire 30 ans d’expérience dans ce domaine.
Un incontournable pour les résidents ET les visiteurs
Même si les lignes ont disparu au fil des années, tramway La Nouvelle-Orléans reste aussi célèbre que celle de San Francisco et, comme là-bas, elle reste très active. Cinq lignes sillonnent actuellement la ville.
« Ce qui fait de la Nouvelle-Orléans un endroit idéal où vivre et travailler en fait également une destination attrayante à visiter. Et vice versa», insiste Kelly Schultz, vice-présidente de l’office de tourisme New Orleans & Company. Si les trois quarts des usagers du tram sont des citadins, le reste sont des visiteurs. Comme nous.
Comme les Néo-Orléans qui le font plus de 300 000 fois par mois, Le Soleil pris le « tram » ici en attendant de pouvoir le faire à Québec.
D’abord sur la ligne qui longe Canal Street – remplacée par des bus de 1964 à 2004 – et qui mène au célèbre et immense City Parc, puis sur la ligne Saint-Charles Avenue – la plus longue avec ses 9,6 km et fonctionnant 24 heures sur 24. une journée – qui traverse le magnifique Garden District et dont la destination finale est le quartier Uptown, à l’angle des rues Claiborne et Carrollton.
(Pascale Lévesque, The Sun)
Deux trajets d’une quarantaine de minutes parmi les cinq proposés par le RTA avec un tarif unique de 1,25 $ US (1,75 $ canadien).
Confort limité, charme garanti
Premières impressions ? Le bilan est anecdotique, mais sincère. Les banquettes en bois inspirent la nostalgie, mais pas le confort, notamment dans les bermudas 2024. Malgré la canicule, on manque presque la jupe en crinoline épaisse et bien rembourrée alors en vogue lorsque les premières citadines avançaient sur les routes. Fer de la Nouvelle-Orléans.
La « tenue des rails » est un peu brouillonne et les bruits trahissent l’ancienneté de la mécanique entièrement électrique (!), mais malgré tout, la balade reste très agréable. Avec les fenêtres ouvertes, le courant d’air est une bouée de sauvetage dans le climat subtropical de la Louisiane.
Il y a un certain charme à circuler au cœur des larges avenues sur les terre-pleins herbeux au centre des ruelles dédiées aux automobiles, à l’ombre d’une canopée de chênes verts.
Ce ruban de verdure intègre parfaitement le tramway au décor et permet également de lutter contre les îlots de chaleur que sont les rues à plusieurs voies. Les piétons, joggeurs et promeneurs de chiens profitent également de ce parc linéaire entre deux wagons.
Un ingrédient de plus dans le cocktail transport
Évidemment, quelle que soit la formule choisie, le tramway québécois ne circulera pas dans un climat subtropical et n’offrira pas de sièges inconfortables en bois centenaire. En revanche, aussi bien dans la ville la plus septentrionale des Antilles que dans le berceau de l’Amérique française au Cap Diamant, le tramway répond au même objectif : diversifier l’offre de transports en commun pour que davantage de citoyens et de visiteurs y trouvent leur compte.
L’important est de pouvoir proposer aux utilisateurs les options les plus adaptées à leurs différentes situations. A la Nouvelle-Orléans, le bus, plusieurs ferries et le partage de vélos s’ajoutent au tramway.
Ce cocktail de transports actifs permet à la ville de se positionner dans les 10 % des 382 villes américaines les plus performantes – comme Boston, New York ou San Francisco – où il est le plus facile de vivre sans voiture, selon une étude Citylab. Il ne manque plus que le tramway pour que Québec puisse déployer la même offre à ses usagers.
Malgré cet écosystème diversifié, une critique adressée au réseau de la Nouvelle-Orléans est qu’il est encore difficile pour le travailleur moyen qui utilise le réseau de transports en commun de se rendre à son travail en moins de 30 minutes, selon le groupe. de pression RIDE New Orleans qui souhaiterait plus de bus en circulation.
La RTA convient que l’offre est encore inférieure à celle d’avant l’ouragan Katrina – qui a décimé le parc automobile, grâce au tram pour avoir pris le relais – mais que 26 nouveaux bus dont 15 hybrides seront peu mis en circulation.
Villes aux profils similaires
À partir de l’expérience de la Nouvelle-Orléans, pourquoi le Québec devrait-il se doter d’un tramway plutôt que d’ajouter d’autres éléments structurels à son réseau de bus ? Après tout, l’infrastructure du tramway existe ici depuis près de 200 ans.
Non seulement leurs dimensions, mais aussi leurs caractéristiques historiques, touristiques et locales sont similaires.
Ils sont parmi les plus anciens de leur territoire, ont un attrait international important avec une architecture historique vieille de plusieurs siècles et sont traversés par une rivière. Par exemple, à la Nouvelle-Orléans, le terminal de ferry de Canal Street est desservi par trois des cinq lignes. tramway et cinq lignes de bus.
L’intermodalité – qui comprend également deux grands ponts qui accueillent les bus sur voies réservées – qui devrait être l’un des impératifs à considérer.
Pourtant, après avoir déambulé sous les grands chênes de la Nouvelle-Orléans à bord de ce tramway historique, on comprend mieux l’attrait d’un tel moyen de transport. Simple, accessible et ancré dans le décor, il fait plus que déplacer les passagers : il raconte l’histoire d’une ville.
Peut-être qu’un jour, au Québec, nous parlerons du tramway avec la même affection et la même fierté que les Néo-Orléans.