Naoise, Ike, Catherine, Nadia… en deuil mais unis pour « obtenir justice » contre Boeing

Naoise, Ike, Catherine, Nadia… en deuil mais unis pour « obtenir justice » contre Boeing
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Ils ont perdu un fils, une fille, un frère, un mari. Cinq ans après le dramatique accident d’un Boeing 737 MAX en Ethiopie, les familles des victimes continuent de se soutenir dans leur deuil et leur combat contre l’avionneur américain.

« Nous avons des Français, des Canadiens, des Américains, des Irlandais, des Britanniques,… nous sommes tous là et nous nous battons ensemble », explique Naoise Ryan.

Cette Irlandaise a perdu son mari Mick lors du crash du Boeing d’Ethiopian Airlines, le 10 mars 2019, faisant 157 morts et autant de familles endeuillées.

Une dizaine d’entre eux se sont réunis mercredi devant le ministère américain de la Justice à Washington, pour une énième procédure visant à relancer les procédures pénales aux Etats-Unis, suspendues par un accord conclu par Boeing.

Avec également des centaines de proches des victimes en ligne, selon Catherine Berthet, une Française de 56 ans qui a fait le déplacement depuis Paris, même si prendre l’avion était devenu “un cauchemar” pour elle.

« Venir ici à chaque fois, c’est traumatisant, confie Naoise Ryan. Mais cela est particulièrement « important » à l’heure où Boeing est dans la tourmente en raison d’une série de pannes, dont la récente chute d’une porte d’un avion d’Alaska Airlines en plein vol.

Cet incident “a été horrible pour nous, il a réactivé beaucoup de choses”, ajoute Mme Berthet.

Elle a amené avec elle des photos de sa fille Camille, posant tout sourire aux côtés de son petit frère. Des photos retrouvées miraculeusement intactes parmi les débris de l’avion, aux côtés d’une robe noire qu’elle lui avait offerte pour son 28e anniversaire, peu avant le drame.

“Bénédiction”

Ce jour-là, Catherine n’en parle quasiment pas avec ses codétenues. « Nous sommes très proches mais nous ne parlons jamais de ce qui s’est passé », confie-t-elle les mains tremblantes.

Ses souvenirs sont rares : la mention « aucun survivant » sur un article de presse, et le SMS du compagnon de sa fille lui annonçant involontairement la nouvelle : « Catherine, je sais que ça doit être le pire jour de ta vie, mais j’ai besoin que tu appelles moi.”

Ensuite, le vide : « J’ai eu un trou complet dans les premiers mois après le crash ».

C’est à la radio que Nadia Milleron, agricultrice du Massachusetts, apprend qu’un avion s’est écrasé juste après le décollage. Elle pense immédiatement à sa fille Samya Rose, 24 ans, se précipite à l’aéroport et s’envole pour l’Éthiopie.

« Nous étions la première famille étrangère là-bas », se souvient-elle, les yeux remplis de larmes.

Dans les mois qui ont suivi, elle a eu un accident de voiture et a laissé de la nourriture brûler à chaque fois qu’elle cuisinait.

« Ce que je peux vous dire, c’est que c’était l’enfer », résume sobrement Naoise Ryan, dont les enfants avaient trois mois et demi et six mois au moment de la mort subite de leur père.

Un an après le drame, des familles se retrouvent sur les lieux en Ethiopie. Certains ont déjà pris contact, d’autres les rejoindront au fil des mois et des années.

Des liens d’amitié se nouent, un groupe naît. «C’est une bénédiction de les avoir», dit Catherine Berthet.

Mémoire

“Ces gens sont sérieux, ils veulent aller au fond des choses”, sourit timidement Ike Riffel, qui a perdu ses deux enfants de 26 et 29 ans dans l’accident.

« Cela ne nous ramènera jamais nos fils. Mais notre combat est d’obtenir justice pour eux et pour les 346 personnes qui se trouvaient à bord de ces avions”, poursuit ce retraité américain, comptant également la mort d’un autre Boeing 737 MAX, il y a cinq mois en Indonésie.

“Je ne blâme pas Boeing, je pense que c’est une grande entreprise, mais je blâme les responsables parce qu’il y a eu ces morts et ils sont toujours là”, poursuit-il. “Tant qu’ils sont au pouvoir, je ne vois pas les choses changer.”

Il espère trouver dans un éventuel futur procès une forme d’apaisement et une manière d’honorer la mémoire des disparus.

“Si cela peut permettre d’éviter d’autres décès, ma fille ne sera pas morte pour rien”, espère Nadia Milleron, candidate à un siège au Congrès américain.

« Il n’y a pas un jour où je ne pense pas à elle, à son enthousiasme, à sa joie », confie la maman, qui a planté il y a cinq ans un cerisier où sa fille aimait jouer quand elle était petite. .

« Aujourd’hui, c’est en fleurs », murmure-t-elle, la voix brisée par l’émotion.

 
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