viral en criant pour une pizza, l’entrepreneur dénoncé à son insu perd au tribunal

Un Québécois de 32 ans, devenu viral en 2022 après avoir été filmé à son insu en train de crier à pleins poumons et d’insulter des employés de restaurant, a finalement perdu son procès en diffamation contre l’homme qui a publié cette vidéo sur Facebook.

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“Il assure [dans cette séquence] qu’il gagne plus de 400 000 $ par année, qu’il est en mesure d’acheter toute la salle à manger et que le comportement de l’employée justifie son congédiement. Il mentionne également que les employés présents ne gagnent que 15 $ de l’heure », rapporte la magistrate de la Cour supérieure Geeta Narang dans son jugement.

Le portrait de Mathew Simon est devenu viral après avoir insulté et crié dans un Normandin en septembre 2022 pour acheter une pizza surgelée.

Facebook de Mathiou Simon

Mathew Simon, un entrepreneur gaspésien, a tenté d’acheter une pizza surgelée dans un restaurant Normandin un soir de septembre 2022. Il était en compagnie de son épouse et de ses enfants. Pourtant le restaurant venait de fermer ses portes un peu après 22h

« Il en arrive à la conclusion que le restaurant est ouvert parce que la porte d’entrée est déverrouillée. Il entre dans le restaurant et trouve une personne en uniforme Normandin et une autre personne allongées l’une sur l’autre sur l’un des bancs du restaurant. M. Simon conclut qu’ils sont en train de faire l’amour”, précise le juge. Cette scène aurait également été à l’origine du conflit, selon le document judiciaire.

Vu plus de 500 000 fois

Mathew Simon ignorait toutefois qu’une personne, dont l’identité demeure inconnue, avait capté les images de sa crise à Normandin. « Il est clairement indigné et il semble n’avoir, à certains moments, aucun contrôle sur lui-même », résume la Cour, à propos de son comportement.

Capture d’écran de la vidéo où Mathew Simon insulte les employés de Normandin en septembre 2022. Ici, il se vante de gagner 400 000 $ par année.

Repéré Lachute Facebook

Ces images ont ensuite été diffusées par un certain Daniel Guénette sur Facebook. La vidéo d’environ deux minutes est rapidement devenue virale avec plus d’un demi-million de vues en ligne.

«Je préviens tous ceux qui travailleraient pour ce type ou seraient à ses côtés… C’est sa mentalité [à] Matthieu Simon propriétaire de Sports à discount…», a écrit M. Guénette, dans sa publication désormais supprimée des réseaux sociaux.

Une pluie d’insultes

Mathew Simon, qui habitait Lévis au moment des événements, a donc décidé de poursuivre Daniel Guénette pour diffamation. Il a réclamé 98 432,15 $ à cet internaute pour l’indemniser personnellement ainsi que son entreprise Sports à Rabais.

La juge Geeta Narang a toutefois rejeté sa demande le 24 avril.


Message publié par M. Simon après que la vidéo de lui à Normandin soit devenue virale.

Capture d’écran de la page Facebook de Mathiou Simon

“M. Simon a démontré qu’il avait souffert de la publication de la vidéo sur Internet ; son témoignage à l’audience était sincère et crédible. Il ne parvient cependant pas à démontrer que son préjudice a été causé par les gestes posés par Daniel Guénette, élément essentiel pour obtenir gain de cause », conclut-elle.

La Cour supérieure constate également que cette vidéo a amené un grand nombre d’internautes à insulter l’entrepreneur.

« Mais ce n’est pas à cause d’une erreur commise par Daniel Guénette. Les impressions négatives résultent des propos tenus par Mathew Simon et de ses propres actions », peut-on lire dans le jugement.

«J’étais un colon»

En entretien avec le Journal Jeudi, le Québécois a confié avoir « été colon » dans cette vidéo et ne pas pouvoir regarder ces images maintenant. Il reconnaît également avoir consommé de l’alcool au cours de cette soirée.


Page Instagram de l’ancienne entreprise de M. Simon, Discount Sports, maintenant fermée.

Capture d’écran de la page Instagram de sportsarabais

«J’ai été surpris par le jugement. […] L’entreprise a également souffert de tout cela. Ma vie entière a été bouleversée rapidement et c’est comme si cela n’avait finalement plus d’importance », raconte au téléphone Mathew Simon, qui dit ne plus avoir d’entreprise désormais.

Son avocat, Me Marc-Antoine Héroux, indique également « être en cause » de faire appel de ce jugement.

Verbatim de la vidéo tournée à Normandin, rapportée par la Cour supérieure

Au début de la vidéo, on voit le Requérant de face. Il parle avec deux personnes en uniforme, l’une qui tourne le dos à la caméra et l’autre qui est à côté du demandeur.

– Peut-être que vous ne vous en souciez pas parce que vous êtes payé 15 pièces de l’heure, a déclaré le demandeur.

– C’est juste qu’on est fermé, notre patron nous paie, dit l’employé qui est à côté du Plaignant.

– Non! Tu n’es pas fermé tabscam, Criss, tu es toujours là, là, dit l’Asker.

– Monsieur, si nous vous payons la pizza, pouvez-vous la supprimer ?, dit un des employés, mais nous ne savons pas lequel.

– Non! » dit le Demandeur.

L’employée, qui lui tourne le dos, prononce des paroles inaudibles.

– Qui va le prendre, à votre avis ? » dit le Demandeur.

L’employé, dos à la caméra, prononce des paroles inaudibles.

– Je gagne 400 000 piastres par an, dit le Requérant.

– Vous voulez des excuses, dit l’employé par derrière.

– Ce n’est pas une excuse mec, je ne comprends pas pourquoi tu fais ça, Criss. J’ai une entreprise et si mes employés le feraient, dit le demandeur.

– Mais il ne nous paie pas pour ce temps-là, dit l’employé qui se trouve à côté du demandeur.

L’Asker se penche légèrement et balance ses bras simulant l’action de lancer quelque chose.

– Ce serait, Qin ! qin ! qin ! Eh bien, ça devrait vous faire plaisir ! Le calice meurt, dit le demandeur.

L’employée, dos à la caméra, prononce des paroles à voix basse et inaudibles.

– Tant mieux, dit le Plaignant.

– On n’est pas payés, dit l’employée qui la tourne dos à la caméra.

« Oh, eh bien, cris ! » a déclaré le Plaignant.

L’Asker applaudit.

– Pouvons-nous vous offrir un burger et le supprimer de votre téléphone ? , raconte l’employé qui lui tourne le dos.

– Non, mec, ne supprime rien de mon téléphone, dit l’Asker.

Le demandeur prend son téléphone sur un comptoir et le pose contre son portefeuille. Il s’appuie contre le comptoir et croise les jambes.

– Je peux me permettre, je peux me permettre ce que je veux ici, je peux me permettre la salle à manger si vous voulez, a déclaré le requérant.

– Combien ça coûte, 50 mille piastres ? La salle à manger 50 000…un chèque ! ajoute le Requérant.

Le demandeur recule toujours avec le bras gauche grand ouvert.

– Non, ce n’est pas une question d’argent, répond la salariée qui fait face au Requérant.

– Ce n’est pas non plus une question d’argent pour moi, c’est une question, dit le Requérant.

L’employée, qui lui tourne le dos, s’en va.

– J’ai peur d’être filmé à mon insu, dit l’employé qui se trouvait à côté du requérant et qui lui fait désormais face.

– À mon insu ! Tu étais en train de travailler ! Tabarnaque ! Tabscam, affirme le Requérant.

Le demandeur s’accroupit, pose sa main droite sur le sol pour garder son équilibre et porte son téléphone à sa bouche.

Il se lève et se dirige vers une autre partie du restaurant. L’employé qui était à côté de lui suit le demandeur.

– Mais monsieur, ça ferme à 10 heures mais si vous voulez acheter une pizza surgelée, je me porterais volontiers volontaire, répond l’employé.

– Faire du bénévolat ! oh tu es chaud, dit l’Asker.

– Tu ne peux pas aller vérifier les horaires d’ouverture sur Google ? » dit l’employé qui était sur le côté et s’adresse à la personne qui filmait.

Extraits du jugement :

  • « La vidéo devient virale. […] Mathew Simon est inondé de messages haineux. Il reçoit des appels de numéros masqués. Des messages tels que « Déchets sociaux » lui sont envoyés via Facebook Messenger. Il reçoit des menaces. Des commentaires négatifs sur Sports à Rabais apparaissent sur la page Facebook de l’entreprise.
  • « La preuve de la faute n’a pas été apportée dans cette affaire : Daniel Guénette publie une vidéo inédite montrant une interaction qui se déroule dans un espace public, accompagnée d’un commentaire dans lequel il donne son interprétation de l’interaction. La vidéo a donné une impression négative à un grand nombre d’internautes de Mathew Simon, mais cela n’est dû à aucune faute commise par Daniel Guénette. »
  • « Sports à Rabais a été créé le 22 juin 2021, soit un peu plus de 15 mois avant la diffusion de la vidéo. On ne peut donc pas prétendre qu’il s’agit d’une entreprise qui jouit d’une bonne réputation et d’un chiffre d’affaires important grâce à un travail acharné de plusieurs années, et dont le succès dans le futur est assuré, ou du moins prévisible. De manière générale, il sera plus difficile d’établir des dommages-intérêts pour une entreprise nouvellement constituée que pour une entreprise établie, à moins qu’il n’y ait des preuves du succès de l’entreprise.

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