“Je pense que Sadri Fegaier est passé maître dans l’art de convaincre, en trompant, sans vraiment mentir” » pose la procureure de la République, Anne Proust, lors de ses réquisitions. Mercredi, elle a demandé la peine la plus sévère contre le PDG de SFAM. Le procureur requiert deux ans de prison avec mandat de dépôt immédiat, dont six mois avec sursis probatoire, et 300 000 euros d’amende.le maximum prévu par la loi. Elle demande à Sadri Fegaier d’indemniser les victimes et de payer les sommes dues au Trésor public. Anne Proust appelle également à son interdiction pendant cinq ans d’exercer une activité de démarchage et de gérer une société. Elle demande enfin la saisie d’une partie de ses biens propres, notamment ses propriétés de Ratières et de Peyrins.
Les larmes de Sadri Fegaier
Le PDG de SFAM Sadri Fegaier et six de ses sociétés sont jugés par le tribunal correctionnel de Paris depuis le 23 septembre pour pratiques commerciales trompeuses. Environ 2 000 clients victimes de prélèvements abusifs se sont portés partie civile. A la barre pour un dernier discours après les plaidoiries de ses avocats, Sadri Fegaier est apparu très ému et en larmes. Impassible depuis le début du procès, il sanglote cette fois. “Tu m’as tout pris, tu peux tout me prendre, je m’en fiche” dit-il. Il revient sur son parcours, parle de sa mère surendettée. Le tribunal rendra sa décision le 17 décembre.
Le procureur a applaudi
Anne Proust a été applaudie par les parties civiles à la fin de son réquisitoire, juste avant la suspension de l’audience. Près d’une centaine de clients victimes de prélèvements abusifs sont présents au tribunal pour cette dernière journée d’audience.
Tout l’enjeu de ce procès est de savoir si l’ancien courtier d’assurance roumain a créé un système de tromperie à grande échelle des consommateurs au sein de ses entreprises. Ce système passerait par des déclarations trompeuses faites aux clients, notamment lors de demandes de résiliation de contrats d’abonnement, ou par le biais de demandes de remboursement non traitées après déductions indues. Pour le procureur, « ces pratiques viennent de la direction. Il s’agit bien d’une stratégie d’entreprise et non de l’œuvre de téléopérateurs zélés comme nous voulions le proposer au bar”.
Amendes imposées aux entreprises
Le procureur demande également des amendes allant de quelques dizaines de milliers d’euros à 1,5 million pour les six sociétés jugé lors du procès. Les amendes les plus élevées sont requises contre la holding SFK Group et SFAM – cette dernière étant en liquidation depuis avril, la première faisant l’objet de poursuites. Concernant l’accusation d’entrave à l’enquête contre Sadri Fegaier, “ça en dit long» estime Anne Proust. « Cela montre la volonté d’empêcher que l’enquête se déroule bien, et donc de révéler ce qu’elle devrait révéler » continue-t-elle.
La défense demande la libération
Quatre avocats du PDG étaient à la barre ce mercredi après-midi. Ils ont surtout tenté de pointer les limites de l’enquête de répression des fraudes, qui se limitait selon eux au seul service commercial de la SFAM, alors qu’il existait également un service qualité en charge du traitement des dossiers.
Ils soulignent la confusion des accusations portées contre leur client et rappellent la présomption d’innocence, malgré les « Pression médiatique ». Ils ont également voulu démontrer qu’en aucun cas il ne peut être désigné comme responsable de tous les dysfonctionnements. « Quand on a des groupes comme Ardian et la BPI qui investissent dans la structure, on se doute que Sadri Fegaier n’est plus le seul aux commandes » lance Me Fabreguettes au tribunal. “M. Fegaier est poursuivi en tant que dirigeant du groupe SFK, mais il y a de la collégialité !” dit Me Chirez.